La Presse Pontissalienne 133 - Novembre 2010

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 133 - Novembre 2010

23

SANTÉ

2 euros par jour “La maladie, la vieillesse conduisent à la précarité”

O n ne choisit pas la maladie. Elle frappe sournoisement et pousse parfois ceux qui sont lourdement atteints au bord de la précarité. C’est le cas de cette Pontissalienne célibataire qui, à 52

Il n’est pas rare que des gens soient amenés à quitter leur emploi pour se soigner, ou alors pour aider une personne malade de leur entourage. Deux scénarios qui conduisent parfois à la précarité.

Il devrait pouvoir coti- ser à la Sécurité socia- le, à la retraite” s’énerve Françoise qui estime que c’est l’ensemble du système social qu’il faudrait remanier. D’après cette quin- quagénaire, l’État com- me les collectivités semblent faire peu de cas des aidants fami- liaux. Pourtant, par leur investissement, ils génèrent sans dou- te des économies. Com- bien coûterait la prise en charge quotidienne de ce malade par une structure spécialisée ?

ans, souffre d’un cancer. Pour se soi- gner, elle a dû cesser de travailler. Cet- te dame perçoit encore un revenu de 1 050 euros. Mais dans quelques mois, d’après ses calculs, comme elle arrive en fin de droits, elle ne devrait pas per- cevoir plus de 700 euros nets par mois ! Et avec cela, elle devra continuer à rembourser l’appartement qu’elle occu- pe. À la souffrance physique s’ajoute donc pour cette dame l’angoisse finan- cière. L’histoire de Françoise est différente. Cette quinquagénaire installée dans le Haut-Doubs a cessé son activité pro- fessionnelle il y a plusieurs années pour s’occuper de son mari lourdement handicapé. Un “travail” à temps plein pour lequel elle perçoit au titre d’aidant familial 3,10 euros de l’heure pour 152 heures par mois. Pour avoir fait le choix d’accompagner son mari afin de l’aider à vivre dignement à son domi- cile, Françoise se voit donc attribuer une allocationmensuelle de 471 euros ! Cette pension n’est pas le seul revenu du ménage. Heureusement d’ailleurs. “Quand je fais les comptes, il nous res- te 2 euros par jour pour vivre, une fois que j’ai déduit de notre budget le rem- boursement de la maison, les impôts locaux, les impôts fonciers et les charges courantes.” Un scandale pour cette femme qui s’insurge contre le peu de reconnaissance dont bénéficient les aidants familiaux qui comme elle quit- tent tout du jour au lendemain pour consacrer leur temps à un être cher. “C’est incompréhensible que l’aidant familial soit si peu payé. Il devrait bénéficier d’une rémunération digne.

“Nous sommes toujours plus heureux.”

Quel serait le montant si des profes- sionnels ou des associations se relayaient 24 heures sur 24 à son domi- cile pour veiller sur lui ? Françoise n’a pas la réponse à ces questions mais ce qui est sûr, c’est que cette prise en char- ge dépasserait sans doute les 471 euros par mois qu’elle perçoit pour son enga- gement à temps plein. “Je ne consta- te qu’une chose, c’est que la maladie, la vieillesse vous conduisent à la pré- carité. Mon mari et moi ne dépensons rien. Cela fait deux ans maintenant que je n’ai pas flâné dans les maga- sins pour m’acheter des vêtements. Et pourtant, je ne me plains pas. Nous sommes toujours plus heureux que des gens qui n’ont rien…” Voilà ce qui s’appelle recevoir une leçon de vie. T.C.

Les gens qui se retrouvent

dans des situations de longue maladie sont souvent confrontés à la précarité financière.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online