La Presse Pontissalienne 121 - Novembre 2009

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 121 - Novembre 2009

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LE POINT DE VUE DES OPPOSANTS 2 % de la population “Interdire la chasse le dimanche” C’est le souhait de Pierre Athanaze, président de l’Association pour la protection des animaux sauvages.

la majorité des Français dit “ne pas se sentir en sécurité dans la nature en période de chasse et serait favorable à l’interdiction de la chasse le dimanche.” Une raison à cela selon le président qui réside dans la Drôme : l’absence de loi en matière de sécuri- té. “Je vous mets au défi de trouver un décret ou une loi où les règles de sécu- rité sont écrites noir sur blanc. Il n’y en a pas !” Pour l’A.S.P.A.S., les chasseurs qui représentent moins de 2 % de la popu- lation s’approprient la nature tous les jours de la semaine pendant neuf mois de l’année, au détriment des 98 % res- tants (dans le Doubs, la chasse est interdite le vendredi). Pire, Pierre Athanaze affirme que les instances de la chasse ont tendance à minimi- ser les chiffres des accidents, de crain- te de faire de la mauvaise publicité à une activité en pleine perdition. “On a vu une amélioration lorsque Domi- nique Voynet avait tapé du poing sur la table en demandant de lister le nombre d’accidents. Depuis, plus rien” regrette ce dernier. Si ce combat res- semble à la lutte du pot de fer contre le pot de terre, il a le mérite d’exister. E.Ch.

P artant du constat que les acci- dents de chasse surviennent en majorité le dimanche, jour consa- cré aux loisirs de plein air, PierreAtha- naze, président de l’Association pour la protection des animaux sauvages (A.S.P.A.S.) demande purement et sim- plement “l’interdiction de chasse le dimanche.” Une idée saugrenue ou irréalisable ? Pas tant que cela : “On

sait que la chasse a de l’argent et qu’elle peut faire pression avec son lobbying mais on n’y croit. Chaque année, la chasse provoque des dizaines d’accidents dont un nombre bien trop élevé, s’avère être mortel. Aucune autre activité de loisir que la chasse ne pose un tel pro- blème de sécurité publique” dit-il. Selon un sondage I.F.O.P. mené par l’association auprès de 955 personnes,

Dans les autres pays Dans le Doubs, la chasse est autorisée tous les jours, sauf le vendredi. Suisse : Canton de Neuchâtel, 3 jours sans chasse dont le dimanche obligatoirement, Canton de Genève , pas de chasse. Grande-Bretagne : pas de chasse le dimanche depuis 1831. Pays-Bas : pas de chasse le dimanche. Espagne : 2 jours de chasse en Galice, 3 jours de chasse en Castille-Léon et Madrid. Italie : 3 jours de chasse, le mardi et le vendredi obligatoirement sans chasse. Portugal : chasse uniquement le jeudi et le dimanche.

Pierre Athanaze : “Seule Dominique Voynet a

tapé du poing sur la table.”

SÉCURITÉ

Le point de vue de l’armurier “Il n’y a pas de mauvaise arme”

D ans le monde de la chasse, l’armurerie Sanseigne fait figure de référence. Sa renommée, l’entreprise basée à Guyans-Vennes et Pontarlier la doit à son travail d’artisan et ses années d’expérience. Elle répare et confectionne fusils et carabines. Elle crée et conçoit les crosses des biathlètes fran- çais, Vincent Defrasne en tête. Questions à Sylvain Sanseigne, responsable de la par- tie technique. La Presse Pontissalienne : L’utilisation de la che- vrotine est interdite depuis 1972. Doit-on aujour- d’hui interdire d’autres munitions trop dangereuses ? Sylvain Sanseigne : L’interdiction de la che- vrotine est une bonne décision, on pour- rait pousser plus loin… L’armurerie Sanseigne, installée à Pontarlier et Guyans-Vennes, imagine une piste qui pourrait réduire les accidents.

Cohabitation chasseurs-randonneurs “Nos relations se sont améliorées” Randonneurs et chasseurs ont semble-t-il trouvé un terrain d’entente. Q uestion à Claude Riard, président du Comité dépar- temental de la randonnée pédestre du Doubs (C.D.R.P. 25) : En période de chasse, demandez-vous à vos randonneurs de nouer contact avec les associations de chas- se lorsquʼils vont se balader dans les bois ou lorsquʼune ran- donnée est organisée ? Claude Riard : La réponse est oui. Les responsables et accom- pagnateurs de randonnée sont, en principe, chargés de sʼinformer des chasses susceptibles dʼêtre organisées et de se mettre en rapport avec les présidents de chasse pour leur indiquer lʼitinéraire et les heures de passage approximatives. Il y a toujours trop dʼaccidents mais il faut aussi porter au crédit des chasseurs une évolution certaine des mentalités car ils ont appris à partager lʼespace et nos relations se sont sensiblement améliorées.

L.P.P. : Que préconisez-vous ? S.S. : Même si cela n’engage que moi, il faudrait autori- ser le tir à balles uniquement avec des armes rayées. Je m’explique : la vitesse d’une balle tirée dans une arme lis- se - de type calibre 12 ou 16 ou 20… - n’est pas suffisan- te, ce qui provoque des chan- gements de directions de la balle ou “ricochet” très fré- quent. Il faut casser le mythe que tirer une balle avec une arme lisse est moins dange- reux qu’avec une arme rayée. Pour la chevrotine, la dan- gerosité rejoint le même pro- blème que celui expliqué avec le tir à balles avec des armes lisses.

“Casser le mythe des armes rayées…”

Chaque munition est adaptée à chaque arme.

seurs, c’est moins dangereux. C’est sûr, cela ne fait pas bruit et on ne dérange plus les gens. C’est encore "l’image d’Épinal" qui triomphe, comme dans bien des cas, où celui qui pratique ce type de chasse se reproche plus d’une chasse “pure”, car on n’utilise pas une arme. Pour ce qui est des accidents provoqués par des utilisateurs d’arc, c’est vrai que le nombre de prati- quants est encore faible, en proportion, donc le risque limité.

L.P.P. : Les chasseurs partent-ils dans les bois avec des armes non adaptées ? S.S. : Ce sont - presque toujours - des fautes humaines qui conduisent à des conséquences dramatiques. Il n’y a pas de mauvaise arme mais de mauvais utilisateurs. L.P.P. : La chasse à l’arc est-elle une solution pour réduire les accidents ? S.S. : L’arc tue au même titre qu’une arme à feu un gibier. C’est tout aussi dangereux voire peut-être même plus. Pour la majo- rité des gens, et surtout les non-connais-

Claude Riard, président des randonneurs du Doubs, et Jeannette Delafin, présidente de la commission sentiers et itinéraires du Doubs.

Propos recueillis par E.Ch.

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