La Presse Pontissalienne 133 - Novembre 2010

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 133 - Novembre 2010

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FAUNE

Environ 150 individus dans le Jura Les marmottes du Chasseron Hormis quelques naturalistes et randonneurs, rares sont ceux qui connaissent l’existence de petites colonies de marmottes sur les sommets jurassiens, suisses en l’occurrence. Présentation.

L es curieux devront désormais patienter jusqu’au printemps avant d’aller observer ces petits rongeurs qui jouissent d’un gros capital sympathie. Quelques mar- mottons vous dérideraient les plus grincheux des montagnons jurassiens. “On sait que les marmottes étaient pré- sentes naturellement dans le massif avant les dernières glaciations. Elles n’ont subsisté que dans les Alpes et ont été réintroduites dans les Vosges, le massif Central, les Pyrénées. Ces réin- troductions sont parfois le fait des chas- seurs qui craignaient de voir dispa- raître le lièvre à défaut d’autres proies convoitées par l’aigle royal” , explique GérardVionnet qui a animé une séan- ce découverte sur le sujet fin octobre à la Maison de la Réserve à Laberge- ment-Sainte-Marie

seron (40) et la combe de la Valouse (40) sur le Mont Tendre. Ces colonies n’ont jamais fait l’objet d’un suivi scien- tifique continu. Des étudiants s’y col- lent parfois quelques années dans le cadre d’une thèse. Les informations sont donc assez disparates. Ce qui contribue malheureusement à renforcer les mystères se rapportant notamment à la dynamique des popu- lations particulièrement complexe dans le Jura. “On manque par exemple d’informations sur les dates de lâchers. Des petits groupes d’individus ont été relâchés dans les années soixante-dix à certains endroits alors qu’au Chas- seron, les réintroductions remonte- raient à la fin du XIX ème siècle.” Tous les observateurs et les notes s’accordent à reconnaître les difficul- tés de la marmotte jurassienne à se maintenir régulièrement sur un site. Tout comme elle s’installe très peu en dehors des terriers “historiques”. C’est une population qui clignote en quelque sorte. Plusieurs hypothèses circulent sur ces problèmes de colonisation. Contrairement aux Alpes et aux Pyré- nées, le massif jurassien abrite peu de vastes zones d’éboulis typiques de l’étage subalpin et qu’affectionnent les marmottes. On retrouve ce type de bio- tope seulement sur les parties som- mitales du Mont d’Or, du Chasseron ou du Chasseral. La rigueur du climat jurassien serait une cause supplé- mentaire de mortalité des jeunes au terrier. “On évoque aussi des problèmes de consanguinités. Mais rien n’a été prouvé jusqu’à présent. Il serait très intéressant de pouvoir connaître les origines génétiques des populations existantes. C’est une façon de contrô-

ler s’il n’y a pas eu de pression de lâchers qui aurait pu perturber le développe- ment des colonies autochtones” , avan- ce le naturaliste. Précision utile pour de futures obser- vations, les marmottons naissent en juillet. Ce qui laisse le temps de potas- ser le sujet. F.C.

Des marmottes sur les crêtes du Jura, peu de monde le sait.

TRANSPORT Un immense tunnel Le TransRUN est sur de bons rails

C et été, des rumeurs persistantes laissaient entendre que le projet de TransRUN était condamné, tué dans l’œuf car trop coûteux. Intox ! “Ce projet est plus que jamais d’actualité” rectifie d’emblée Pascal Vuilleumier, président de la S.A. TransRUN et chef de l’Office Cantonal des Transports. Le programme des opérations est validé, le dossier suit son cours. Il est entré dans une phase d’avant-projet. Les conclusions de l’étude seront rendues au début de l’année 2012. C’est une étape préalable à la consulta- tion de la population, qui par le biais d’une votation, sera invitée à donner son avis sur ce projet structu- rant. Si le “oui” l’emporte, ce qui est probable si l’on en La mise en service du TransRUN est prévue en 2020. À cette date, grâce à cette nouvelle liaison ferroviaire, on gagnera Neuchâtel en 13 minutes depuis La Chaux-de-Fonds.

Dans le Jura, ces réin- troductions sont le fait des Suisses. Elles s’échelonnent sur plu- sieurs décennies et dif- férents sites sans pla- nification globale. “On en trouve sur le Chas- seral, au Creux duVan, au Chasseron et sur le Mont Tendre. Dans les années quatre-vingt, un couple avait été aperçu sur France, au Crouzet plus précisé- ment. Il devait s’agir d’un lâcher inconnu.” L’effectif jurassien avoi- sine 150 à 160 indivi- dus avec les plus fortes populations sur le Chasseral (50), le Chas-

C’est une population qui clignote.

Le TransRun irriguera les montagnes neuchâteloises.

croit les récents sondages, il entrera dans sa phase opé- rationnelle (N.D.L.R. : en cas de “non”, le canton de Neuchâtel a un plan B, moins innovant mais moins coûteux, car il s’agit d’une ligne de bus). Les travaux débuteront en 2015 pour une livraison de l’équipement en 2020. À cette date, grâce à cette nouvelle liaison ferroviaire, La Chaux-de-Fonds sera à 13 minutes seulement de Neuchâtel, avec des navettes toutes les 15 minutes. La réalisation de cette infrastructure de transport en com- mun nécessite des travaux importants, dont le perce- ment d’un tunnel de 17 kilomètres entre ces deux villes. “Il y aura une gare souterraine sous le village de Cer- nier qui permettra de drainer la population du Val-de- Ruz” indique Pascal Vuilleumier. Les prévisions indi- quent que dès 2020, 13 500 personnes devraient emprunter le TransRUN chaque jour. Ce nouveau moyen de transport est une alternative à la voiture dans un contexte où le trafic ne cesse de s’intensifier entre La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel. “Il faut savoir qu’actuellement, 17 000 véhicules circu- lent chaque jour dans le tunnel sous la Vue des Alpes. C’est plus que dans le Gothard ! La différence avec ce dernier, c’est que le trafic est composé essentiellement de voitures et moins de camions, ce qui donne une impres- sion de fluidité” ajoute le chef de l’Office Cantonal des Transports. En 2020, on attend plus de 20 000 véhi- cules par jour sur cet axe. “À terme, pour absorber le trafic, il faudrait percer un second tunnel.Mais la Confé- dération nous a rappelé qu’il n’y aurait pas de moyens financiers pour un tel projet avant 2050.” Avec de telles perspectives et à une époque où les États prennent le pli du développement durable le TransRUN a donc tou- te sa place. T.C.

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