La Presse Pontissalienne 115 - Mai 2009

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La Presse Pontissalienne n° 115 - Mai 2009

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CHAPELLE-DES-BOIS Visible toute l’année Sur les chemins de la contrebande L’écomusée de la maison Michaud inaugure la première exposition d’une série consacrée à la frontière franco-suisse en s’intéressant aux multiples échanges qui se pratiquaient dans la clandestinité.

I l n’y a pas si longtemps, la cour de récréation de l’école de Cha- pelle-des-Bois était encore le théâtre de jeux opposant les douaniers aux contrebandiers. “C’était l’équivalent des gendarmes et des voleurs” , se souvient Pierre Bourgeois, le président de l’association gérant l’éco-musée. La pratique de la contrebande le long de la frontière franco-suisse est véritablement inscrite dans la mémoire collective des Chapelands. Son origine remonte à l’apparition de la frontière aux alentours du

XVI ème siècle. Cette séparation est le plus souvent matérialisée sous la forme de murs en pierre sèche jalonnés de bornes portant les dates et les blasons des cantons ou des États. Les gens se livraient à la contrebande pour aller chercher des marchandises qu’on ne trou- vait pas en France ou alors à des prix trop élevés ou taxés. “En géné- ral, ils allaient plutôt s’approvisionner en Suisse que le contraire.” Sel, allumettes, tabac, café, bois, veaux, absinthe, toutes sortes de produits, souvent de pre-

mière nécessité, transitaient ain- si par la frontière. Pendant la seconde guerre mon- diale, quelques jeunes résistants aidaient les juifs à fuir le régime nazi et les accompagnaient jusqu’à la frontière. De la bricotte à la contrebande en groupes organisés, il fallait choisir les chemins les plus méconnus, les temps les plus affreux, les nuits les plus noires pour échapper là la surveillance des gabelous ou douaniers. Sur le territoire de Chapelle-des- Bois, on dénombrait jusqu’à quatre

Les contrebandiers faisaient souvent preuve d’ingéniosité pour déjouer l’attention des douaniers comme ces montures de ski sous lesquelles on cachait des

postes de douanes, soit une vingtaine d’agents qui met- taient en place tou- te une organisation en vue de sur- prendre les contre- bandiers. La contrebande de proximité, si l’on peut dire, s’est notablement rédui- te à partir de la Libération. Même si elle pouvait connaître parfois quelques sursauts sur des produits spécifiques. Ce fut, par exemple le cas

Pierre Bourgeois (à droite)

a reconstitué à l’identique l’une des vingt bornes frontières visibles sur la commune de

pièces de monnaie.

dans les années soixante-dix avec les skis de fond beaucoup moins chers en Suisse. Plus tard, le développement des moyens de communication a mul- tiplié l’origine des fraudeurs, les quantités de marchandises et leur circulation au niveau internatio- nal.

Conçue autour de différents sup- ports écrits, visuels, sonores, cette exposition s’adresse à tous les publics. Le visiteur est invité par exemple à s’asseoir pour écouter les témoignages d’anciens doua- niers et contrebandiers. Les enfants peuvent participer à des ateliers ludiques.

Chapelle- des-Bois.

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