La Presse Pontissalienne 136 - Février 2011

PONTARLIER ET ENVIRONS

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La Presse Pontissalienne n° 136 - Février 2011

PONTARLIER

Craintes d’engorgement à la gare Dédouanement : encore quelques incertitudes à déclarer

Le rapatriement des opérations commer- ciales sur Pontarlier est effectif depuis le 1er février, ce qui ne va pas sans susciter quelques craintes chez les transitaires.

“On a préféré rapatrier nos services export dans nos locaux aux Grands- Planchants car le loyer proposé sur le site S.L.B.O. nous semblait trop élevé”, explique Jean-Philippe Blondeau d’A.T.M.

I l n’y aura pas une seule et même plate-forme de dédoua- nement avec tous les opéra- teurs sur un même site, comme cela avait été envisagé à l’annonce de la fermeture des opérations commerciales fran- çaises au poste-frontière de Val- lorbe. La société A.T.M. n’a pas rejoint les autres transitaires désormais regroupés sur le site S.L.B.O. rueArago. Pas de conflit latent mais une simple ques- tion financière. “Le montant du loyer nous semblait trop élevé. D’autant plus qu’on était déjà installé aux Grands-Planchants où l’on a rapatrié nos déclarants à l’export. L’impact sur la cir- culation est identique car les camions n’entrent pas en ville que ce soit en passant chez nous ou sur le site S.L.B.O.” , justifie sans animosité Jean-Philippe Blondeau d’A.T.M. L’entreprise maintient bien entendu son bureau import à Vallorbe. Les Suisses envisa- gent aussi la fermeture des opé- rations commerciales qui seraient déplacées sur la pla- te-forme douanière de Chavor- nay. Contrairement aux Fran- çais, ils ne mettent pas la charrue avant les bœufs. “Cela évite les tensions de se retrou- ver dans une situation subie” , souligne Florent Languillaume, le directeur régional de S.L.B.O. Le transitaire pontissalien a investi dans l’aménagement de cellules louées aux autres agences à savoir : Gondrand, D.S.V. et Henriot. “Il en reste une de 150 m 2 destinée à accueillir le service commercial des douanes actuellement basé à la gare” , suggère Florent Lan-

guillaume. Un transfert est à l’étude. “On trou- verait cela très pratique pour tout le monde. Mais cette déci- sion ne nous appartient pas. C’est France Domaines qui donnera le feu vert ou pas” , confirme Serge Noé, du service de la communi- cation de la Direction Régio- nale des

A.T.M. n’a pas rejoint les autres transitaires.

Douanes. Une hypothèse qui ne déplairait pas à Jean-Philippe Blondeau. “Sinon les choses ris- quent de se compliquer au niveau du volume de trafic à la gare où devront s’arrêter chaque jour des centaines de camion pour faire viser leurs documents de transit.” Le responsable d’A.T.M. évoque d’autres problèmes en lien avec le flux import. “Le tran- sit sur Pontarlier va générer des formalités supplémentaires de 22 euros que nous ne pourrons pas répercuter à nos clients sous peine de les perdre. Second sou- ci : dans le cas d’une visite, il sera impossible pour un camion passant à 17 h 30 à Vallorbe de rejoindre Pontarlier avant la fermeture des bureaux de la douane à 18 heures Comme il sera confronté au bouchon de la Cluse, il n’aura pas d’autre solu- tion que de rester une nuit sur Pontarlier.” Et le temps c’est de l’argent dans le transport com- me ailleurs. F.C.

LA CLUSE-ET-MIJOUX Hommage à Pierre Guy Mort pour la paix en Corée Après la libération de Pontarlier, Pierre Guy aurait pu reprendre son travail à l’exploitation agricole familiale de La Cluse-et-Mijoux. Il a préféré suivre un par- cours militaire qui lui coûtera la vie, en Corée lors de la bataille de Twin Tunnels. Sa sœur, Jeanne Terraz, lui rend hommage, tout juste soixante ans après sa mort.

