La Presse Pontissalienne 133 - Novembre 2010

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 133 - Novembre 2010

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La proximité de la Suisse aurait tendance à nous faire oublier que dans le Haut-Doubs, tous les habitants n’ont pas des niveaux de revenus qui leur permettent d’accéder facilement à la propriété ou de vivre dignement sans soucis d’argent. Ce territoire, privilégié - tant mieux finalement - a aussi un autre visage, celui de la préca- rité. Résumer ses contours aux quelques sans domiciles fixes pré- sents à Pontarlier est un raccourci trop rapide. Ceux qui sont dans la précarité sont beaucoup plus nombreux qu’il n’y paraît. Les tra- vailleurs pauvres en font partie. Ce sont des hommes et des femmes qui ont un travail, mais dont le niveau de revenu est infé- rieur à 1 000 euros par mois. Comment joindre les deux bouts dans un Haut-Doubs où tout est plus cher, à commencer par les loyers ? Ces personnes-là subissent le revers de l’effet frontière suisse, moins doré celui-là. PRÉCARITÉ, L’AUTRE VISAGE DU HAUT-DOUBS

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SOCIÉTÉ

Moins de 1 000 euros par mois

Petit salaire, charges importantes

Il faut gratter un peu l’image dorée dont bénéficie le Haut-Doubs pour découvrir une autre réalité : celle des travailleurs pauvres.

Répartition des travailleurs pauvres par tranche d’âge en Franche-Comté Source I.N.S.E.E.

D es commerces, peu d’usines. Belles maisons, belles voitures. Caricature ou réalité ? Sans doute un peu des deux. Les per- sonnes étrangères au Haut-Doubs qui le découvrent pour la première fois sont surprises par le train de vie de ce territoire. Leurs impressions s’arrêtent sur ces signes extérieurs de prospérité qui leur donne la mesure de l’effet frontière. En Franche-Comté, 15 000 personnes travaillent en Suisse. Près de la moi- tié sont installées dans le Haut-Doubs. Ce n’est pas un scoop , le taux de chan- ge est favorable aux frontaliers qui

dants à la propriété sont les plus jeunes. 33 % ont moins de 30 ans. Ils sont 28 % dans la zone urbaine de Pontarlier et 23 % dans le secteur du Mont d’Or et des deux Lac contre 16 % à Montbé- liard apprend-on dans l’étude des notaires sur l’observatoire des mar- chés de l’immobilier publiée en sep- tembre 2010 (voir en page 8). La bande frontalière s’est taillé une réputation d’eldorado au-delà de ses frontières. Tant mieux après tout si l’on vit bien ici, même si l’on peut regretter que cette richesse ne soit pas liée directement à l’activité écono- mique propre au Haut-Doubs mais à l’essor de la Suisse qui a des besoins en main-d’œuvre. Cette réalité aux contours dorés en éclipse une autre, celle de la pauvre- té, moins prégnante ici qu’en Franche- Comté, mais elle existe sous toutes ses formes. Le Haut-Doubs a aussi ses sans domiciles fixes et ses travailleurs pauvres. Une étude de l’I.N.S.E.E. fait appa- raître que dans la région, 30 000 tra- vailleurs sont pauvres (soit 8 % des salariés contre 7 % à l’échelle du ter- ritoire national). Cela signifie que le revenu lié à leur métier est inférieur au seuil de pauvreté estimé à 880 euros pour une personne seule, et 1 900 euros pour une famille avec deux enfants.

Contrats précaires, faibles volumes d’heures, alternance avec des périodes de chômage, la pauvreté laborieuse frappe tous les âges, les 30-39 ans (23 %) comme les 50-65 ans (26 %). L’I.N.S.E.E. rapporte également qu’une femme travailleuse pauvre sur deux occupe un emploi à temps partiel. “Pour les femmes, le pic de pauvreté labo- rieuse est observé entre 40 et 49 ans. C’est également dans cettetranched’âge que la monoparentalité devient plus fréquente. Les personnes n’apportant pas de ressources financières, tels les enfants, sont à la charged’un seul reve- nu” écrit l’I.N.S.E.E. 65 % des hommes travailleurs pauvres vivent en couple. Le C.C.A.S. de Pontarlier remarque que la monoparentalité concerne aus- si de plus en plus les hommes. S’il n’existe pas de statistiques pré- cises sur le Haut-Doubs, il semblerait une fois encore que la pauvreté soit moins marquée que dans d’autres ter- ritoires. Mais les ménages qui y sont confrontés la vivent plus fortement. Eux subissent le côté néfaste de la proximité de la Suisse. Comment bou- cler un budget en gagnant moins de 1 000 euros par mois dans un Haut- Doubs où tout est plus cher, à com- mencer par les loyers ? C’est l’autre conséquence de l’effet frontière. T.C.

ont vu grâce à cela leur salaire progresser de 12 % en moyenne ces derniersmois.Àniveau de qualification égal, les revenus font appa- raître d’importants écarts suivant que l’on travaille en France ou en Suisse. Le Haut- Doubs est marqué par le rythme de la consommation qui suit finalement le pouvoir d’achat de ceux qui l’habitent. Dans le département, c’est à Morteau que les accé-

“Le pic de pauvreté laborieuse.”

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