La Presse Pontissalienne 127 - Mai 2010

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 127 - Mai 2010

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PONTARLIER 300 à 500 visites hebdomadaires Le blogueur préféré des amateurs de vins “Olif”, c’est Olivier Grosjean. Ce gynécologue pontissalien est aussi un dégustateur averti qui partage sa passion des vins avec humour et sincérité sur la toile.

O n n’attire pas 300 à 500 visi- teurs par semaine sur un blog par hasard. Surtout quand on choisit d’évoquer un sujet com- me le vin. Mieux vaut avoir un juge- ment éclairé comme cela semble être le cas d’Olivier Grosjean. “Olif”, son blog, a remporté en 2007 le “Wine Blog Trophy” dans la catégorie des blogs amateurs au salon des vins de la Loi- re. De quoi conforter une notoriété jus- tifiée qu’il apprécie avec toute la séré- nité d’un dégustateur amateur et qui tient à le rester.

Avec son blog “Olif”, Olivier Grosjean se pose en grand défenseur des vins pas forcément renommés mais qui échappent à la standardisa- tion gustative.

2000 pour participer à des forums de dégustation. “On finit par s’en lasser car les commentaires tombent vite dans la vulgarité, à la limite des insultes qui n’apportent rien au débat” dit-il. Avec l’arrivée des blogs en 2005, Oli- vier trouve un support qui correspond mieux à son goût de l’écriture. Il figu- re même parmi les précurseurs à lan- cer un blog amateur. “C’est un outil très facile à mettre en œuvre et qui ne nécessite pas des compétences infor- matiques très pointues. Je ne l’utilise pas pour m’enrichir mais pour essayer d’avoir une petite notoriété parmi les amateurs.” Avec le succès, Olif finit par agacer les professionnels du vin dont les blogs n’ont pas le même retentissement. “Ce n’est pas du tout mon objectif car je propose une approche complémentai- re” argue le médecin. S’il revendique sa liberté d’expression, Olivier Gros- jean estime présomptueux de parler d’objectivité en matière de vin. C’est même impossible selon lui. Il aspire humblement à être le plus proche dans la découverte du produit en prenant en compte tout ce qui peut s’y ratta- cher. Le goût bien sûr, mais aussi le terroir, la géologie, les pratiques cul- turales, la méthode de vinification. “La

vérité d’un vin se reflète dans les yeux du vigneron” pense l’amateur. Olivier Grosjean privilégie dans ses billets des descriptions accessibles, teintées d’humour, loin du jargon spé- cialisé parfois “imbuvable” aux yeux des non-initiés. Quand certains dénon- cent l’esprit individualiste des blo- gueurs, lui y voit davantage une notion de communauté. “On est chez soi sur son blog. Pour moi, c’est un vrai moment de détente.” Au fil des visites dans les chais, des lectures et des dégustations, il enri- chit ses connaissances et affine son jugement qui gagne ainsi en crédibi- lité. Les grands crus incontournables n’ont plus forcément sa considération. Il leur préfère des vins naturels, peut- être plus difficiles d’accès mais qui ont encore la capacité de l’étonner. “On se surprend avec des cépages anciens qui survivent uniquement grâce à la per- sévérance d’une poignée de vignerons.” Olivier Grosjean se réfère par exemple au vignoble de Savoie qui recèle enco- re quelques perles pour peu qu’on s’en donne la peine. Le Jura est aussi un paradis pour ce chasseur de produits non standardisés. Il s’identifie volon- tiers à cette description de l’œnologue Jacques Puisais : “Petit ou grand, un

Son attrait pour le vin débute avec l’idée clas- sique de se faire une cave. Originaire de San- cey-le-Grand, étudiant à Besançon, ce “terroi- riste hédoniste juras- sique” comme il se qua- lifie lui-même va d’abord concentrer son atten- tion sur les vins du Jura. Il élargit ensuite son champ gustatif aux grands vignobles fran- çais. Poussé par l’envie d’échanger, il profite de l’avènement d’Internet au début des années

Un “terroiriste hédoniste jurassique.”

bon vin a la gueule de son pays et les tripes du bonhomme qui l’a fait.” De là à penser qu’Olif se pose en défen- seur des petits vignobles injustement méconnus, il n’y a qu’un pas. “On m’identifie souvent comme un spécia- liste des vins du Jura ou de la Suisse voisine. C’est en partie vrai, même si ma curiosité gustative ne se limite heu-

reusement pas à ces seuls vignobles proches de chez moi.” Le rustique et l’authenticité au sens viticole du terme n’ont pas de frontiè- re. C’est juste une histoire d’hommes, de terroirs et de blog libre d’esprit. F.C.

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