La Presse Pontissalienne 136 - Février 2011

La Presse Pontissalienne n° 136 - Février 2011

DOSSIER

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AGRO-ALIMENTAIRE Fermeture en 1971 La crème de gruyère Gerber Autre héritage suisse disparu, la maison Gerber. Spécialisée dans les fromages fondus, cette société était implantée près de la gare où se trouvent maintenant les immeubles du Saint-Laurent.

L a proximité de la gare fait de cet emplacement un site industriel privilégié. L’histoire semble en tout cas le démontrer. C’est ici en effet que choisit de s’installer en 1897 le distillateur Édouard Pernod. Une trentaine d’ouvriers pro- duisaient 295 000 litres d’absinthe exportés dans le mon- de entier. En 1922, la Maison Gerber de Thun jette son dévo- lu sur l’ancienne distillerie pour y aménager une succursale. La société suisse est alors en plein boom. Elle détient l’exclusivité du procédé inventé en 1911 par Walter Gerber et Fritz Stetter qui permet d’allonger la durée de conservation des fromages.

Gerber est la première à com- mercialiser un fromage fondu à base d’emmental. Elle déve- loppera cette activité sur son site pontissalien où travaille- ront jusqu’à 225 personnes. Dont MarcelleThiriat. “J’ai commencé à 17 ans d’abord au condition- nement, puis à la caisserie avant de me retrouver au laboratoire où j’ai travaillé pendant 15 ans. Je m’occupais des analyses de produits” , se souvient cette aler- te octogénaire. Elle quittera l’entreprise en 1965 pour rai- sons de santé.À son grand regret car elle appréciait beaucoup l’ambiance. Le développement de l’entreprise va largement contribuer à accé-

lérer l’urbanisation du quartier des Granges. La construction du pont des Granges s’explique en grande partie par cette dyna- mique. Le site avait été rema- nié avec notamment une exten- sion à l’arrière du bâtiment principal. Il abritait également des caves pouvant contenir 14 000 meules. L’usine Gerber fabriquait toutes sortes de pâtes fondues. Notam- ment Le Petit Gruyère Nestlé. “Contrairement à ce que beau- coup pensaient, la Sopad était un gros client de Gerber et non le propriétaire de la société” , pré- cise l’ancienne laborantine. Les premières difficultés sur- viennent à la fin des années soixante. La succursale pontis- salienne cessera son activité au printemps 1971. La direction de Gerber motivera son choix. “Fer- meture justifiée pour des impé- ratifs économiques. Avec l’usine Grosjean implantée à Lons-le- Saunier, il était donc impossible de conserver dans lamême région deux unités aux productions similaires. Nous vivons (déjà) au siècle des regroupements, des fusions. Celle de Lons-le-Sau- nier disposant de bâtiments plus vastes, d’une meilleure position

L’entreprise s’était installée en 1922 dans les locaux de l’ancienne distillerie Édouard Pernod.

géographique par rapport au marché et de plus larges possi- bilités de développement a été choisie pour toutes ses raisons.” Les salariés ne seront pas reclas- sés en Suisse mais iront gros- sir les effectifs des autres entre- prises locales : C.I.T., Sopad, Gurtner, Les Tricotages, Isorel… Les locaux libérés serviront un temps de dépôt à la chocolate- rie. Ils resteront désespérément vides. Sous la municipalité Lagier, on a même songé à la possibilité de les transformer en maison des associations. L’ancienne distillerie sera démo- lie au printemps 2000. F.C.

Pionnière dans l’industrie du fromage fondu, Gerber produisait toutes sortes de pâtes molles sans croûte.

Berger fabriquait

de la crème de gruyère pour Nestlé.

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