La Presse Pontissalienne 133 - Novembre 2010

ECONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 133 - Novembre 2010

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SALAISONS

Polémique Même aspect, même cheville… mais ce n’est pas de la saucisse de Morteau C et été, tout un cha- cun pouvait se pro- curer dans plu- sieurs grandes surfaces du Doubs l’étiquette. Le produit ressemble à s’y méprendre à une véritable saucisse de Morteau. Même aspect, même format et surtout même cheville. d’Exploitants Agricoles ÉCONOMIE Une filière prometteuse La fenêtre bois-alu : l’autre spécialité du Haut-Doubs Quand certains charpentiers ou menuisiers se diversifient dans la construction, d’autres s’orientent dans la fabrication de fenêtres. Un savoir-faire haut de gamme sur un marché en plein essor. L es forêts du Haut-Doubs ont tou- jours constitué un gisement d’activités à destination des La production de saucisses chevillées par des salaisonniers qui fabriquent aussi de la Morteau a provoqué la colère et l’incompréhension de tous les acteurs de la filière des barquettes congelées de “sau- cisses fumées à cuire” fabriquées Aux Produits Saugets à Mai- sons-du-Bois. C’est écrit sur La seule différence, il fallait s’en douter, réside dans le prix. La copie est vendue 5,89 euros le kg, soit au moins 30 % en des- sous du prix jugé acceptable par les producteurs. “On estime que le prix minimum est de 9 euros par kg et que la fourchette nor- male se situe entre 11 et 11,50 euros par kg” , estime Phi- lippe Monnet, le président de la section porcs à la Fédération Régionale des Syndicats (F.R.S.E.A.). Histoire de semer définitive- ment le doute chez les consom- mateurs, les barquettes de che- villées étaient bien sûr placées juste à côté des vraies Morteau. La fabrication et la commer- cialisation de saucisses che-

Cet été, on trouvait des barquettes de saucisses chevillées dans plusieurs grandes surfaces du Doubs.

villées n’ont rien d’illégal. Aux Produits Saugets n’est semble- t-il pas un cas unique. “On a déjà vu plusieurs artisans ou gros faiseurs pratiquer de la sor- te. Cela ne peut plus durer. C’est incompréhensible qu’on puisse défendre l’I.G.P., le label rouge et commercialiser même temps de la chevillée” , indique Michel Delacroix qui préside l’association A2M, porteuse du dossier I.G.P. pour les saucisses de Morteau et Montbéliard. Les producteurs comtois qui ont déjà bien du mal à boucler leur trésorerie sont forcément indi- gnés. “On considère que c’est de la triche de la part des distri- buteurs et surtout des transfor- mateurs, d’autant plus qu’ils adhèrent à A2M. Avec la sau- cisse chevillée, on ne connaît pas la provenance des porcs. De même, ellen’est soumiseà aucun cahier des charges detypeI.G.P.” , poursuit Philippe Monnet. La filière Morteau n’est pas res-

tée sans réagir face à de tels agissements. Michel Delacroix s’en explique. “L’association a décidéqueles salaisonniers adhé- rents ne commercialisent plus de saucisses dites chevillées en Franche-Comté. Si c’est en dehors de la région, le produit ne sera plus chevillé et n’aura plus un format qui puisseprêter à confu- sion. Ces décisions ont été défi- nies à l’unanimité. Elles devront être validées lors du prochain conseil Tout prête à confusion.

d’administration d’A2M” , annon- ce Michel Dela- croix. Contacté, Denis Vonin qui dirige Aux Produits Saugets avec ses deux frères n’a pas souhaité s’expliquer sur le sujet… F.C.

