La Presse Pontissalienne 134 - Décembre 2010

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 134 - Décembre 2010

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ENVIRONNEMENT Gestion des déchets France-Suisse : le match des gagnants-gagnants ? La coopération transfrontalière existe. Les Verrières en Suisse sont depuis le 1er décembre raccordées à la station d’épuration de Doubs. L’incinérateur de La Chaux-de-Fonds retraite les boues du Saugeais et de Morteau pour les transformer en électricité.

P eu à peu, des barrières se brisent et des fossés administratifs que l’on pensait insurmontables entre France et Suisse se com- blent. Prenez l’exemple des com- munes suisses des Verrières et des Bayards : elles ont choisi de se raccorder à la station d’épuration de Doubs via les canalisations des Verrières-de- Joux et moyennant une parti- cipation de 450 349 euros (envi- ron 60 % du montant final). Prenez encore l’exemple des ces cinq villages de la communau- té de communes de Montbenoît qui “profitent” de l’usine d’incinération de La Chaux-de- Fonds pour transformer et trai- ter leurs boues. “Si les dossiers sont parfois compliqués à mon- ter administrativement, pour l’exécution et la qualité de ser- vice, c’est du 100 %” commente la communauté de communes de Montbenoît (C.C.M.) qui paye 37 euros du m 3 les boues trai- tées. Au total, ce sont 100 m 3 d’Hauterive-la-Fresse,Ville-du- Pont, Montbenoît, Maisons-du- Bois-Lièvremont et La Longe-

ville qui partent en Suisse, soit 2/3 de la production. L’autre par- tie des boues - non toxiques - est dispersée sur les terrains de la C.C.M. Concrètement, les relations et coopérations structurelles fran- co-suisses prennent lentement mais sûrement forme. Le Haut- Doubs, prélude à un 27 ème can- ton suisse ? Restons sérieux d’autant que le dernier rendez- vous entre Helvètes et Français s’est soldé par un demi-échec. C’était le

frontière. Pour faire simple, la coopéra- tion ne peut exister que par inté- rêt, fût-il financier. “Au départ, nous avions lancé l’idée de coopé- rer avec les Français sous une forme de boutade mais très vite nous avons compris qu’il serait intéressant de travailler avec les Français” se souvient Jean-Clau- de Turtschy, ingénieur commu- nal à La Chaux-de-Fonds. Il y a cinq ans de cela, une déléga- tion de la communauté de com- munes de Morteau avait en effet découvert l’usine d’incinération biogaz de La Chaux-de-Fonds. Elle a demandé si elle pouvait bénéficier de l’équipement suis- se moyennant finance (comme Montbenoît). L’idée a fait son chemin, un appel d’offres a été lancé, que les Suisses ont rem- porté. Traitées, les boues de Morteau produisent de l’électricité en Suisse (vendu 0,17 euro du kW). Le résidu toxique est envoyé dans une cimenterie assurant “0 rejet dans la nature” précise l’ingénieur communal suisse. Bénéfice de taille pour les com-

Cette coopération a donné lieu à des travaux effectués entre Les Verrières suisses et françaises.

27 octobre der- nier à l’Hôtel de Région à Besançon où les deux entités ne sont pas par- venues à défi- nir une ligne commune quant à la valo- risation des déchets, sujet qui préoccupe tous les élus, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre de la

Alléchés par la diversité de nos produits.

munes françaises : elles ne sont pas obligées d’investir lourde- ment. Quant aux Suisses, ils en profitent pour faire tourner à plein régime leur installation, rentabilisant au passage leur investissement. Seul bémol, la taxe douanière sur les boues augmente : elle passe à 19,6 %, rendant le transport plus coû-

teux. Concernant la mutualisation du réseau d’assainissement entre Les Verrières et Les Bayards en Suisse et la station d’épuration de Doubs gérée par la commu- nauté de communes du Lar- mont, il est entré en fonction depuis le 1 er décembre. Elle concerne 550 foyers suisses.

“C’est une coopération intelli- gente” ajoute l’ingénieur com- munal du Val-de-Travers (can- ton de Neuchâtel). Une coopération de plus puisqu’une partie duVal-de-Travers est ali- mentée en eau potable par l’eau du lac Saint-Point. La boucle est bouclée. E.Ch.