La Presse Pontissalienne 113 - Mars 2009

La Presse Pontissalienne n° 113 - Mars 2009

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DU CÔTÉ DES STATIONS DE SKI

Premier bilan à Métabief

“Nous avons récupéré des skieurs des Alpes” Constat étonnant : par rapport à la saison 2005-2006, année de référence, la fré- quentation sur les pistes de Métabief est… en baisse, de 10 %. La station vit néan- moins une “bonne saison par rapport à la période de crise actuelle” note Jean-Louis Rapy, son directeur. Le secteur touristique redonne du baume au cœur. Entretien.

Avec la fréquentation de cet hiver, la station de Métabief-Mont d’Or tend vers

MÉTABIEF

621 lits d’hôtellerie

100 % des meublés étaient réservés Il y a bien longtemps que Métabief n’avait connu pareil chiffre. Le pic a été atteint pendant la deuxième semaine des vacances d’hiver, du 14 au 21 février.

l’équilibre financier.

C’ est un sacré pied-de-nez pour ne pas dire une énorme revanche. Il y a enco- re quelques années,les stations alpines toisaient de haut, de très haut même, leurs homologues situées plus bas. “Vouées à dis- paraître les stations de moyenne montagne” qu’ils disaient. Aujourd’hui, le retournement est brutal sachant que les petites stations s’en sortent mieux que les grandes. Il est accéléré par l’effet crise. Explications avec Jean-Louis Rapy,directeur du domaine skiable de Métabief. La Presse Pontissalienne : Peut-on - déjà - qualifier cette saison hivernale 2008-2009 d’exceptionnelle ? Jean-Louis Rapy : C’est une saison que l’on peut qualifier de “très bonne” par rapport à la période de crise que nous sommes en train de vivre. L.P.P. :Est-ce la plus longue durée d’ouverture de son domaine skiable que Métabief est en passe de vivre ? J.-L.R. : Nous avons commencé à ouvrir le vendredi 20 décembre et cela sans discontinuer jusqu’à ce jour (N.D.L.R. : entretien réalisé le 27 février). Nous avions également ouvert le domaine le week-end du 14 et 15 décembre. Ce n’est pas nouveau. Nous l’avions déjà fait lors de l’hiver 2005-2006. Nous espérons que cela dure encore. L.P.P. : Le bilan d’enneigement avec plus d’1,50 m au sommet du Morond est excel- lent. Qu’en est-il du bilan touristique ? J.-L.R. : On ne peut pas comparer cet- te saison avec les deux dernières.Sinon, cela voudrait dire que nous sommes à + 200 % par rapport à l’année pas- sée et + 50 % par rapport à 2007. Ça ne veut rien dire du tout ! Il faut prendre l’année de référence 2005- 2006. L.P.P. : Quelles sont les premières impres- sions ? J.-L.R. : Ce ne sont pas des impressions mais des chiffres. La période Noël- Nouvel-An de cette année est quasi identique à celle de 2005-2006. Nous avons fait le plein. En janvier, on a noté un recul de 10 %. La même cho- se en février. Sur la saison, la baisse de fréquentation sur les pistes sera de 10 %.

Il faut 28 000 skieurs par an pour assurer l’annuité de ce télésiège. Il faut investir à coup sûr. Pour peu que la neige soit là, on se rend compte que la clientèle est là… sans une com- munication agressivemais plutôt soft. Les gens redécouvrent leur territoi- re. Regardez, les petits téléskis com- me ceux de la Combe Saint-Pierre à Charquemont font le plein.C’est encou- rageant mais ce n’est pas l’euphorie. Je ne vais quand même pas pleurer. L.P.P. : Les Suisses ont-ils boudé la station ? J.-L.R. : La clientèle suisse est un peu en recul.Elle subit la crise.Voilà quatre à cinqmois que nous les voyonsmoins. Et le Franc suisse s’est dégradé. L.P.P. :Quelles sont les prévisions pour mars ? J.-L.R. : Mars s’annonce moins rempli mais avril s’annoncemieux.En février, il nous restait 60 % de notre chiffre d’affaires à réaliser. Février s’est résu- mé à deux semaines au lieu de quatre. C’est la même chose pour toutes les stations françaises. L.P.P. :Les petites stations prennent-elles une revanche sur les grandes ? J.-L.R. : C’est un pied-de-nez, c’est sûr. Les gens redécouvrent la beauté des sites… à côté de chez eux. Propos recueillis par E.Ch.

