La Presse Pontissalienne 133 - Novembre 2010

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 133 - Novembre 2010

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Bulle Imaginons un instant que la Suisse intègre lʼUnion Européenne, ou pire encore quʼelle décide suite à une gra- ve brouille diplomatique avec ses voi- sins de fermer ses frontières… Scé- nario catastrophe ou science-fiction : le Haut-Doubs, eldorado de lʼemploi et du confort matériel deviendrait ni plus ni moins quʼune région sinistrée au même titre que lʼemploi dans le Nord de la France sʼest délité au fur et à mesure que fermaient les mines et les industries textiles. La Suisse, avec ses 15 000 travailleurs frontaliers francs-comtois est désormais le prin- cipal employeur de la région, au même niveau que Peugeot à Sochaux. Avec son franc suisse puissant, son indus- trie florissante et ses salaires élevés, notre voisin représente pour le Haut- Doubs une manne vitale. Seulement, ce tableau idyllique dʼun Haut-Doubs doré, parfois bling-bling avec ses voi- tures allemandes et ses maisons haut de gamme - panoplie fréquente du frontalier dʼaujourdʼhui -, est faussé. Car la richesse du Haut-Doubs est une richesse par procuration. Bien sûr on ne dément pas que se développe et prospère un tissu industriel et com- mercial français, local, mais dans 90 % des cas il est également dynamisé par la proximité de la Suisse. Dans cette situation paradoxale se creuse un insi- dieux fossé entre la richesse appa- rente du Haut-Doubs illustrée par lʼaisance des salariés frontaliers et lʼautre facette du Haut-Doubs, moins connue et souvent cachée, car exclue de cette image dʼÉpinal de lʼopulence. Ils sont pourtant des centaines ces tra- vailleurs modestes salariés en Fran- ce, cette “minorité invisible” qui se trou- ve en décalage total avec le train de vie de ce territoire, à tel point que le fossé se creuse de plus en plus entre ces habitants-là et les autres, ceux qui passent chaque jour la frontière. Cʼest cette “face cachée” du Haut-Doubs que nous avons voulu mettre dans la lumière à travers le dossier central de ce numéro. Car à côté dʼun Haut-Doubs sous perfusion dorée de la Suisse, qui semble vivre dans sa bulle, il existe aussi un Haut-Doubs chiche, modes- te et inévitablement de plus en plus complexé par cette cohabitation inédi- te. Enfin veillons aussi à ce que la richesse matérielle du Haut-Doubs ne sʼaccompagne pas dʼune pauvreté cul- turelle croissante… J ean-François Hauser Éditorial

POLITIQUE

Claude Jeannerot face aux critiques “Si la population ne veut pas de la voie verte, alors on mettra l’argent ailleurs !” Le président du Conseil général du Doubs répond à la salve de critiques recueillies lors de l’enquête publique sur la voie verte autour du lac Saint-Point (voir aussi page 27). “On ne fait pas une autoroute !” dit-il.

L a Presse Pontissalienne : Avez- vous été surpris par le nombre de doléances recueillies lors de l’enquête publique ? Claude Jeannerot : Il n’est pas anor- mal que sur un tel projet, il y ait des réactions défavorables dans la mesure où un équipement de cet- te nature bouleversera la tran- quillité des habitants et ce, même si la voie verte est faite pour accueillir des modes doux. Il ne faut pas perdre de vue que cette voie verte qui respectera l’environnement a vocation à fai- re rayonner cette partie du terri- toire. Loin de défigurer l’environnement, la voie verte va le valoriser. Ce qui m’a surpris en effet, c’est l’outrance des propos des riverains. C’est dommage parce que les pro- pos utilisés ne contribuent qu’à tuer leur démonstration. L.P.P. : Le projet peut-il encore être modi- fié ? C.J. : Je rappelle déjà qu’entre le

Cantonales : “Je n’ai aucune inquiétude.”

