La Presse Pontissalienne 133 - Novembre 2010

20 DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n° 133 - Novembre 2010

LES RESTOS DU CŒUR Lancement de campagne le 29 novembre Des pauvres de plus en plus pauvres

Zoom Pascal, l’intermittent de la précarité La nouvelle campagne va bientôt débuter. Les Restos du cœur fonctionnent depuis 21 ans sur Pontarlier. Et rien n’indique que cela cesse.

Marie-Andrée Delgrandi, la responsable

du centre depuis 20 ans aux Restos du cœur.

C e “bénéficiaire” nʼa rien à cacher. Il connaît de temps en temps des tra- versées du désert qui le contraignent à venir aux Restos du cœur. Arrivé à Pontar- lier en 1978, il a fait tous les métiers si lʼon peut dire. Souvent par le biais de lʼintérim. Employé de quai chez Bouquerod, il a ensui-

souvent de ne pas avoir de métier. Pourtant, je suis prêt à me former pour peu qu’on m’en lais- se le temps” , indique ce bénéficiaire “fidèle” mal- gré lui aux Restos depuis 2004. Pascal garde le moral, même si ce nʼest pas tou- jours facile. Pas question pour autant de som- brer dans lʼalcoolisme ou la drogue. Les para- dis artificiels, la déchéance, ce nʼest pas vraiment pas son truc. Sa bouée de sauvetage, il lʼa trou- vée dans le cinéma. Il participe de temps en temps à des tournages de film. “J’en ai fait trois en 2010.” Pas de quoi rouler sur lʼor… Pascal tient des rôles de figurants. “Cela dure rarement plus de 4 ou 5 jours.” Une façon de mettre un peu de beurre dans les épinards et de sʼévader sans avoir à jouer son propre rôle.

te assuré la fonction de magasinier pendant 12 ans chez Schrader. “J’ai été licen- cié en 2001 à l’époque où l’entreprise traversait une cri- se.” Depuis, il vit de petits bou- lots à droite à gauche sans jamais pouvoir décrocher le poste durable. “Les employeurs me reprochent

Magasinier pendant 12 ans.

À quelques semaines de la mise en route du dispositif, on s’affaire dans les locaux des Restos du Cœur de Pontarlier. L’occasion pour Marie-Andrée Delgran- di, bénévole et responsable de la section locale, d’annoncer la collecte alimentaire dans les trois hypermarchés du bassin de vie pontissalien. Elle qui s’investit depuis 20 ans dans les Restos connaît son sujet. “On voit l’évolution des choses. Au départ, il s’agissait seulement d’aide ali- mentaire et on va de plus en plus vers de l’aide à la personne.” Les causes de la précarisation sont universelles : famille éclatée, souci d’emploi, dépression, dettes… L’an dernier, le centre de Pontarlier a distribué 33 976 repas à 200 familles environ. Si les chiffres départementaux font état

passe de l’autre côté de la barrière. Les jours de distribution correspondent aussi aux jours où les S.D.F. et les personnes les plus seules peu- vent venir partager un repas chaud. “On en a servi 550 l’an dernier” , complète Marie. La distribution des repas s’effectue en fonction de critères sociaux et financiers. Le responsable cite le cas de quelques frontaliers licenciés venus tenter leur chance mais trop “indemnisés” pour rentrer dans les critères. En 2010, le centre de Pontarlier a joué les prolongations estivales pour la première fois de son histoire. “On a fait l’intercampagne à partir du 10 mai et jusqu’à fin septembre. Ce dispositif a permis d’apporter une aide à 57 familles en grande difficulté. Les seules à pouvoir en bénéficier.” Marie constate également le très faible taux de personnes âgées qui viennent aux Restos du cœur. Sûrement le fait de ne pas vouloir franchir la porte. Outre la collecte du 29 novembre, les bénévoles vont s’approvisionner régulièrement sur Besan- çon. “Un de nos membres vit à Jougne. Il a sol- licité les supermarchés Atac et Intermarché. Les directeurs ont accepté qu’il fasse la “ramasse” en produits frais ou en couches pour bébés. Je vais essayer de mon côté de relancer les boulangers de Pontarlier qui nous donnaient du pain.” Marie a plein d’idées pour animer son centre. Elle a créé l’an dernier des ateliers coiffure, vête- ment, activités enfantines. “On fait aussi des lotos. L’ambiance, c’est primordial, tout comme l’accueil. On vient rarement aux Restos par gaî- té de cœur. Aussi faut-il être prévenant vis-à-vis de ceux qui franchissent la porte du centre pour la première fois” dit-elle.

d’une progression de 4,58 % par rapport à 2009, ce n’est pas le cas du site pontissalien. C’est le seul qui enregistre une baisse d’activité. Inexplicable d’ailleurs. En 2009-2010 : 410 adultes et bébés ont bénéficié de l’aide ali- mentaire au centre de Pontar- lier. “Il s’agit enmajorité de jeunes mamans avec enfants qui ont per- du leur emploi” , précise celle que tout le monde au centre appelle Marie. La distribution des repas a lieu le lundi et le mercredi de 13 h 30 à 17 heures Le choix du mercre- di n’est pas anodin. Cela permet de solliciter les étudiants pour venir renforcer l’équipe qui comp- te 35 bénévoles. Il arrive parfois qu’un bénéficiaire qui s’en sorte

Des jeunes mamans avec enfants.

Faute de trouver un emploi pérenne, Pascal vit de petits boulots et fait un peu de figuration au cinéma.

F.C.

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