La Presse Pontissalienne 128 - Juin 2010
PONTARLIER
La Presse Pontissalienne n° 128 - Juin 2010
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INDUSTRIE Ajustement de l’effectif Armstrong : faute de mieux, on se serre la ceinture Le fabricant de plafonds a engagé un plan de réorganisation à Pontarlier avec 25 suppressions de postes à la clef. Ajustement “nécessaire” estime André Boisier, le directeur de l’usine pontissalienne. Entretien.
Réaliste sur la nécessité d’adapter l’outil de production, André Boisier se montre néanmoins confiant sur l’avenir du site pontissalien d’Armstrong.
L a Presse Pontissalienne :Qu’est- ce qui justifie ce plan ? André Boisier : Armstrong est tou- ché de plein fouet par la crise qui sévit dans le marché du second œuvre du bâtiment. On a commencé à ressentir cette dégradation au dernier trimestre 2008. La capacité de l’usine de Pontarlier a été utilisée à 60 % l’an dernier. On a enregistré une chute de 30 % de l’activité par
rapport à 2008 qui était plutôt correcte. L.P.P. : La crise est toujours là ? A.B. : Effectivement. On ne voit pas de signe de reprise sur nos marchés traditionnels qui sont la France, l’Italie, l’Espagne et les pays d’Europe du sud. On a pris tout un panel de mesures depuis 18 mois mais il devenait nécessaire d’ajuster la capaci- té de production. L.P.P. : En quoi consiste cette réorga- nisation ? A.B. : Avec cette baisse de 30 % de volume, on réduirait une équipe de production, sur les 5 existantes pour ajuster la capa- cité à la demande. Les services de gestion de commandes euro- péens seraient regroupés sur une plateformeArmstrong exis- tante à Prague. Au total, cela représenterait 25 postes dont 11 au service gestion des com- mandes, et un poste planning Europe, basé à Pontarlier. L.P.P. : Jusqu’à quand vont durer les négociations ? A.B. : La procédure d’information et de consultation est engagée jusqu’à la fin du mois de juillet. On privilégierait le reclasse- ment en interne. On ferait éga- lement appel au volontariat en accompagnant les projets indi- viduels de création d’entreprise ou les départs en retraite anti- cipée. À défaut d’avoir assez de volontaires, on procédera à des licenciements économiques en proposant des mesures favori- sant la recherche d’emplois.
de Pontarlier est-elle remise en cause ? A.B. : Depuis 2005, le groupe Arm- strong a investi près de 10,5 mil- lions d’euros sur Pontarlier. Des actions qui visent à tester de nou- veaux produits sont en cours, au niveau du groupe. On devra également se montrer plus agres-
“Pas de signe de
reprise sur nos marchés.”
sif sur le plan commercial. Mais il faut déjà prendre des mesures conservatoires tout en déve- loppant et en investissant, notamment à Pontarlier, dans l’atelier laine de roche qui emploie une vingtaine de per- sonnes, soit environ 10 % de l’effectif global. On a engagé une réflexion stratégique pour voir dans quel axe on peut trou- ver des relais de croissance. L.P.P. : Ce plan ne préfigure donc en rien la fermeture du site de Pontar- lier ? A.B. : D’après ce qu’on en voit, ce n’est pas ça. Même en pas- sant à 4 équipes de production, Pontarlier reste le seul site à ce niveau. Les deux autres usines de production de plafonds en Allemagne et enAngleterre sont déjà à 3 équipes. D’autre part, on n’observe aucun signe de désinvestissement sur Pontar- lier où seront injectés 1,6 mil- lion d’euros cette année. Tout ça laisse à penser que le grou- pe ne veut pas se retirer. Tant qu’il y a des investissements, c’est plutôt encourageant. Propos recueillis par F.C.
PERSONNEL Les représentants du personnel Les syndicats dans le même bateau
L’U.N.S.A. et la C.G.T. expriment des revendications et proposent des solutions sensiblement identiques. La C.G.T. commence à montrer des signes d’impatience.
rentable” , poursuit le délégué C.G.T. Les deux syndica- listes estiment que l’évolution du mar- ché du plafond n’a pas été prise en compte par la direction euro- péenne. Cette der- nière serait passée à côté de l’essor des pla- fonds “soft”. “En réac-
Un redéploiement de la 5 ème équipe.
L a première réunion de négocia- tion s’est tenue le 27 mai. “Cha- cun a pu exprimer ses exigences et la direction donnera sa réponse le 10 juin” , note Frédéric Cuinet, res- ponsable de la section syndicaleU.N.S.A. Le premier point de désaccord porte sur la non-convocation du comité cen- tral d’entreprise qui englobe les sites de Pontarlier et d’Ivry. “Ivry étant le pôle commercial et marketing , il nous semblait mieux placé sur les questions liées au service de gestion des ventes qui représente 11 des 25 postes mena- cés sur Pontarlier.” Les deux syndicats contestent d’ailleurs le nombre de postes qui seraient selon eux de 32 en pre- nant en compte 7 postes non pourvus dans l’attente du plan. Ils remettent en cause les fondements La C.G.T. prête à la grève L e seul point de divergence entre les deux syndicats porte sur les moyens dʼaction. “On n’est pas forcément oppo- sé à l’idée faire intervenir le personnel mais on privilégie encore la table des négociations, du moins jusqu’au 10 juin. Si on n’obtient pas gain de cause, alors pourquoi pas changer de méthode ?” , observe Frédéric Cuinet. Du côté de la C.G.T., on est plus impa- tient : “Jusqu’à maintenant, il y avait seulement des assemblées générales en dehors du temps de travail. On pen- se que la mobilisation du personnel peut permettre de mettre en échec le plan” , indique Jean-Claude Marthey. Mobili- sation plus forte donc, et qui pourrait prendre la forme de grèves ou de mani- festations. Des actions pour mettre la pression sur la direction de développer une solidarité autour de Pontarlier. “Là, il y a urgence” , conclut le délégué C.G.T.
économiques du plan. “La baisse de volume d’activité est bien de 30 %. Le résultat net 2009 est de - 4 000 euros. On est donc pratiquement à l’équilibre surtout après 20 ans de bénéfices posi- tifs. La situation n’impliquait pas for- cément de prendre de telles mesures” , ajoute Jean-Claude Marthey, délégué syndical C.G.T. Si l’annonce de la suppression de la 5 ème équipe de production n’est pas une surprise en soi, ils suggèrent de redé- ployer le personnel sur les quatre autres équipes. La justification du plan s’explique aussi dans les choix straté- giques d’Armstrong. “Le groupe veut passer ses retours sur capitaux de 4 à 12%en 3 ans.Ils font des coupes franches y compris dans la plus petite branche, celle des plafonds qui est aussi la plus
tion, Armstrong s’est engagé sur le cré- neau des plafonds laminés produits à Munster. Ils n’arrivent pas à satisfai- re la demande. On pense qu’il faudrait adapter l’outil de production de Pon- tarlier pour fabriquer ce type de pro- duits. Cela permettrait de maintenir les effectifs en l’état et de faire face à une nouvelle reprise” , avance Frédéric Cuinet, convaincu qu’il y a encore une carte à jouer au niveau production avec le redéploiement de la 5 ème équipe et le maintien de deux postes administra- tifs. F.C.
L.P.P. : La capacité d’innovation du site
Les représentants syndicaux Frédéric Cuinet (U.N.S.A.) et Jean-Claude Marthey (C.G.T.) sont globalement sur la même longueur d’onde.
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