La Presse Pontissalienne 134 - Décembre 2010

PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n° 134 - Décembre 2010

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LES VERRIÈRES-DE-JOUX Projet de coopération Des “pompiers sans frontières”

sur la bande frontalière P our l’instant, le projet n’est qu’embryonnaire. Il n’a pas dépassé le stade des dis-

Jean-François Jodon, maire des Verrières-

Plus qu’une idée, c’est un vrai projet de coopé- ration transfrontalière qui émerge. Français et Suisses travaillent ensemble pour voir dans quel cadre les pompiers de chaque pays pourraient, le cas échéant, intervenir sur le territoire voisin. Cette coopération permettrait sans doute d’optimiser encore l’efficacité du service de secours sur la bande frontalière.

de-Joux, a bon espoir que cette coopération aboutisse.

En cela, la commune des Ver- rières-de-Joux n’est pas un cas particulier. Comme beaucoup d’autres, elle est confrontée à la crise du volontariat chez les sol- dats du feu. “L’effectif diminue. Depuis des années, nous avons des échanges avec nos voisins suisses à différents titres. Quand on parle de sécurité, on pense qu’il peut être opportun d’imaginer un rapprochement entre pom- piers français et suisses.D’autant que nous nous sommes aperçus que les suisses avaient eux aus- si des besoins,différents des nôtres, et que nous pouvions être com- plémentaires” explique Jean- François Jodon, maire des Ver- rières-de-Joux. La coopération

a déjà eu lieu dans le secteur, mais de manière non officielle, pour lutter contre l’incendie d’une ferme par exemple. Ce fut le cas également dans les années quatre-vingt àVillers-le-Lac, où les pompiers du Locle ont été appelés en renfort pour venir à bout du feu qui ravageait l’église du hameau du Chauffaud. L’objectif serait maintenant de créer un cadre officiel pour auto- riser, en cas de besoin, l’intervention de pompiers fran- çais en Suisse et de pompiers suisses en France, lorsqu’un évé- nement se produit sur la bande frontalière. Cette coopération permettrait par exemple de rédui- re les délais d’intervention en

cussions. Mais de part et d’autre de la frontière, on partage l’idée de créer une coopération entre les secours français et suisses dans des secteurs où elle pré- sente un intérêt. La commune desVerrières-de-Joux en est un. C’est d’ailleurs dans ce village situé pile à la frontière suisse que germe ce projet. La petite agglomération d’à peine 450 habi- tants dispose d’un centre de pre- mière intervention (C.P.I.) auquel est rattachée une poignée de pompiers volontaires. Ils étaient une douzaine, ils sont moins de huit aujourd’hui.

fonction de la localisation du sinistre. Le débat s’est ouvert autour de ce grand principe qui restemain- tenant à affiner. En novembre, à lamairie desVerrières-de-Joux, une réunion s’est tenue à ce sujet, à laquelle participaient entre autres, des représentants du corps des sapeurs pompiers hel- vétiques, un élu de la commune du Val-de-Travers, et le Colonel André Benkemoun, patron du service départemental d’incendie et de secours (S.D.I.S.). “J’ai grand espoir sur ce que nous sommes en train de démarrer” déclare Jean-François Jodon. En effet, chacun semble vouloir faire preuve de bonne volonté pour que ce projet aille à son ter- me. “Nous sommes sur la même longueur d’onde” expliqueThier- ry Michel, conseiller communal

duVal-de-Travers, un territoire qui compte 250 pompiers volon- taires. Il ajoute : “Nous devons voir maintenant dans quels péri- mètres il serait possible de coopé- rer tout en respectant les critères de qualité inhérents à nos ser- vices de secours respectifs.” L’impulsion est donnée. Main- tenant, tout reste à construire. Nathalie Bertin, adjointe au maire de Pontarlier, souhaite que ce dossier aille à son terme. Elle est intervenue au départ de cette affaire en tant que médiateur, pour nouer les contacts entre Français et Suisses. “Je souhaite que l’on puisse déboucher rapidement sur un service qui fonctionne, que les gens attendent, et qui montrerait que la coopération transfrontalière est évidente.” T.C.

Patron du S.D.I.S., le colonel André Benkemoun estime que le contexte actuel peut favoriser l’aboutissement de ce projet de coopération. Réponse, fin du premier semestre 2011. “Il y a des facteurs de réussite” COMMENTAIRE La Suisse s’ouvre à l’Europe

À ce stade du dossier, le colonel André Benkemoun, patron du service départemental d’incendie et de secours (S.D.I.S.) tient à garder une certaine discré- tion. De part et d’autre de la fron- tière, les services compétents sont au travail et étudient le projet. “Fin du premier semestre 2011, nous sau- rons si une coopération est possible ou non” annonce simplement le colo- nel. Il confirme que la volonté de “construire quelque chose qui n’existait pas avant avec les secours publics suisses” est bien là. Le pro- jet qui est cours ne concerne pas seulement Les Verrières-de-Joux, mais l’ensemble de la bande fron- talière. La réflexion menée actuel- lement n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans le cadre d’un schéma global engagé en 2008 qui tient

compte de l’organisation des secours en territoire frontalier. Dans le passé, il y a eu plusieurs tentatives de rapprochement mais toutes ont échoué. Il faut dire que le contexte n’était pas le même. L’ouverture progressive de la Suis- se à l’Europe est un élément favo- rable à la coopération de nos deux pays en matière de secours. “Il y a des facteurs de réussite qui n’existaient pas il y a quelques années” estime le colonel Benke- moun. Cette question de l’organisation des secours sur les territoires fronta- liers ne se pose plus entre les pays de l’Union européenne. Grâce un protocole d’accord opérationnel, des secours français peuvent être ame- nés à intervenir en Allemagne par exemple et inversement.

Verrières suisses - Verrières-de-Joux Des échanges transfrontaliers existent déjà L acoopérationentreLesVerrières-de-JouxetlesVerrièressuissesparaîtpresque naturelle. Malgré la frontière qui les sépare, les deux communes travaillent ensemble sur un certain nombre de dossiers dʼordre technique. “Par exemple, nous alimentons en eau potable les Verrières suisses” explique Jean-Fran- çois Jodon, le maire des Verrières-de-Joux. Ces deux villages ont construit il y a trente ans une station dʼépuration commune en territoire français. Cet outil est désormais obsolète. Des travaux importants ont donc été réalisés pour que leurs eaux usées soient acheminées jusquʼà la station dʼépuration de Doubs où elles sont traitées. Les Suisses ont financé 60 % de ce projet. Des échanges plus amicaux existent également entre ces deux communes. “Le 14 juillet, c’est la musique suisse, l’Écho de la Frontière, qui vient nous jouer la Marseillaise, suivie de l’hymne national suisse, car nos voisins sont nos invités” sourit Jean-François Jodon. Le 1 er août, des élus du conseil muni- cipal des Verières-de-Joux sont à leur tour conviés à participer aux festivités en terre helvétique. Sûr quʼentre ces deux villages, une coopération des ser- vices de secours ne devrait poser aucun problème.

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