La Presse Pontissalienne 133 - Novembre 2010

22 DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 133 - Novembre 2010

P’tit panier, grande misère Ouverte en juin 2009 aux casernes Marguet, l’épicerie solidaire a vite trouvé sa place dans le réseau d’aide sociale. Forte fréquentation et déjà un manque de place. ÉPICERIE SOLIDAIRE 400 bénéficiaires

L e P’tit Panier qui fonc- tionne depuis juin 2009 est ouvert le mardi et le vendredi après-midi. Sa création répondait au besoin de centraliser l’aide alimentaire sur la place pontissalienne. À quoi ça sert une épicerie soli- daire ? “On aide les gens à se restaurer au moindre coût. L’économie réalisée ainsi sur la

et dur. Les paniers sont alloués suivant la moyenne économique du bénéficiaire, prenant en comp- te les charges, les recettes et le nombre d’enfants. La personne paie seulement 10 % du coût réel des produits. Côté fréquentation, le P’tit Panier fait le plein. “Depuis jan- vier, on a enregistré 400 bénéfi- ciaires. Autant d’adultes que d’enfants” , souligne Martine Normand. 70 % de la “clientè- le” vient de Pontarlier et 30 % des communes alentour. Quelques chiffres sont égale- ment assez significatifs de la situation dans laquelle se trou- vent ces personnes. “Entre 65 et 70 % des bénéficiaires dépen- sent moins de 3 euros par jour pour se nourrir. 35 % sont car- rément à 0 de moyenne écono- mique.” Les familles monoparentales représentent 70 % du public

Depuis janvier, l’épicerie solidaire a distribué des paniers à 400 personnes différentes.

nourriture doit permettre de régler des dettes, des factures…” , explique Marti- ne Normand qui préside l’association. Le principe de distribution de l’aide alimen- taire appliqué au P’tit Panier se détache de l’assistanat pur

Les familles monoparen- tales repré- sentent 70 % du public.

concerné. “On est un peu à l’étroit. On aurait bien besoin d’une tra- vée supplémentaire” , lance Mar- tine Normand en montrant les piles de cartons qui s’entassent dans son bureau. Le manque de locaux associatifs au centre-vil- le ne date pas d’aujourd’hui. Pour être exact, le P’tit Panier distribue aussi de l’aide d’urgence sans condition. L’épicerie solidaire travaille en

permanence avec les travailleurs sociaux du C.C.A.S., du C.M.S. (centre médico-social)… Elle a aussi tissé des liens étroits avec les autres associations carita- tives : Emmaüs, S.O.S. futures mamans, Espace Accueil Soli- darité, S.O.S. famille…

Au de l’approvisionnement, elle béné- ficie du partenariat établi entre la Banque alimentaire et Géant Casino. “Tous les jours, on a des bénévoles qui vont récupérer diverses denrées” précise la pré- sidente. L’épicerie solidaire, on niveau

s’en doute, n’est pas un com- merce ordinaire. Les personnes y viennent aussi pour discuter, échanger, boire une boisson chau- de. “Ceux qui s’en sortent et n’ont plus besoin d’aide viennent enco- re nous saluer.” F.C.

Zoom “Je ne pensais pas en arriver là.” Liliane, nous l’appellerons ainsi, s’est retrouvée du jour au lendemain sans ressources. Elle n’a guère eu d’autre choix que de se tourner vers l’épicerie solidaire, le temps de retrouver un emploi. Témoignage. L e portable nʼest pas forcément un gadget quand on vit à la cam- pagne et quʼon cherche du travail. Sauf quʼil ne faut pas sʼéterniser en conversation. “Je n’ai pas beaucoup de crédit” , annonce Liliane en réponse à la sollicitation de témoignage sur sa galère. “Je n’ai pas beau- coup de crédit” , cette expression pourrait aussi illustrer le manque de recon- naissance de la société en général sur son sort. Habitant dans une bourgade du Haut-Doubs, Liliane a plutôt tendance à enchaî- ner les petits boulots. “J’avais trouvé un emploi de nuit que j’ai quitté pour un autre travail où il fallait être très rapide. Je n’ai pas pu aller jusqu’au bout du mois d’essai car je n’arrivais pas à suivre la cadence.” Résultat des courses : Liliane se retrouve sans travail. Ayant démissionné de son premier poste, elle nʼa pas droit au chômage. “Je suis restée pratiquement deux mois sans manger. C’étaient des moments atroces, très durs” , se souvient-elle au bord des larmes. Au pied du mur, elle finit par se rendre à Emmaüs dʼoù on lʼoriente vers le Pʼtit Panier. “Moi qui ai toujours travaillé, je ne pensais pas en arriver là” souffle-t-

elle. Elle trouve de quoi sʼalimenter et surtout beaucoup de chaleur humaine à lʼépicerie solidaire. Son projet à elle : sim- plement retrouver un emploi. La pression est terrible sans reve- nus. “On a le loyer, les assurances, les factures de toutes sortes à régler. Les banques n’arrêtent pas de vous appeler. J’ai déci- dé de garder la voiture pour pouvoir répondre aux propositions d’emploi.” Liliane est accompagnée par une assistante sociale. Elle a accepté cette aide sur lʼinsistance de ses proches. Le ciel com- mence maintenant à sʼéclaircir puisquʼelle a réintégré le mon- de du travail. Mais la sérénité nʼest pas encore de mise. “C’est un emploi à temps plein. Mais il faut régler les dettes et tout part dans les remboursements. Je cherche une activité com- plémentaire.” Elle admet que le travail, ça remonte le moral. Sans pour autant crier victoire. “Je voudrais de tout cœur sortir de la spirale de la précarité” , conclut celle qui fréquente encore le Pʼtit Panier le temps dʼéponger ses dettes.

“Je n’ai pas beaucoup de crédit.”

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