moment où j’ai présenté le projet et où il a été sou- mis à enquête publique, il a été modifié, amendé, amélioré. Maintenant, il est encore temps de le fai- re progresser encore, c’est bien le but d’une enquê- te publique. Il faut se souvenir un peu des cris d’orfraie qui avaient été poussés quand mes pré- décesseurs avaient créé le sentier pédestre autour du lac, un équipement que personne ne conteste aujourd’hui. Si on se réfère à un autre dossier, la véloroute, que personne ne conteste aujourd’hui, le seul regret est ne pas l’avoir faite plus tôt. L.P.P. : Vous reconnaissez que certains arguments sont rece- vables tout de même ? C.J. : Dans l’enquête publique, il y a tout et son contraire. Certains reprochent qu’il n’y aura pas assez de parkings, d’autres affirment qu’on va trop en faire. On me parle d’un mur en béton de 8 m de haut alors qu’on s’appuie sur les falaises existantes et que l’ensemble sera totalement revégétalisé. Nous ferons en sorte que cette voie verte soit la moins blessante possible pour l’environnement. Il y a beaucoup de craintes non justifiées. Je répète ce que j’ai déjà dit : nous ne faisons pas une cen- trale nucléaire ni une autoroute. Il n’y aura aucu- ne pollution visible. L.P.P. : Existe-t-il un risque que le projet soit carrément aban- donné ? C.J. : Je vais être clair : si j’ai le sentiment que la population dans sa majorité est contre, rien ne se

Claude Jeannerot

tâtera à nouveau le pouls de la population. Il se dit surpris par certains propos “outranciers.”

fera contre son souhait. Si le niveau d’acceptabilité n’est pas au rendez- vous, je ne ferai rien. D’autres par- ties du département sont deman- deurs d’investissements. Si la population ne veut pas de la voie verte, on mettra l’argent ailleurs. Que chacun soit bien rassuré… L.P.P. : Et si les malentendus sont dissi- pés, quel est le calendrier des travaux ? C.J. : J’espère pouvoir lancer les tra- vaux sur le début de l’année 2012 pour une mise en service progres- sive entre 2012 et 2014. L.P.P. : Pour quel coût ? C.J. : Le coût sera bien de 13 mil- lions d’euros et ce, malgré le fait qu’on veuille nous faire croire que des ingénieurs sont persuadés que ça va coûter beaucoup plus cher. Qu’on me présente ces ingénieurs, je ne demande qu’à les rencontrer ! Concernant le coût, soit on envi- sage le projet comme une dépense

“Il n’y aura aucune pollution visible.”

perdue. Moi, je pense au contraire que la voie ver- te permettra de renforcer la position de Christian Bouday. Ceux qui nous reprochent aujourd’hui de mener à bien ce genre de projets sont aussi ceux qui n’ont pas eu le courage de le faire il y a dix ou vingt ans. Je suis persuadé que tout ce que nous engageons en cemoment enmatière d’investissements vient plutôt au crédit de la majorité départemen- tale. L.P.P. : Vous êtes donc confiant pour les échéances de mars prochain ? C.J. : Je n’ai aucune inquiétude. Nous avons un bilan vérifiable dans les faits. Non seulement je n’ai pas de crainte mais je suis très confiant pour renforcer le rapport de force en notre faveur. L.P.P. : Avec quels nouveaux cantons gagnables ? C.J. : Je pense par exemple à Morteau, Roulans, Pont-de-Roide ou encore Saint-Hippolyte. Je suis persuadé que nos concitoyens sauront choisir. Propos recueillis par J.-F.H.

sèche, auquel cas il ne faut pas faire cette voie ver- te. Soit on considère que c’est une dépense d’investissement et on espère un retour sur le plan économique et on envisage alors les choses autre- ment. Je le répète : la voie verte est un outil qui permettra de renforcer l’attractivité de ce territoi- re et de développer l’activité économique et donc les emplois touristiques, non délocalisables, dans un contexte où l’avenir ne repose pas que sur les emplois frontaliers. L.P.P. : Des riverains parlent de “pseudo-concertation” ? C.J. : Soit ces critiques viennent de personnes qui habitent durablement hors de la région ou alors qui sont frappées de surdité avancée pour avoir manqué les dizaines de réunions publiques que nous avons organisées. L.P.P. : Ce dossier épineux ne peut-il pas coûter le siège de Christian Bouday aux prochaines cantonales ? C.J. : Si on considère que cet équipement est une blessure pour le paysage alors oui, l’élection est

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Crédits photos : La Presse Pontissalienne, Harmonie.

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