La Presse Pontissalienne 121 - Novembre 2009

DOSSIER

15 La Presse Pontissalienne n° 121 - Novembre 2009 LES CHASSEURS SE SENTENT TRAQUÉS

Bien qu’accidentel, le coup de feu qui a enlevé la vie à un chasseur pontissalien début octobre révèle de graves incohérences en matière de non-respect de la loi, de la sécurité et de l’éthique. Une mauvaise publicité qui pourrait inciter la fédération du Doubs à imaginer un “plan sécurité” unique en France. Pendant ce temps, les contrôles de police se multiplient, les effectifs s’érodent dangereusement malgré l’arrivée des femmes… et les anti-chasse prennent du poil de la bête. Quel avenir ?

POLÉMIQUE

Un mail à 3 000 chasseurs Une première dans le Doubs pour les chasseurs ?

L’accident de chasse mortel survenu le mois dernier à Pontarlier plombe la crédibilité des chasseurs du Doubs. La Fédération imagine une mesure, unique en France.

L a Fédération départementale des chasseurs du Doubs tra- vaille actuellement sur un sujet sensible qui l’oblige à prendre des précautions. Selon nos informa- tions, elle pourrait obliger l’ensemble des ses chasseurs (environ 10 000) à suivre une journée dite de “sécurité” et ce, dès l’année prochaine. Si elle existe déjà, cette remise à niveau n’est pour l’heure qu’optionnelle. En la rendant obligatoire, le Doubs devien- drait alors le premier département à

prendre cette mesure radicale. Ima- ginez tous les possesseurs du permis de conduire obligés de suivre une remi- se à niveau du code de la route ou de conduite ! Directeur de la fédération des chasseurs du Doubs (F.D.C. 25), Raphaël Savignat avoue que la fédé- ration réfléchit sur le sujet dans le cadre de l’établissement de son nou- veau plan départemental cynégétique mais reste prudent : “Pour le moment, nous n’avons aucun cadre juridique pour obliger un chasseur déjà posses-

seur du permis à suivre une formation de sécurité” dit-il. Selon ce dernier, l’accident mortel de chasse survenu à Pontarlier n’a pas de conséquences directes avec cette décision. Disons que l’événement accé- lère les choses. Sur cet accident, Raphaël Savignat demeure intransigeant : “Une telle accumulation de fautes ne peut laisser indifférente la fédération com- me elle ne laisse pas non plus indiffé- rent un grand nombre de chasseurs.” Rappelons qu’il a coûté la vie à un chas-

Le port obligatoire de gilets fluorescents limite fortement le nombre d’accidents.

seur pontissalien de 86 ans et son chien. Pour autant, il ne veut pas que l’on “diabolise la chasse” même si dans ce cas précis, les erreurs de sécurité se sont accumulées (tir sans avoir identifié le gibier, à proximité d’une zone de promenade). D’où l’interrogation du directeur : “Que se passe-t-il ? Alors que depuis de nom- breuses années notre département n’a pas connu d’accidents graves, il serait particulièrement dommageable de connaître une augmentation.” Un mail a d’ailleurs été envoyé à 3 000 chasseurs pour rappeler les consignes. Il a même été demandé aux présidents de société de chasse de signaler et cor- riger sur le champ les comportements dangereux. “La chasse n’est pas une

activité dangereuse, ni un western. Seul le comportement de certains chasseurs peut l’être” conclut Raphaël Savignat. L’autre mesure. Demander aux prési- dents de chasse de “condamner” un

chasseur qui ne res- pecte pas les règles (tir en direction d’une voie de circulation, sans identification cer- taine, sans visibilité, tir hâtif dû à l’excitation (frénésie), déplacement intem- pestif du chasseur et abandon de poste au cours d’une bat- tue…). E.Ch.

“La chasse n’est pas un western.”

Dans le Doubs, 10 000 chasseurs traquent le gibier de septembre à janvier. Dès l’an prochain, la journée de sécurité pourrait être rendue obligatoire.

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