La Presse Pontissalienne 134 - Décembre 2010

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 134 - Décembre 2010

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PROJET

8 millions d’euros De la neige de culture pour Noël… 2012 Le S.M.I.X. du

L a station de Métabief-Mont d’Or devrait pouvoir garantir des vacances à la neige d’ici l’hiver 2012. Il faudra donc patienter encore un peu et espé- rer que tout se déroule comme prévu. Avant de s’engager sur l’avenir de la station, le Conseil général souhaitait d’abord s’assurer que la population ne manquerait pas d’eau potable. Notam- ment àMétabief dont le P.L.U. était blo- qué à cause des incertitudes liées à l’alimentation en eau potable. Les pre- mières prospections remontent en juin 2009.Sans êtremirobolant,le résul- tat des forages est quandmême de natu- re à couvrir les besoins (voir l’article page 25). Restait ensuite à savoir où prendre l’eau nécessaire à la production de neige de culture ? La solution d’un pompage dans la Jougnena semble la plus pertinente d’après les conclusions du bureau d’étude Antea mandaté par le S.M.I.X. L’alternative des puits du Bief Rouge au débit plus limité n’a pas été rete- équipés sur Métabief, puis 20 autres sur les secteurs Piquemiette et Superlongevilles. Mont d’Or a validé le projet en octobre der- nier. 20 hectares seront d’abord

Après avoir jadis fourni la force motrice nécessaire au fonctionne- ment des usines métallur- giques de la Ferrière, le Grand Étang sur la Jou- gnena servira probablement de retenue pour la sta- tion de pom- page alimentant la future réserve

collinaire du col du Morond.

20 ha supplémentaires avec 14 ha sur Superlongevilles et le solde sur le sec- teur Tavins-Piquemiette. La mise en service de cette extension n’est pas enco- re programmée. Et combien ça coûte tout ça ? “Le montant global s’élève à 8 millions d’euros. 6 millions pour la première phase et 2 millions pour la seconde. Le S.M.I.X. bénéficiera d’une aide du Conseil général. On a deman- dé des subventions à l’État et à l’Europe. On compte aussi sur les collectivités locales. Le S.M.I.X. contractera les

nue. Tout comme l’éventuelle reprise des puits non protégeables àMétabief. “Il y a assez d’eau dans la Jougnena et l’impact est modéré. Même si on a de la ressource, il n’est pas question de la gas- piller pour autant” , confirme Christian Bouday. L’installation de pompage sera construi- te à la Ferrière au niveau du Grand Étang. Ce bassin artificiel servait autre- fois de retenue artificielle aux usines métallurgiques de la vallée. Le débit de pompage ne dépassera pas les 180 m 3 par heure. “Cela représente 0,4 % du débit annuel de la rivière alors que le niveaumaximal de prélèvement fixé par la loi est de 5%. On a également la pos- sibilité d’installer une micro-centrale électrique à l’aval du Grand Étang. Ce qui diminuerait de façon importante le coût du pompage.” L’eaumontera par canalisation jusqu’au col du Morond pour remplir la réserve collinaire de 100 000 m 3 à construire à cet endroit. Ce volume a été défini pour permettre trois campagnes d’enneigement de 30 cm sur 52 hec- tares à terme avec une période maxi- male de trois semaines entre deux cam- pagnes. “On aurait besoin de 240 000m 3 d’eau dans l’hypothèse d’un hiver sans neige” , précise à son tour Jean-Louis Rapy. La retenue du col duMorond cou- vrira entre 1 et 1,5 ha avec une pro- fondeur moyenne de 10 m. Au niveau des canons à neige, le pro- jet se décline en deux temps. La pre- mière phase de travaux porte sur l’enneigement de 20 ha répartis pour l’essentiel sur Métabief et plus préci- sément le secteur Berche-Familiale- Troupézy-Renard. S’ajoute aussi le rem- placement des canons déjà installés sur le front de piste en bas de Piquemiet- te. Soit un total 32 ha opérationnels à l’hiver 2012. La seconde tranche permettra d’enneiger

RÉACTION

Opposition radicale Les Verts à contre-pente François Mandil, le secrétaire des Verts du Haut-Doubs, reste toujours aussi critique sur le bien-fondé du projet de développement de la station. Arguments.

emprunts adéquats” , détaille Christian Bou- day. L’investissement est lourd. Jean-Louis Rapy précise : “Pour 1 euro investi dans la station, c’est 3 à 4 euros de retom- bées dans l’activité éco- nomique locale.” Vu sous cet angle, il n’y a guère d’hésitation à avoir. F.C.

