La Presse Pontissalienne 132 - Octobre 2010

22 DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 132 - Octobre 2010

Bientôt, elles naîtront sans cornes Pour le bien-être de l’animal et soi-disant pour celui de l’éleveur, les scientifiques recherchent un gène pour faire naître les vaches sans cornes. La Montbéliarde ne devrait pas y échapper. RECHERCHE Le taureau sans cornes à la naissance

René Morel, président de la race mont- béliarde, prêt à discuter avec les agri- culteurs sur cette idée de montbé- liardes sans cornes.

T out fou le camp. Après les vaches sans cloches, bien- tôt les vaches sans cornes à la naissance, la nouvelle inven- tion de la recherche présentée en septembre lors du salon de l’élevage à Rennes. La société Créavia a fait la publicité de ses premiers taureaux sans cornes disponibles en races Prim’Hol- stein et Pie Rouge. À quand la même chose pour notre belle

dont la mission est d’améliorer la génétique de la race. Actuellement, 5 % des éleveurs deMontbéliardes font de la résis- tance en laissant les cornes bien accrochées à la tête de leurs bêtes. “C’est surtout dans le Haut- Doubs et dans les petites exploi- tations qu’il y a encore des bêtes avec des cornes. Dans les grosses exploitations, ce n’est plus pos- sible pour des raisons d’ordre pratique, de sécurité pour les vaches et pour les éleveurs !” déclare le président, visiblement pas opposé à l’idée de voir les veaux sortir du ventre sans cet héritage naturel. “Actuellement, nous brûlons les cornes vers deux mois et demi. C’est assez dou- loureux pour le veau qui n’est pas anesthésié. Il faut désormais trouver le bon gène spécifique dominant tout en restant pru- dent, car un jour peut-être trou- verons-nous un intérêt aux cornes” nuance René Morel. Pour l’heure, les agriculteurs y

trouveraient un intérêt : moins de vaches blessées, moins de stress lors de la coupe des cornes, davantage de croissance des génisses, moins d’accidents pour les agriculteurs. Si certains font figure “d’exploitations de Gau- lois” en gardant intactes les belles cornes, “c’est parce que leurs vaches sont attachées” pré- cise le président de la race. Qu’on se le dise, les nouvelles

méthodes de production tuent la race : en stabulation libre, les Montbéliardes ne peuvent en effet pas porter de cornes car leur tête ne passerait plus dans les barrières pour manger et “il y a toujours une vache qui veut

mercial. Vendre du sperme de taureau sans cornes est plus coûteux : comptez 24 euros pour une Prim’Holstein sans cornes contre 19 euros pour la même race avec des cornes… E.Ch.

faire la loi et cherche à se battre.” Finalement, la recherche ne devrait-elle pas dénicher le gène rendant lesMontbéliardesmoins agressives ? Sans doute en a-t- elle les moyens mais derrière tout cela, l’intérêt demeure com-

Montbéliarde ? “Nous en par- lons beaucoup entre agricul- teurs… Dans dix ans peut- être, les veaux naîtront sans cornes” déclare prudemment René Morel, le président de l’organisme de sélection de la race montbé- liarde (O.S.M.)

Derrière tout cela, l’intérêt demeure commercial.

POINT DE VUE

Défenseur des vaches à cornes

“Les Savoyards les adorent !” Aux Étraches, Dominique Baverel ne couperait pour rien au monde les cornes de ses bêtes. Les raisons sont multiples.

çant un guide afin qu’elles épousent la for- me voulue. Bref, cet héritage naturel demande de l’attention mais l’éleveur juge que les vaches sans cornes sont plus “excitées” que les autres. En Franche-Comté, seulement 5 % du trou- peau possède ces deux “tiges concaves” alors que la demande demar- chands de bestiaux aug- mente. Dernièrement, l’éleveur pontissalien a reçu la visite d’un acheteur venu de

À 1 000 mètres d’altitude, Créo- le et ses congénères se dégour- dissent une dernière fois les pattes avant l’arrivée de l’hiver et la rentrée à la crèche. Ces magnifiques Montbéliardes ne sont pas tout à fait comme les autres : elles possèdent des cornes ! “Et je ne les couperai pas de sitôt” coupe d’emblée Dominique Bave- rel, le propriétaire. Agriculteur au lieu-dit “Les Étraches” à la sortie de Pontarlier, l’homme lais- se les cornes “par passion, dit-il. J’ai toujours vu les vaches ainsi, alors je les laisse ! Un coup de corne n’est pas moins dangereux qu’un coup de pied alors ce n’est pas la sécurité qui m’obligera à les couper.” La plus gran- de fierté de Dominique : voir des petites cornes remonter au-dessus de la tête. Sa plus grande crainte : les voir retom- ber. Du coup, il les bichonne en pla-

Cet héritage naturel demande de l’attention.

Agriculteur pontissalien, Dominique Baverel bichonne ses vaches et leurs cornes. Une passion avant d’être une niche commerciale.

Savoie. “Je ne montre pas toutes mes vaches sinon il me les prendrait toutes (rires). Les Savoyards adorent lesMont- béliardes avec les cornes !” Ce type d’animal se monnaye-t-il vrai- ment plus cher ? “Pour les plus belles, oui” répond Dominique Baverel qui n’indique toutefois pas de prix précis. Un jour, la mode des cornes pourrait revenir !

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