La Presse Pontissalienne 114 - Avril 2009

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 114 - Avril 2009

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FORÊT

Une baisse d’activité de 25 à 30 %

La crise s’abat sur la filière bois Bûcherons, scieurs et transporteurs du Haut- Doubs subissent de plein fouet le ralentissement du marché de la construction. Difficile de se projeter sur une éventuelle reprise d’activité.

Le ralentisse- ment du marché de la construction se répercute chez la plu- part des scieurs du Haut-Doubs.

V u la conjoncture, la filière bois allait tôt ou tard être impac- tée par le fléchissement du bâti- ment qui, à quelques excep- tions près, reste le principal débouché des scieries du Haut-Doubs. “Comme elles ne sont pas en prise directe avec le consommateur, les entreprises du bois subissent les effets de la crise avec un léger décalage. Le phénomène s’est amorcé entre fin novembre et début janvier. Aujourd’hui, des scieries enre- gistrent des chutes d’activité pouvant aller jusqu’à - 50 %. En moyenne lis- sée sur les trois derniers mois, la bais- se globale varie entre 25 et 30%” , indique Christian Dubois, le délégué général de l’Association pour le Développe- ment des Industries du Bois (A.D.I.B.). Aucune branche n’échappe à la réces- sion. Le secteur de la construction bois semble l’un des moins touchés. Glo- balement, les entreprises axées sur ces marchés ont la chance d’éponger encore des carnets de commandes assez bien remplis. Il n’empêche, le nombre de devis tend à diminuer, les condi- tions d’accès aux prêts bancaires sont

plus complexes. “Un ralentissement est à craindre courant 2009” , poursuit Christian Dubois. La situation s’avère beaucoup plus ten- due pour les scieries qui alimentent le marché de la construction. Il y a déjà eu des crises mais elles portaient sur un produit ou un marché spécifique alors que là, c’est général. Les marges

13 salariés. “On s’efforce de rester enco- re aux 39 heures hebdomadaires pour préserver les salaires, en espérant qu’on puisse tenir comme ça toute l’année.” La situation est plus angoissante dans d’autres scieries qui sont déjà passées aux 35 heures ou ont rallongé les périodes de congés hivernales. “On n’a pas encore entendu parler de chôma- ge partiel”, reprend Christian Dubois qui souligne aussi “ les effets pervers de la solidarité qui anime les patrons de scieries, avec des entreprises familiales ancrées en milieu rural qui sont prêtes à beaucoup de concessions pour main- tenir l’emploi au risque même de se mettre en difficultés.” Les scieurs ne sont pas les seuls acteurs de la filière touchés par la crise. La situation est tout aussi grave chez les entrepreneurs de travaux forestiers. Faute de lisibilité dans l’avenir, les scieries ont d’abord tenu à écluser leurs stocks, à l’image des constructeurs automobiles. Ce qui signifie forcément moins de travail chez les bûcherons.

Lesquels n’ont guère été avantagés par cet hiver à rallonge réduisant à néant les possibilités d’abattage. Même topo du côté des transporteurs. La filière dans son ensemble a déjà eu l’occasion de faire état de ses difficul- tés auprès du préfet. Cette rencontre devrait aboutir prochainement à la mise en place d’un certain nombre de mesures. Face aux difficultés de com- mercialiser les produits connexes, il a été demandé, par exemple, un soutien sur le financement des stockages. L’interprofession se mobilise. Elle se prépare à mettre en place des dispo- sitifs d’accompagnement sur les démarches à l’export. “On réfléchit aus- si sur lamanière d’apporter de la valeur ajoutée en sensibilisant les profes- sionnels aux techniques de sciage, d’aboutage. On ne sait pas combien de temps durera cette crise mais autant se préparer à être prêt aumoindre signe de reprise.” F.C.

scieries allemandes qui scient parfois en une journée ce que l’ont fait dans l’année. Comme il n’y a plus de débou- chés sur le marché américain, elles se tournent vers l’Europe. Aujourd’hui, même en baissant les prix, on ne récu- père pas de marché.” C’est là toute la spécificité de cette cri- se. La filière s’était déjà retrouvée au creux de la vague dans les années 98- 99, juste avant la tempête. “Les prix étaient assez bas mais on trouvait quand même assez facilement des débouchés.” À partir de 2000, l’activité de la construc- tion n’a cessé de progresser jusqu’en 2007. Conséquences, les scieurs ont acheté des bois à prix fort qu’ils ne peuvent revendre aussi bien du fait de l’écroulement des prix des sciages. “La grume achetée en 2007 se revend 15 % moins cher aujourd’hui. La dif- férence atteint 20 % pour les produits connexes : palettes, emballages, cais- series… Les coûts de production n’ont malheureusement pas suivi la même évolution.” Jean-Louis Laresche emploie

de manœuvre sont très limitées. “À cause de la longueur de l’hiver, certains charpentiers ont retardé quelques chantiers. Le répit sera de courte durée” , en convient Jean-Louis Laresche. Ce scieur installé à Sainte- Colombe sait déjà qu’il va travailler à perte en 2009. “Une partie de notre production est destinée aux négociants en matériaux. Et là, c’est la catastrophe. On doit faire face à la très forte concurrence des

“Travailler à perte en 2009.”

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