La Presse Pontissalienne 115 - Mai 2009

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 115 - Mai 2009

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PONTARLIER

Une double vie

“Tiens, v’là le facteur” Sitôt sa distribution terminée, Charles Griffond rejoint la ferme de Sandon où il s’occupe d’une véritable ménagerie. Ce chasseur “enragé” joue également de la musique. L’ennui, il ne connaît pas.

C e personnage, car dans son sty- le c’en est un, a trouvé à Pon- tarlier chaussure à son pied.Pour rien au monde, il ne voudrait en changer. Surtout depuis qu’il vit dans l’ancienne ferme du domaine de San- don. “On est venu s’installer ici en 2000 au départ du précédent locataire” , explique ce paysan dans l’âme. Avec 5 hectares de terrain, l’écurie et la gran- ge à sa disposition,il peut ainsi s’épanouir pleinement dans ses loisirs à vocation agricole. Il soigne quelques chevaux, élève des moutons, des cochons, sans oublier poules, canards et compagnie. “Comme on prend des porcelets à la naissance, on a encore le droit de les abattre à la ferme.” Fin novembre, c’est la Saint-Cochon à

racines du côté duMont d’Or. Elles sont ensuite “conditionnées” à Sandon avant la distillation proprement dite effec- tuée en février à l’alambic de Bouve- rans. Beaucoup de boulot,mais de beaux moments de convivialité partagés entre amis assez épicuriens. Le facteur de Sandon a été initié très tôt à la chasse par son grand-père ori- ginaire de Villers-le-Lac. Il est aujour- d’hui propriétaire d’une dizaine de chiens : setter, fox et bruno du Jura. “Si je chasse, c’est avant tout pour le plai- sir de voir les chiens débusquer ou suivre la trace d’un sanglier ou d’un chevreuil.” On l’a bien compris, Charles n’est pas du genre à partir en vacances.En contre- partie d’un loyer relativement modéré, il assure l’entretien des abords de la ferme. Ce qui ne le dérange nullement car cela lui permet de faire sa provi- sion de bois de chauffage. Nonobstant quelques séances de bûcheronnage. “On n’a rien sans rien” , professe-t-il. Et le courrier dans tout ça ? PourCharles, la journée de travail commence aux aurores avec la préparation de sa tour- née au centre de tri des Grands-Plan- chants. Il troque alors le béret pour la casquette, enfourche sa bicyclette pos- tale et s’en va accomplir son service dans différents quartiers de la ville. Notamment aux Pareuses où sa cote atteint des records de popularité. “Les

gens m’invitent régulièrement à parta- ger le repas servi lors de la fête des voi- sins” , apprécie l’intéressé qui a appor- té sa contribution l’an dernier en leur proposant un pot-au-feu de son cru. Ce messager sait aussi intégrer une touche d’humour dans ses fonctions, n’hésitant pas à se déguiser en Père Noël au moment adéquat. Homme de parole, franc du collier, Charles Griffond a tou- jours gardé le contact avec son pays d’origine, à savoir Villers-le-Lac. Des relations qu’il entretient à travers une fidélité indéfectible à la fanfare de la Fraternité. “Les rouges” , précise-t-il, un sourire aux lèvres. Tout est dit. Il n’a pratiquement jamais loupé une répé- tition depuis son adhésion en 1978. Il avait alors 16 ans. Percussionniste dans cette formation, il n’hésite pas à prendre sur ses congés pour encadrer des stages regroupant les jeunes musiciens villé- riens. “En général, je m’occupe de la cui- sine.” Sans doute parmi les derniers représentants d’une race de paysans des villes en voie d’extinction, ce père de deux grands garçons cultive aussi le goût du folklore. Il n’hésite pas à atte- ler ses chevaux à l’avant d’une calèche de sa fabrication à l’occasion de fêtes villageoises ou de rassemblements équestres comme Festi’Cheval. S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. F.C.

De la casquette du facteur au béret campagnard, a trouvé un style de vie dans lequel il se retrouve pleinement. Charles Griffond

Sandon. L’événement a déjà fait l’objet de plu- sieurs reportages télé- visés. Les porcs sont transformés sur place en boudin et petites sau- cisses. Les jambons et autres salaisons fument dans la cheminée. Charles s’adonne aus- si à la distillation de gentiane. Dès la fin de l’été, lui et quelques copains partent arra- cher les précieuses

C’est la Saint-Cochon à Sandon.

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