L a Presse Pontissalienne : Êtes-vous toujours farouchement opposé à la neige de culture et pourquoi ? François Mandil : Là-dessus, notre position n’a pas changé. Tous les arguments montrent que c’est catas- trophique pour la nature. Dans ce dossier, le seul point positif est lié au fait qu’on n’utilise pas de l’eau potable. Quand on pompe de l’eau dans les rivières ou les nappes pour

pas quelques degrés en latitude supplémentaires qui vont changer grand-chose. Ce projet, c’est un gouffre financier et une catastrophe écologique. L.P.P. : La neige artificielle n’est pas une finalité en soi mais doit permettre la tran- sition vers un rééquilibrage des activités hiver-été. Cela va plutôt dans le bon sens, non ? F.M. : Il y a toujours cette sorte d’aveuglement à vouloir se retran- cher coûte que coûte sur l’hiver. On approuve quand même l’idée d’aller vers un rééquilibrage. Il n’empêche, le développement touristique du Haut-Doubs ne doit pas se concen- trer seulement sur Métabief. L.P.P. : On vous entend peu vous exprimer sur la Voie Verte. Quelle est votre position sur ce dossier ? F.M. : On approuve peut-être le prin- cipe sans être forcément d’accord sur la forme. Je préciserai ma posi- tion sur ce dossier prochainement, quand je présenterai ma candida- ture aux prochaines cantonales sur Pontarlier.

ment de bassin-versant. Avouez que ce n’est pas très naturel. L.P.P. :Vous contestez aussi le projet dans sa globalité ? F.M. : Tout à fait. On est opposé à ce modèle économique basé sur le fait de concentrer tout l’argent sur un seul site. Cela crée peut-être des emplois, mais des emplois précaires qui coûtent cher à la collectivité. On est contre les grosses infra- structures, on préconise plutôt un développement touristique diffus sur tout le territoire. Le projet de Métabief s’apparente selon moi à du tourisme hors sol générateur de quelques emplois visibles et pré- caires. Au contraire du tourisme diffus qui permet des emplois durables. Le modèle proposé par le S.M.I.X. relève du cycle d’investissement perpétuel. L.P.P. : L’argument du réchauffement cli- matique ne semble pas très fondé, du moins à moyen terme ? F.M. : Personne aujourd’hui ne maî- trise la problématique du réchauf- fement. À Métabief, on n’est pas suffisamment haut en altitude pour avoir une station alpine et ce n’est

52 hectares à terme.

produire de la nei- ge de culture, cer- tains argumen- tent qu’il n’y a aucun impact, tout repartant dans le sol. C’est faux. Un tiers du volume est perdu en éva- poration et sort ainsi du cycle de l’eau. Cette déper- dition n’est jamais évoquée par le Conseil général. En plus, en pre- nant de l’eau dans la Jougnena pour la mettre sur les pistes deMétabief, on change carré-

Zoom Le planning

“Un gouffre financier et catastrophe écologique.”

de réalisation Lʼ objectif est de mettre en servi- ce la première tranche dʼenneigement pour la saison hiver 2012-2013. Les dossiers régle- mentaires comme la loi sur lʼeau seront déposés fin 2010. Lʼéquipe de maîtrise dʼœuvre sera choisie début 2011. La consultation et le choix des entreprises devraient être déterminés à lʼété 2011 de façon à pouvoir entamer les travaux à lʼautomne 2011.

Propos recueillis par F.C.

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