La Presse Pontissalienne 114 - Avril 2009

La Presse Pontissalienne n° 114 - Avril 2009

16

CHÔMAGE

Pas de clause de la guillotine Deux tiers des nouveaux chômeurs seraient frontaliers

Président de l’Amicale des frontaliers, Alain Marguet s’élève contre les fausses idées et les chiffres annoncés. “Arrêtons de fabuler” dit-il, et “que le Pole emploi annonce la couleur !”, alors que le Groupement Transfrontalier Européen est, lui, beau- coup plus pessimiste. Deux sons de cloche différents.

touchées. Et l’ensemble des sec- teurs : “Il y a l’horlogerie, laméca- nique… et maintenant le den- taire” énumère Hasna Charid. Heureusement, la signature des accords bilatéraux n’entraînera pas “la clause de la guillotine.” Les six accords signés en 1999 entre la Suisse et l’Union euro- péenne enmême temps que celui sur la libre circulation ne sont pas caducs, d’où cet optimisme latent. Néanmoins, les Pôles emploi de Morteau et Pontar- lier connaissent une haussemar- quée du nombre de demandeurs d’emploi. En décembre et jan- vier, les nouveaux chômeurs sont toujours plus nombreux. Et deux tiers d’entre eux déclarent avoir perdu leur emploi en Suisse… Après le plein-emploi, place à la régulation du marché. E.Ch.

“I l faut percer le mystère du Pole emploi” lance Alain Marguet, président de l’Amicale des frontaliers à Mor- teau. Selon lui, les chômeurs qui pointent actuellement à l’A.N.P.E. de Morteau ou Pon- tarlier sont pour la plupart des travailleurs ayant terminé leur contrat de 90 jours en Suisse. Le nombre de demandeurs d’emploi serait pourtant passé de 640 à 1 036 à la fin du mois de janvier sur le bassin de Mor- teau. Soit une hausse d’environ 56,6 % en un an ! Un chiffre non confirmé par l’agence nationa- le pour l’emploi (A.N.P.E.). Une

analyse le président qui s’élève contre les fausses idées et la mauvaise interprétation des chiffres. Il y aurait 84 000 tra- vailleurs dans le canton de Neu- châtel et 9 000 frontaliers. Consé- quence, mieux vaut “relativiser” d’autant que “le groupe Swatch annonce une reprise” croit savoir ce dernier. En janvier à La Chaux-de-Fonds, 127 personnes auraient reçu l’imprimé E 301 (N.D.L.R. : formulaire qui per- met aux autorités de chômage compétentes de prendre en comp- te les périodes de cotisation réa- lisées dans un pays de l’U.E./A.E.L.E. afin de savoir si vous avez droit aux prestations de chômage.), 50 à Pontarlier et 28 pour la Vallée de Joux. La Suisse, sûr qu’il ne faut pas la dévaloriser, d’autant que la signature des accords bilatéraux rend optimiste. Les Suisses ne sont pas “eurosceptiques”. “C’est un gage de confiance” concède Hasna Charid, juriste au Grou- pement Transfrontalier Euro- péen, antennes de Morteau et Pontarlier. Pourtant, la juriste est loin de rejoindre Alain Mar- guet sur bien des points. Selon elle, la crise est là. “Ce serait de la langue de bois de dire que la Suisse n’est pas en crise. Si vous

m’aviez posé cette question il y a quelques mois, j’aurai répon- du par la négative. Aujourd’hui, nous la ressentons ! Il y a des licenciements, les frontaliers sont inquiets, il n’y a plus d’heures supplémentaires… Beaucoup viennent nous voir.” Ils fran- chissent le seuil du Groupement Transfrontalier soit pour se ras- surer ou simplement connaître leurs droits après un licencie- ment. “Dernièrement, quatre cadres sont venus après un licen- ciement.” Toutes les catégories socioprofessionnelles seraient

Les frontaliers sont souvent les premiers touchés par une récession.

fois encore, la transparence n’est pas de mise. “Sur 20 licenciés dans une usine suisse, tous ne sont pas frontaliers. Le Pôle emploi compte par exemple ceux qui ont fini leur mis- sion, comme empi- ler les boîtes de chocolat ou ceux qui ont terminé de cueillir le tabac. Pour l’instant, ceux qui ont un contrat travaillent encore”

Hausse de 56 % du chômage à Morteau.

DES SOLUTIONS À LA CRISE ?

20 emplois

Douze postes sauvés à Saignelégier L’entreprise horlogère Maurice Lacroix

des retraites anticipées et une réin- sertion dans un autre site. Le syndi- cat annonce également qu’un plan social a été obtenu. Maurice Lacroix - qui embauche près de 300 salariés dans lemonde - explique cette mesure de licenciement par le net ralentissement des ventes de montres sur les marchés internatio- naux. La manufacture horlogère va réduire son personnel de 15 % d’ici avril 2009. Selon un communiqué, cet- te mesure concerne aussi bien le per- sonnel de Saignelégier que celui de Zurich. La casse est néanmoins limi- tée. “Hélas, toutes les entreprises ne sont pas aussi transparentes que Mau- rice Lacroix ”, déplore Éric Bauer. Cer- taines licencient en catimini, sans avertir les partenaires sociaux, des collaborateurs en arrêt maladie ou qui ne seraient plus assez rentables. “C’est pourquoi nous visons à étendre la convention collective du travail dans de telles entreprises pour permettre aux travailleurs de moins subir la cri- se.” E.Ch.

qui devait licencier vingt personnes à Saignelégier a trouvé des mesures alternatives en se séparant de “seulement” de huit salariés. Pour une fois, le dialogue syndical a fonctionné.

A près plus de 15 jours de tracta- tions avec la direction de l’usine d’horlogerie Maurice Lacroix, le syndicat Unia a pu négocier des mesures alternatives au licenciement. C’est assez rare pour le noter, surtout en Suisse. Ainsi, la réduction volon- taire du temps de travail et la retrai- te anticipée ont été les premières mesures avancées, permettant de pas- ser de 20 à 8 licenciements. “En pério- de de crise, il est donc possible de sau- ver des postes par la négociation. En l’occurrence, nous en avons épargné douze” , calcule Éric Bauer, qui repré- sente le syndicat Unia dans le Jura. Il s’agit ici de négocier une diminu- tion volontaire du temps de travail,

Chez Maurice Lacroix à Saignelé- gier, on a vou-

lu limiter la casse.

Made with FlippingBook - Online catalogs