La Presse Pontissalienne 127 - Mai 2010

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 127 - Mai 2010

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ENVIRONNEMENT Une pollution qui arrive au mauvais moment La Loue n’a plus la pêche Des pêcheurs réclament la fermeture définitive de toutes les activités sur la Loue suite à une pollution. Certains ont-ils eu un intérêt économique à minimiser la crise écologique ? Polémique.

Pour Ornans, berceau de la pêche à la truite, cette pollution arrive au plus

L a rivière rendue célèbre par Gustave Courbet affiche un triste tableau depuis fin avril. La Loue qui coule au niveau de Vuillafans jusqu’à Chenecey-Buillon voit son bleu limpide tâché par le ventre blanc des poissons morts flottant à la surface de l’eau. Truites et ombres se ramassent

à la pelle. “Pourquoi pêcher dans une rivière vide ?” se demande un disciple de Saint-Pierre. Les secteurs de Mouthier-Haute- pierre et Lods seraient en revanche épargnés par cette pollution massive dont l’origine n’est pas encore identifiée. Un énorme coup dur pour cette val- lée qui vit de mai jusqu’à sep- tembre de la pêche. Restaurants, chambres d’hôtes, campings, lots privés de pêche, détaillants, tous se retrouvent aujourd’hui embarqués dans le même bateau. Problème : per- sonne ne donne le même cap pour sortir de ce remous. Gui- de de pêche professionnel, Phi- lippe Batlogg estime “qu’il faut interdire la pêche du moment où les résultats des études ne sont pas encore connus. On sait que les salmonidés meurent car ils sont remplis de mycoses. Si on continue à pêcher, on va tuer le peu qu’il reste.” Une fermeture de la pêche aurait une conséquence sur toute l’économie. Faut-il interdire les autres les activités halieutiques (canoë-kayak, baignade) ? Cet- te décision semble peu probable. “Ce genre de phénomène a déjà eu lieu en 1976, 1983 et 1995 et à chaque fois la rivière s’y est faite. Il faut attendre les résul- tats avant de prendre une déci- sion” répond Xavier Vincent - responsable de l’Hôtel de Fran- ce qui n’est (pour le moment) pas d’accord avec une fermetu- re définitive de la pêche. Son établissement réalise 15 % de son chiffre d’affaires entre mai et juin grâce aux pêcheurs. Réunis en table ronde pour sau- ver le patrimoine piscicole, membres du conseil supérieur

de la pêche et ser- vices de l’État (Offi- ce national de l’eau et desmilieux aqua- tiques) n’ont pour l’heure pas de solu- tion. “Il y a long- temps que l’on tire la sonnette d’alarme. Ils ont préféré attendre de dévoiler le problè- me pour ne pas inquiéter les pêcheurs qui ont déjà réservé des séjours” estime un pêcheur. La fédé- ration de pêche du Doubs n’est pas de cet avis : “Dès que nous avons eu

mauvais moment.

“Aleviner n’est pas une solution.”

GILLEY

21 tonnes de Morteau Le Tuyé du Papy Gaby

change de main

connaissance de cette mortali- té, des prélèvements ont été effec- tués. La pollution est localisée en amont d’Ornans jusqu’à Rurey. La maladie n’est pas transmissible à l’homme mais il est certain qu’il faut ouvrir les yeux quant à l’état de la riviè- re” explique Christian Rossi- gnon, hydrobiologiste à la fédé- ration de pêche du Doubs. Des lots privés de pêche remé- dient à cette mortalité en ale- vinant des truites d’élevage. Cela ne fait qu’attiser la colè- re : “On ramène des truites arc- en-ciel qui vont tuer celles de souche soit en les dévorant ou en donnant d’autres maladies” ajoute ce passionné de pêche. Même les pêcheurs ne semblent pas sur la même longueur d’onde. Considérée comme l’une des plus belles rivières de Fran- ce en matière de pêche à la mouche, la Loue est en danger. E.Ch.