L e temps n’a pas altéré l’admiration que porte Jeanne Terraz à son frère Pierre Guy. Il y a tout jus- te soixante ans, le 1 er février 1951, le jeune caporal du Bataillon Français de l’O.N.U. était tué en Corée lors de la bataille de Twin Tunnels. Il avait 25 ans. Ce garçon de La Cluse-et- Mijoux faisait partie des volontaires engagés dans cette guerre qui oppo- sa jusqu’en 1953 la Corée du Nord soutenue par la République Populai- re de Chine et la Russie, à la Corée du Sud, sous influence occidentale. “C’était un battant. Il s’était engagé jeune dans l’armée. S’il n’avait pas été tué en Corée, il serait probablement parti ensuite en Algérie. Il est mort mais il a vécu la vie qu’il souhaitait. Toute sa vie il aura œuvré pour la liber- té des peuples” estime Jeanne Terraz. Avec sa sœur Anne-Marie Comte, elle a retracé le parcours militaire de ce frère, l’aîné d’une fratrie de sept enfants. Un frère qui dès l’âge de dix ans, devint soutien de famille à la sui- te du décès accidentel du père. “Il était à la ferme le matin avant d’aller à l’école. Il assumait les démarches admi- nistratives pour épauler notre maman” raconte Jeanne Terraz de quatre ans sa cadette. À 16 ans, Pierre Guy rejoint la résis- tance. Dénoncé comme détenteur

que le dévouement qu’il apportait au devoir au prix de tout ce qu’il tenait pour cher hâtera le jour où l’agression brutale disparaîtra de la surface de la terre et où les hommes libres vivront ensemble dans l’harmonie et dans la paix.” Ce courrier est soigneusement consigné dans les archives familiales. 3 200 soldats français volontaires sont partis se battre en Corée. 1 008 ont été blessés et 263 ont été tués. Le pre- mier grand conflit d’après-guerre qui engagea les premiers casques bleus aura duré trois ans et fit un million de morts au total. T.C.

pe de résistants il a participé à la bataille du Larmont. Il était agent de liaison” raconte Jeanne Terraz. Le 5 septembre 1944, jour de la libéra- tion de Pontarlier, Pierre Guy était présent. Il aurait pu en rester là, reprendre sa vie d’agriculteur à La Cluse-et-Mijoux. Mais porté par l’enthousiasme du moment, il a préféré rejoindre la pre- mière armée française conduite par le général De Lattre de Tassigny avec laquelle il ira jusqu’en Allemagne où il sera blessé à l’épaule droite par un éclat d’obus, avant d’être fait prison- nier le 3 décembre 1944. Il s’évade, mais il est à nouveau kidnappé le 24 avril 1945. La mairie de La Cluse- et-Mijoux reçoit alors un acte de décès du soldat Guy. Pour l’administration, le militaire porté disparu est mort alors qu’il est détenu en Allemagne. Libéré le 16 mai 1945, il rejoint son régiment basé sur l’île d’Elbe et embarque quelques mois plus tard pour l’Indochine où il participe à la bataille de Hué. “Il est revenu en Fran- ce en 1948 avant d’entrer dans la poli- ce à Paris” se souvient Jeanne Terraz. Rien ne l’obligeait à rejoindre le Bataillon Français de l’O.N.U. en par- tance pour la Corée. Cette ultime échappée héroïque lui coûtera la vie. Le 1 er février 1951, lors des violents combats de Twin Tunnels, alors que sa mitrailleuse est enrayée, une bal- le chinoise “lui fracasse la tête.” L’histoire a voulu qu’à cinq cents mètres de lui, le soldat Salvi originaire de Frasne connaisse le même sort. Pierre Guy fut d’abord enseveli au cimetière des Nations Unies de Tai- gut. Son corps sera rapatrié en Fran- ce sur proposition du Général Dou- glas MacArthur qui commandait les opérations en Corée, et inhumé avec les honneurs militaires au cimetière de La Cluse-et-Mijoux. Le Général américain écrira à la famille Guy à propos de Pierre : “Je suis convaincu

d’arme, il échappe de justesse au poteau d’exécution. Comme beaucoup d’autres jeunes de sa généra- tion, il était prêt à bra- ver le danger pour déstabiliser l’occupant au péril de sa vie. Le garçon a même aidé à passer en suisse un soldat alsacien, déser- teur de l’armée alle- mande, évadé des geôles de Pontarlier. “Ensuite, avec un grou-

“Il a vécu la vie qu’il souhaitait.”

Jeanne Terraz, la sœur de Pierre Guy : “Toute sa vie il a œuvré pour la liberté des peuples.”

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