exploitants forestiers et des scieurs qui approvisionnent entre autres les entreprises locales de charpente-menui- serie. Le marché de la fenêtre a explo- sé depuis plusieurs années. “Cette effervescence autour de la menuiserie a été encouragée par le crédit d’impôt et le souci de réaliser des économies d’énergie dans l’habitat” , observe Denis Girardet, fabricant de fenêtres àArçon. L’entreprise Girardet, c’est l’histoire de quatre générations de menuisiers- charpentiers. Après avoir repris le flambeau en 1983, Denis et son frère Luc ont choisi de se diversifier dans la fabrication de portes et fenêtres tout en intervenant encore en char- pente-couverture. “On a amorcé le virage à partir de 1992. Aujourd’hui, la menuiserie représente plus de 70 % de l’activité. On aurait pu tout aussi bien se spécialiser dans l’escalier” , reconnaît Denis Girardet.Avec le recul, le choix de la fenêtre semble plus per- tinent. Sur le secteur de Pontarlier, trois autres entreprises du bois fabriquent des fenêtres : Girod à La Cluse-et- Mijoux, Baud à Sombacour et Tissot aux Fourgs. Si les deux premières res- tent dans une dimension familiale, Tissot menuiserie, en s’adossant à Eurofen, est devenu le premier fabri- cant franc-comtois. Une autre histoire de famille initiée en 1930 par Armand Tissot dans la menuiserie traditionnelle. La troisiè- me génération est aujourd’hui aux commandes avec Jean-Michel et ses deux cadets Pascal et François. “Tis- sot menuiserie est orientée dans les menuiseries spéciales. En clair, on fait ce que les autres délaissent, à savoir des fenêtres cintrées” , explique Jean- Michel Tissot en citant par exemple les ouvertures réalisées au nouveau conservatoire de Pontarlier. On ne s’improvise pas fabricant de fenêtres. Surtout aujourd’hui avec l’émergence de produits très techniques, de plus en plus performants et qui nécessi- tent un savoir-faire professionnel.

“On produit 2 500 à 3 000 fenêtres par an dont 70 % en bois-alu”, note Denis Girardet, fabricant de fenêtres à Arçon.

L’entreprise Girardet est plutôt tour- née sur la commande publique au contraire de Tissot menuiserie qui s’adresse aux particuliers. À chacun ses affinités. Les deux se retrouvent néanmoins dans le partage d’un savoir- faire adapté aux spécificités du Haut- Doubs. Ils fabriquent en effet des fenêtres en bois et surtout en bois-alu qui constitue la réponse la plus effi- cace aux frimas locaux. “La fenêtre bois touche essentiellement le marché de la rénovation dans les centres-villes où les immeubles sont souvent situés dans des périmètres classés avec les contraintes imposées par le service des bâtiments de France” , poursuit Denis Girardet. “Le P.V.C. représente aujour- d’hui 60 % du marché national. Il est en perte de vitesse. Le bois pèse 20 % mais stagne. Et le bois-alu avec seu- lement 5 % du marché est le seul à pro- gresser” , complète Jean-Michel Tis- sot. Les deux fabricants du Haut-Doubs n’ont pas attendu l’engouement autour des assemblages mixtes pour se déve- lopper. “On produit entre 2 500 et 3 000 fenêtres par an dont 70 % en bois-alu” , détaille Denis Girardet. L’entreprise d’Arçon emploie 16 sala- riés dont 12 uniquement pour lamenui- serie. Du personnel de production essentiellement. “On n’a pas vraiment développé de force commerciale. On fabrique pour d’autres artisans.” Une vingtaine de salariés officient chez

Tissot menuiserie qui a pris l’option d’avoir ses propres poseurs. “Cela nous apporte de la crédibilité et c’est aussi beaucoup plus facile à gérer” justifie Jean-Michel Tissot. Le principe du bois-alu n’est pas une création du Haut-Doubs même si le concept est bien développé dans la région. “On n’a fait que copier les Alle- mands et les Autrichiens.” S’inspirer est une chose, faire un produit per- formant en est une autre. De ce côté- là, les fabricants du Haut-Doubs n’ont pas à rougir de la comparaison. Ils sont largement au niveau des meilleurs que ce soit en petites séries ou sur des commandes spéciales. Denis Girardet le démontre sans difficultés. “On est capable de répondre aux exigences imposées dans les bâtiments B.B.C. On fabrique par exemple des fenêtres en triple vitrage avec un coefficient thermique UW 08.” Soit un niveau technique proche du zéro perdition de chaleur. Si le Haut-Doubs a encouragé les fabri- cants du cru à être en avance sur les autres, la région a aussi quelques inconvénients. Des soucis de livrai- son en plein cœur de l’hiver. Sans oublier les difficultés de maintenir l’effectif de production dans une entre- prise frontalière qui ne pourra jamais fermer la fenêtre à l’appel de main- d’œuvre vers la Suisse…

“Tissot menuiserie aux Fourgs s’est spécialisée dans les fenêtres cintrées que les autres ne font pas ou rarement”, explique Jean-Michel Tissot.

F.C.