La Presse Pontissalienne 127 - Mai 2010

La Presse Pontissalienne n° 127 - Mai 2010

20 DOSSIER

TENDANCE

La crise ne change rien Le Haut-Doubs est l’agence intérim de la Suisse Fédéré en Task-Force, les acteurs publics et économiques franc-comtoises travaillent pour parvenir à donner au Haut-Doubs un statut tel qu’il puisse enfin rivaliser avec la Suisse. L’Europe est interpellée, des solutions fiscales sont envisagées.

L a crise n’a pas modifié l’énoncé du problème qui se pose auHaut- Doubs en tant que territoire fron- talier. “Au contraire, elle ne fait que le confirmer. Les paramètres de fond n’ont pas changé” estime FrançoisMaziè- re, directeur de la Chambre de Com- merce et de l’Industrie du Doubs. Quel- le que soit la conjoncture, l’état de santé économique et social du Haut-Doubs dépend toujours de celui de nos voisins helvétiques. En 2007, alors que la Suis- se était dans une situation de plein- emploi, les entreprises françaises assis- taient, impuissantes, à la fuite de la main-d’œuvre. Pour éviter d’avoir à subir le phénomène, des sociétés ont préféré se délocaliser à leur tour et suivre leurs salariés. Depuis 2006, onze entreprises de microtechniques prin- cipalement sont parties s’installer en Suisse. Mais le revers de la médaille se mesu- re aujourd’hui. “En 2008-2009, le taux de chômage en Suisse a augmenté de façon significative. De 19 000 en 2008, on estime que le nombre de frontaliers francs-comtois devrait passer à 15 000 voire à 14 000 en 2010” complète le directeur de la C.C.I. Le Haut-Doubs supporte maintenant le coût social de ce retour de main-d’œuvre. “Cela ne fait que confirmer que ce territoire est l’agence intérimdes cantons frontaliers les plus proches” remarque François Mazière. C’est la raison pour laquelle la situa- tion actuelle ne remet pas en cause le rôle de la Task-Force. Elle a été créée en 2007 pour tenter de doter le Haut- Doubs d’un certain nombre d’outils qui

devraient lui permettre d’être plus com- pétitif. Ce groupe de travail auquel par- ticipe des acteurs publics, économiques, associatifs francs-comtois s’est réuni six fois en trois ans sous la houlette de l’État. Des propositions émergent de cette réflexion, et sont relayées au niveau national et européen. Un des points forts est de faire duHaut- Doubs une zone à fiscalité aménagée. “Ce dossier a été en partie victime de la crise car Bercy qui avait commencé à le regarder, n’était plus très favorable à l’idée de créer de nouvelles ristournes fiscales” reconnaît le directeur de la C.C.I.Mais le sujet refait surface, défen- du par une mission parlementaire. Cependant, on ne sait pas encore sur quels critères serait attribué l’allégement fiscal. S’appliquerait-il à certaines zones industrielles ? À des secteurs d’activité comme les microtechniques ? Ou enco- re à des secteurs géographiques défi- nis ? De nombreuses inconnues doi- vent encore être levées avant que ce projet d’allégement fiscal ne se concré- tise. En tout cas selon la C.C.I., cette mesure est nécessaire pour rendre le Haut-Doubs plus attractif. “Je rappel- le qu’aujourd’hui 100 % des entreprises étrangères qui cherchent à s’installer sur l’Arc Jurassien vont en Suisse prin- cipalement parce que la fiscalité y est plus avantageuse” poursuit le direc- teur. La Task-Force, en partenariat avec la Chambre Française de l’Horlogerie, a également abordé le débat sur le “Swiss Made”. La discus- sion est ouverte avec la Suisse pour que l’ensemble de la production horlo- gère européenne puisse bénéficier de

ce label. “Nous sommes dans la phase de négociation. Il n’est pas impossible que ça se passe comme cela à terme.” Les connexions entre cette gouvernance franc-comtoise et Bruxelles sont éta- blies. La France et l’Europe n’ignorent plus l’enjeu de ce territoire frontalier qui a des spécificités qu’on ne retrou- ve nulle part ailleurs. T.C.

François Mazière, directeur de la C.C.I.

SUISSE Flux de main-d’œuvre Les zones économiques frontalières promises à la croissance Les entreprises helvétiques sollicitent la main-d’œuvre étrangère. Pour cette raison, il est probable qu’elles se rapprochent des frontières. Les zones d’activités situées sur ces territoires seront donc promises à la croissance.

L e recours à la main- d’œuvre frontalière est un des aspects de l’économie suisse. Les derniers chiffres disponibles publiés par l’observatoire statistique trans- frontalier de l’Arc Jurassien (O.S.T.A.J.) indiquent que 30 900 frontaliers travaillent sur ce territoire dont 17 000 francs- Comtois. Il apparaît également

que 40 à 48 % de ces travailleurs viennent de la région Rhône- Alpes. L’appel aux compétences extérieures est acquis dans l’industrie helvétique. Ces res- sources humaines lui sont deve- nues indispensables. Les inves- tisseurs peuvent avoir un intérêt à s’approcher des lieux où se concentrent les compétences. Pour cette raison, il est probable

pour des raisons historiques et économiques. Les entreprises ne se sont pas installées là en pen- sant qu’elles pourraient comp- ter sur une main-d’œuvre étran- gère. En revanche, aujourd’hui, la question de la main-d’œuvre intervient dans la stratégie des entreprises. Elles ont besoin de faire appel à des compétences extérieures.” L’Arc Jurassien est devenu la deuxième région exportatrice helvétique grâce à l’horlogerie. Pourtant, ce territoire peine semble-t-il à trouver sa place, pris en tenaille entre Bâle et Genève, deux pôles économiques forts situés eux aussi en zone frontalière. “On peut en effet observer que l’économie est for- te sur les régions frontalières. Ce qui se passe sur l’Arc juras- sien s’observe aussi dans le sec- teur du lac de Constance. Mais il est plus marquant encore du côté duTessin.” Ces régions font partie des grandes zones d’emploi des frontaliers.

que les pôles économiques suisses situés aux frontières du pays conti- nuent de croître. L’association ArcJuras- sien.ch qui regroupe quatre cantons nuance cette hypothèse. “L’industrie horlogère s’est développée sur l’Arc Jurassien

“Des compétences extérieures.”

30 900 frontaliers passent la douane tous les jours pour se rendre à leur travail en Suisse.

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