La Presse Pontissalienne 128 - Juin 2010
DOSSIER
La Presse Pontissalienne n° 128 - Juin 2010
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POLLUTION Pêcheurs et syndicat Loue : la lenteur de l’état pointée du doigt La pollution de la rivière vire au problème de santé publique au point que la consommation de poissons est déconseillée. Faut-il encore boire l’eau ou se baigner ? éléments de réponse.
“N otre eau est bonne : ce n’est pas du poison ! La phrase lâchée par le président du Syn- dicat des Eaux de la Haute Loue se veut rassurante après que des analyses inquiétantes aient révé- lé la présence de cyanobactéries et de neurotoxines dans cette rivière de première catégorie. 80 % de la population piscicole est morte. Selon le président Émile Viennet, les 50 000 clients livrés en eau potable des secteurs de Valdahon, Ornans, Pontarlier, Fournet-Luisans, San- cey-le-Long n’ont “aucune” crainte à avoir pour leur santé car l’eau pompée “ne vient pas de la Loue mais des nappes souterraines de
Lods et Montgesoye.” Les bisontins de l’Ouest - dont l’eau est pompée directement dans la rivière à hau- teur de Chenecey-Buillon - ont plus de soucis à se faire, leur station ayant été arrêtée “par mesure de précaution” avant de reprendre. Bref, c’est l’Arlésienne voire le mys- tère autour de cette pollution dite
“C’est au préfet de décider” répond Maurice Demesmay, président du Syndicat Mixte de la Loue dont le téléphone ne cesse de sonner. Pro- blème : il n’a pas de réponse tran- chée à donner tout comme l’Office de tourisme d’Ornans d’ailleurs qui ne cache pas la vérité aux touristes. Avec la Fédération Départemen- tale de Pêche, le syndicat de la Loue fut le premier en avril à tirer la sonnette d’alarme en commandant des analyses au laboratoire de Poli- gny spécialisé dans l’halieutique et celui de Limoges, spécialisé dans les cyanobactéries. Le prix des ana- lyses n’est pas encore connu mais les résultats inquiétants ont fait office d’un pavé dans la marre si
bien que la Préfecture du Doubs a demandé à l’Agence Régionale de Santé (A.R.S.) de compléter ces pre- miers résultats. Aujourd’hui il est difficile de se pro- curer les résultats des études. Ce flou sème le trouble. “On nous pro- pose des réunions en septembre mais j’ai peur que ce soit pour laisser retomber la pression. Il faut aller vite” dit le président du Syndicat Mixte de la Loue. Le guide de pêche Philippe Batlogg a lui cessé de proposer des stages aux touristes. De son côté, le res- ponsable de l’Hôtel de France à Ornans a envoyé au Conseil géné- ral un dossier de clients ayant annu- lé leurs réservations en raison de
la pollution. Un coup dur pour ce professionnel qui posséde un par- cours privé réservé à ses clients. Venus de Liège en Belgique, trois pêcheurs se montraient déçus. “On a pris cinq truites à trois en une semaine ! Si on vient de Belgique c’est parce qu’il n’y a plus de pois- sons chez nous. On espère que ce ne sera pas identique ici.” Il faudra en tout cas des années pour que la Loue panse ses plaies. Problème : les autres rivières sont également malades à l’image du Dessoubre, du Doubs ou du Lison. Le Drugeon - situé sur le plateau - semblerait épargné. Jusqu’à quand ? E.Ch.
Jean-Marie Conche, président de l’association de pêche de Montgesoye : “nous avons perdu beau- coup de truites mais il reste des truitelles.”
“multifactorielle” car engendrée par les engrais, les produits phytosanitaires et l’étiage de la riviè- re. Les maires de la vallée s’interrogent : doivent-ils prendre des mesures inter- disant la baignade ?
“Au Préfet de décider !
Plainte Des risques pour la peau L a Commission de Protection des Eaux de Franche-Comté (C.P.E.) porte plainte contre X et se constitue partie civile pour destruction de faune aquatique, atteinte au milieu, pollution “et toutes autres infractions qui seront mises en évidence dans cet- te affaire” précise-t-elle. Le Tribunal de Grande Instance de Besançon est saisi de lʼaffaire. Lʼassociation prie “instamment le Procureur de la République de bien vouloir diligenter rapidement des investigations sur les origines de cette désastreuse affaire.” Dʼautres vont porter plainte comme le guide de pêche Philippe Batlogg et peut-être la Fédération de Pêche du Doubs ainsi que des associations de riverains. La cellule interrégionale dʼépidémiologie de Bourgogne - Franche-Comté révèle une concentration importante en cellules algales de cyanobactérie. On parle aussi dʼalgues bleues. Les résultats de prélèvement sont inquiétants avec près de 205 000 cellules en fond de rivière avec un pic à 1 814 356 par millimètre dans une analyse de sédiments. “Ces algues peuvent tuer les poissons soit un créant un déficit d’oxygène, soit en les intoxi- quant.” Des responsables ? Le développement des cyanobactéries trouve sa source dans la pré- sence excessive de phosphore. Ce phosphore peut provenir de rejets dʼélevages agri- coles, y compris piscicultures, ou dʼeffluents résiduaires urbains. Les risques pour la santé Lʼhomme est sensible aux toxiques hépatoxiques, neurotoxines ou dermatoxiques. Le foie, le système nerveux et la peau peuvent être touchés. Le Doubs touché à Goumois Des truites avec des tâches blanches sur le dos ont été aperçues dans le Doubs “Fran- co-Suisse”. Le Dessoubre est lui aussi sous surveillance. La suite Les activités de canoë sont maintenues mais la baignade devrait être interdite.
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Ce pêcheur belge achète des mouches préparées par l’Hôtel de France d’Ornans. Il se montre désabusé tout comme le gérant Stéphane Vincent (à droite).
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