La Presse Pontissalienne 127 - Mai 2010

PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n° 127 - Mai 2010

11

HOUTAUD

Le “Géo-Trouvetou” du bricolage

Cet ancien carreleur a toujours eu le goût de l’innovation. Adroit de ses mains et fin observateur, il a mis au point de multiples procédés pétris de bon sens. Fernand Drogrey, l’autre inventeur du chauffage solaire

P artant du constat que le cuivre est un bon conduc- teur, Fernand Drogrey a repris à son compte cette pro- priété pour en faire un mode de chauffage solaire astucieux et particulièrement efficace. Son capteur révolutionnaire se com- pose d’un caisson isolé abritant 30 m de tuyau de cuivre, le tout posé derrière une véranda vitrée. Le serpentin alimente en cir-

cuit fermé un radiateur à l’étage supérieur qui chauffe une par- tie des pièces à vivre de la mai- son. Le cuivre capte le rayon- nement solaire qui chauffe le liquide circulant dans cette éton- nante installation de chauffa- ge. “Ce système fonctionne dès qu’il y a du soleil” , explique l’inventeur qui a conçu un dis- positif similaire dans sa chambre à coucher.

C’est d’abord la simplicité du procédé qui retient l’attention. D’autant plus quand on sait que ces deux chauffages ont été ima- ginés et fabriqués de toutes pièces par un aveugle. Fernand Drogrey a perdu la vue il y a 12 ans. Conscient qu’il s’agit de projets expérimentaux, il regret- te d’être trop handicapé pour s’investir davantage dans l’amélioration de ses inventions. “On pourrait poser des briques réfractaires dans le caisson pour conserver la chaleur” ajoute le spécialiste. Sa créativité ne s’arrête pas là. Fernand Drogrey est plein de ressources. Il a bricolé dans un conduit de cheminée un méca- nisme de ramonage automati- sé. Le hérisson qui gratte les parois est relié à un câble pas- sant dans une poulie fixée en haut de la cheminée. Le câble poursuit sa course jusqu’à un enrouleur actionné au moyen

a toujours cultivé le goût de la combine. Originaire de Bulle où ses parents étaient agriculteurs, il a appris le métier de tailleur de pierre au centre de Saint- Ferjeux à Besançon.Après avoir exercé chez différents maçons, il s’installe à son compte à 23 ans dans le carrelage. “J’ai pra- tiquement tout appris en obser- vant et le reste n’est qu’une affai- re d’envie” , confie celui qui a bien sûr construit sa maison de ses propres mains. C’est d’ailleurs pendant ce chan- tier qu’il a découvert le poten- tiel des métaux conducteurs de chaleur.“J’avais posé des tuyaux de cuivre à l’extérieur. J’ai constaté que ça dégageait beau- coup d’énergie. À partir de là, j’ai fait un prototype” ajoute l’inventeur. Fernand Drogrey a aussi quelques dispositions artistiques. Il sculpte de jolies têtes de che- val en bois ou en ciment teinté. Comme un fondeur, il réalise alors un moule en plâtre dans lequel il coule le ciment. Il a même trouvé l’astuce pour repro- duire à l’infini le moule. “On fait son empreinte dans la neige puis on la remplit de M.A.P., de la colle à placo. Si l’objet n’est pas trop gros, on peut aussi le repro- duire dans une brouette pleine de sable.” Il suffisait d’y pen- ser… Notre inventeur est éga- lement prêt à présenter ses trou- vailles à tous ceux qui seraient intéressés notamment par son système de chauffage solaire. F.C.

Fernand Drogrey a adapté son système de chauffage solaire en posant derrière le serpentin une plaque de cuivre qui restitue la chaleur dans sa chambre.

d’un volant. “En le tournant dans un sens ou dans l’autre, on contrôle le mou- vement du héris- son qui redes- cend grâce à un système de contrepoids” , poursuit-il. Quelques tours demanivelles au printemps et à l’automne et le tour est joué. L’ancien artisan

Un mécanisme de ramonage automatisé.

L’ancien carreleur est aussi un habile sculpteur. Il a réalisé cette pièce à partir d’un moule sculpté dans lequel il a coulé du ciment teinté.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online