La Presse Pontissalienne 128 - Juin 2010

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 128 - Juin 2010

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CHAFFOIS

Un dépotoir emblématique

Nouvelle exploration du gouffre de Jardel cet été Le trou de Jardel déchaîne les passions.

Il semble opportun de remettre à jour les études effectuées au fond de la plus emblématique décharge du Haut-Doubs.

L’objectif de la prochaine exploitation consiste, entre autres,

à vérifier l’état de dégradation des obus (photo Barth/Reilé).

D’autres interrogations se posent sur le gouffre-poudrière et notamment sur l’état de dégradation des obus. Une réunion va se dérouler le 9 juin en sous-préfecture de Pontarlier en pré- sence de tous les services, collectivi- tés concernées par le sujet. “Il s’agira de définir un programme comprenant la fin de la dépollution des Loutons, l’identification des dynamiques d’écoulement entre Jardel et la Loue. Il est important de connaître précisé- ment le niveau exact de corrosion des obus, de pouvoir identifier au besoin des traces des molécules de dégrada- tion d’explosifs. Des recherches seront aussi réalisées au service historique de la Défense pour vraiment savoir la quantité et la nature de ces obus.” L’opération sera pilotée par les démi- neurs de la sécurité civile. L’exploration proprement dite est prévue pour l’été 2010 d’après les services de la préfec- ture. Jardel sera-t-il débarrassé un jour de son funeste dépôt de muni- tions ? Impossible de répondre vu l’ampleur du chantier, la nature de ces déchets et les conditions d’intervention. Sans oublier les risques d’aller remuer un tel dépotoir qui n’a pas donné de gros signes d’inquiétude depuis près d’un siècle. F.C.

Zoom Dolines et gouffres en perdition

La coloration effectuée aux Loutons en octobre dernier confirme que les gouffres et dolines du secteur font partie du bassin d’alimentation de la source secondaire de la Loue (photo Rias/Reilé).

Les membres de la liste conduite par l’homme du Territoire- de-Belfort y croient dur comme fer.

C ette cavité de 125 m de profondeur a longtemps servi de charnier aux habi- tants de Chaffois et des villages alentour. Pendant la guerre de 1870, près de 1 500 ani- maux morts du typhus sont jetés dans ce gouffre. Rien de plus normal à cet- te époque. En 1886, le docteur Larmet, chef du Service Sanitaire Départe- mental regrette même que l’on ne pro- fite pas de la présence de ce gouffre béant pour y “balancer” les vaches malades du charbon. Il reviendra sur ses positions après les observations du professeur Fournier, l’un des premiers à explorer Jardel en 1901. À l’aide d’une coloration, ce scienti- fique démontre que les eaux du gouffre ressortent enmoins de 24 heures, 11 km

de 75 à 240 mm de diamètre sont remontés. “Ils ne sont pas considérés comme des munitions mais comme des déchets industriels car il s’agit en fait d’un stock d’obus qui présentent des défauts et qui n’ont jamais été trans- portés au front. Ces obus sont donc tous de la même nature. Ils sont chargés avec de la mélinite. C’est l’explosif le plus utilisé dans la fabrication des obus pendant la guerre 14-18. Certaines rumeurs laissent entendre qu’ils contien- draient de l’ypérite ou “gaz moutarde”. C’est faux” , explique Pascal Reilé, hydro- géologue qui connaît particulièrement bien le dossier Jardel. Celui qui est aussi le directeur du cabi- net Reilé a réalisé une autre colora- tion de Jardel qui affine les résultats de Fournier. “Ces travaux ont été menés dans le cadre de la réhabilitation des décharges sauvages sur le territoire du S.M.E.C.O.M. La coloration a mis en évidence l’existence de deux sources à la Loue.” Cette découverte a été confir- mée en octobre dernier lors de la dépol- lution des gouffres des Loutons situés à 1,5 km environ de Jardel. Quatre tonnes de déchets classe 2 et 5,5 tonnes de ferrailles ont été sortis de ces gouffres. Une reconnaissance par traçage des circulations souterraines à partir du premier gouffre des Loutons prouve que le plateau qui constitue le sous- sol de Chaffois fait partie du bassin d’alimentation de la source secondai- re de la Loue. “On n’a pas eu l’autorisation de placer des fluo-cap- teurs à Jardel pour vérifier les échanges avec les Loutons.”

L e nettoyage des Loutons sera très certainement reconduit à lʼautomne prochain par le Comi- té Départemental de Spéléologie pour achever la dépollution du troisième gouffre. Cette opération très média- tique a permis de revenir sur la pro- blématique des dolines ou gouffres encore utilisés comme décharges.

Cet affleurement rocheux est encore utilisé comme décharge. Il n’y a pas que des déchets verts ou inertes. “Beaucoup contiennent des balles de foin et des ferrailles.Visuellement, c’est affreux.Mais on est plus dans le domai- ne de la dégradation paysagère car ce type de déchets a peu d’impact sur l’environnement et la qualité de l’eau” , précise Pascal Reilé sans pour autant encourager ce type de comportement qui nʼa plus aucun sens.

plus loin, à la source de la Loue. En 1923, 3 000 tonnes d’obus en pro- venance de l’artillerie française y sont déver- sées par wagons entiers. Plus personne ne se soucie du devenir de ce monstrueux dépôt de munitions jusqu’en 1972. Suite à une dénonciation, l’administration se réveille. Une première inspec- tion du dépôt est effec- tuée en 1973 par la pro- tection civile avec l’aide du spéléo-club du CA.F. de Pontarlier. 17 obus

Une source secondaire de la Loue.

En octobre dernier, deux tas de terre végétale rapportée sont déposés en fond de doline, favorisant ainsi son comblement. Ces pratiques sont préjudiciables à l’environnement. Les dolines sont en effet des lieux privilégiés pour la biodiversité locale et régionale.

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