La Presse Pontissalienne 127 - Mai 2010

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

La Presse Pontissalienne n° 127 - Mai 2010

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Raymond l’ouvrier, Thomas l’apprenti,

MONTFLOVIN La clef magique Un “tuyé” tout neuf

Joël et Patrick Mougin, il ne manque plus que Steve pour la photo de l’équipe Mougin-Croff.

reconstitué à l’ancienne Du caviar pour l’entreprise Mougin-Croff de La Longeville qui s’est régalée dans la rénovation complète d’un tuyé construit à l’intérieur d’une ferme de Montflovin.

C ertains répugneraient à entreprendre ce type de chan- tier aussi salissant qu’intéressant à concevoir sur le plan technique. Chez les Mou- gin, c’est plutôt le contraire. “Les

vieilles fermes, on aime ça” , recon- naît PatrickMougin, associé depuis 31 ans avec son frère Joël aux com- mandes de l’entreprise qu’ils ont créée à La Longeville. Les frères qui viennent d’intégrer

un troisième associé en la per- sonne de Steve, le fils de Joël, ont appris le métier avec leur père char- pentier en rénovant des dizaines et des dizaines d’anciennes fermes comtoises. Au fil du temps, ce mar- ché s’est forcément réduit. Patrick et Joël ont transposé le savoir-fai- re sur des constructions plus contem- poraines notamment avec ce modè- le de fermette qui fait la notoriété de l’entreprise. “Dans l’ancien com- me dans le neuf, on procède dans le respect des traditions. On privilé- gie par exemple toujours du bois de haute altitude coupé à la bonne lune” , précise Joël Mougin. Mougin-Croff dispose pour ce fai- re de sa propre scierie. Cet outil lui permet notamment de scier des débits jusqu’à 15 m de longueur. Les trois dirigeants ne se font pas prier dès que l’occasion d’un chan- tier à l’ancienne leur est soumise. Le tuyé de la ferme de Montflovin souffrait non pas trop de l’usure du temps mais plutôt d’infiltrations récurrentes qui ont fini par dété-

riorer toute la structure en bois. Conséquence : obligation de recons- tituer en totalité la pyramide de 8 m de haut. C’est en tout cas le souhait du propriétaire qui ne vou- lait que sa ferme soit orpheline de sa cheminée si caractéristique. “Cela représente une semaine de travail pour une équipe de quatre char- pentiers” , avance Patrick Mougin en intégrant bien sûr l’inamovible Maurice, l’ouvrier fidèle à l’entreprise depuis une vingtaine

planches servant à l’entourage. La clef, assemblage de quatre chevrons, ceinture ensuite la cheminée à mi- hauteur. “Elle coulisse vers le bas quand les planches sèchent, ce qui permet de maintenir la structure en place” , explique Joël. La partie extérieure de la cheminée est en cuivre, recouverte par deux van- taux. 4 m 3 de bois ont été utilisés pour ce nouveau tuyé également composé de 100 m 2 de planches. En bons spécialistes, Patrick et Joël Mougin ne manquent pas d’apprécier aussi les spécificités de la charpente qui supportent depuis deux siècles la toiture de l’auguste bâtisse. “On se demande parfois comment les anciens arrivaient à de telles prouesses. Ils étaient vrai- ment très forts dans les assemblages. C’est plus approximatif par contre dans les équerrages.” Anciennes ou pas, ces techniques n’ont plus rien à prouver question longévité. F.C.

d’années. À ne pas oublier aussi Tho- mas, l’apprenti qui fait ses gammes en de bonnes mains. Après le démonta- ge, les quatre pièces maîtresses ont été remplacées à chaque angle du tuyé. Cha- cune comprend une rainure dans laquel- le sont emboîtées les

“Les vieilles fermes, on aime ça.”

Avant, après. À cause des infiltrations d’eau, l’ancienne structure en bois était à remplacer. Le résultat de la rénovation est spectaculaire.

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