C hangement de main auTuyé du Papy Gaby. La transition avec Jean-François Nicolet, installé à Dommartin, se fera sans rupture et dans l’esprit de la maison. Cette conti- nuité, Claude et Gérard, les co-gérants, tenaient beaucoup. Pas question de dilapider l’héritage paternel au pre- mier venu, fut-il au plus offrant. “On a été pas mal sollicité. Certains étaient même prêts à racheter uniquement la marque commerciale. On cherchait un repreneur appréciant les produits régio- naux et qui souhaite s’investir dans le développement de la société” , explique Gérard Marguet. Claude et Gérard Marguet ont trouvé avec Jean-François Nicolet, un candidat prêt à assurer un avenir serein et prometteur à l’entreprise familiale.

L’aîné des deux fils de Gabriel Mar- guet, alias Papy Gaby, avait d’abord succédé seul à son père en 1986 avant d’être rejoint par son frère Claude en 1991. Gérard arrive à l’âge de la retrai- te, son cadet s’en rapproche. D’où ce souci de transmission qui les anime. À défaut de candidat dans l’entourage familial, le choix s’est donc porté sur Jean-François Nicolet. Cet habitant du Haut-Doubs exerce déjà dans l’agro-alimentaire et plus précisément dans la vente de maté- riel de fromagerie. “Il rentrait bien dans lemoule. Il va apporter une dimen- sion commerciale qui n’existait pas jusqu’à présent” , poursuit GérardMar- guet. L’affaire est pratiquement conclue. Elle intègre la reprise de l’équipe actuelle, à savoir les quatre perma- nents et trois saisonniers. Les deux co-gérants actuels passeront au régi- me salarial, le temps d’accompagner ce passage de témoin en douceur. Qui ne connaît pas ou n’a pas enten-

du parler du Tuyé du Papy Gaby ? 50 000 visiteurs passent chaque année dans ce haut lieu du patrimoine com- tois dédié aux salaisons duHaut-Doubs qui revendique aussi clairement son appartenance à la République du Sau- geais. Le tuyé du Papy Gaby, où l’on fabrique par exemple 22 tonnes de saucisse de Morteau chaque année, cultive les paradoxes dans la filière des salaisons. 96 % de la production est vendue sur place et essentielle- ment en été. Étonnant pour une spé- cialité censée se consommer plutôt quand il fait froid. Le repreneur aura donc tout loisir de positionner davan- tage le tuyé du Papy Gaby sur le cré- neau hivernal. Ce qui en dit long sur le potentiel de la Morteau du Papy Gaby. L’appellation est légale. “Avec l’I.G.P., on a tout à fait le droit de per- sonnaliser les étiquettes” , conclut Gérard Marguet.

L’eau potable en question Pas d’eau pour les Bisontins L e premier week-end de mai, les Bisontins de lʼOuest (quartiers de Planoise, Tilleroyes) nʼont pas bu lʼeau de la Loue. En raison dʼun risque de pollution et par mesu- re de précaution, la station de traitement dʼeau de Chene- cey-Buillon a été arrêtée sur demande de lʼOnema. Ce sont celles de la Malate, Thise et Chailluz qui ont pris le relais. “Nous avons pris cette décision suite à un incendie dans un han- gar agricole à Busy contenant des engrais” expliquait Christophe Lime, adjoint chargé de lʼeau et lʼassainissement à la ville de Besançon. Pour beaucoup, lʼargument de lʼincendie nʼest pas le seul choix qui a motivé cette décision mais ferait suite à la pollution. Lʼadjoint réclame un Grenelle de La Loue : “Il faut que tous les acteurs de l’environnement, de la pêche… se mettent autour d’une table pour traiter le problème de la pollution.” Le dernier taux de P.H. relevé vers Chenecey avoisine les 8,8. Un chiffre anormalement élevé.

F.C.

Gérard et Claude Marguet ici autour de l’automate du Papy Gaby, cherchaient un candidat fidèle à l’esprit de l’entreprise.

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