L.P.P. : Le tourisme a-t-il joué son rôle éco- nomique pour le Haut-Doubs ? J.-L.R. : La station fait vivre 110 emplois directs sans compter les restaurants, les hôtels… Ce n’est pas négligeable. L.P.P. : Comment expliquer ce nouvel amour pour les petites stations de la part des skieurs dans un contexte ambiant difficile ? J.-L.R. : Grâce à ce bon enneigement, nous avons récupéré des skieurs habi- tués à aller dans les Alpes. On le voit sur nos forfaits séjours.Dimanche soir, nous avons noté une augmentation de 50 % sur ces forfaits. Les skieurs le disent : “C’est Métabief ou pas de ski.” L.P.P. : Donnez votre recette. J.-L.R. : Notre forfait est à 19 euros alors que c’est le double dans les grandes stations. Le ski reste un pro- duit cher, j’en conviens. Pour imager, les gens qui ont perdu du pouvoir d’achat ne vont plus manger dans les restaurants gastronomiquesmais dans les selfs. C’est la même chose avec le ski. L.P.P. : Le prix du forfait est-il la seule expli- cation ? J.-L.R. : Non.Aujourd’hui, c’est la proxi- mité qui joue. Les gens ne veulent plus faire 600 kmpour skier.Mais surtout, ils réduisent la durée de leur séjour et s’orientent vers la station la plus proche. Qui plus est, le prix des loca- tions est ici deux à trois fois moins élevé que dans lesAlpes par exemple. Si on a le produit neige, les clients sont là, d’où l’idée de le conforter. L.P.P. : Métabief va-t-il à nouveau investir ? Quelle est la situation financière de la sta- tion ? J.-L.R. : Investir dans la neige peut devenir antiéconomique.Il faut prendre les bons virages. Avec cette saison, nous allons assurer le grand équilibre entre le coût d’exploitation et les emprunts. C’est du bon boulot. L.P.P. :Peut-on imaginer de nouveaux canons à neige ou un nouveau télésiège ? J.-L.R. : C’est au syndicat mixte de déci- der. Il nous reste 15 ans pour amor- tir notre télésiège créé il y a trois ans.

L e sourire est radieux à l’office de tourisme de Métabief. Alors que le gros de la saison est pas- sé, on commence à faire les comptes. Dans la lignée d’un début d’année assez euphorique (le congé de Nou- vel An avait été particulièrement fréquenté), les vacances d’hiver affi- chent des chiffres satisfaisants. À part la première semaine des congés, qui concernait les vacanciers de Lyon, Grenoble, Montpellier, Toulouse ou encore Rennes. “Ce n’est pas notre clientèle habituelle, cette première

occupés. “ Ç a fait trois ans que nous n’avions pas vu cela.” La dernière semaine, du 28 février au 7 mars, est jugée “très satisfaisante” avec “plus de 85 % de remplissage. Et la veille de cette dernière semaine de vacances, les gens appelaient encore pour réserver” ajoute l’office et confirme ainsi cette tendance de plus en plus affirmée des réservations de dernièreminute.Autre nouveauté cette année, ces “touristes qui ont demandé de prolonger leur séjour de quelques jours.” La tendance n’est plus au ski à 100%. “Ce que demandent les gens, ce sont des séjours multi-activités : ski alpin, raquettes, ski de fond, promenade, ini- tiation au biathlon…” Au final,Méta- bief aura dépassé les 80 % de rem- plissage dans sesmeublés et les hôtels du secteur sur l’ensemble des vacances d’hiver. Outre les 312 meublés gérés par l’office, le secteur de Métabief et Malbuisson compte 621 lits en hôtel- lerie. La stationdeMétabief est ouverte tous les jours jusqu’au 22 mars ainsi que le week-end des 28 et 29 mars. J.-F.H.

semaine a donc été assez moyenne” concède Alice Fusillier, de l’office de tourisme deMéta- bief. La suite aura été excellente. Et parti- culièrement la pre- mière semaine des Franc-Comtois qui était aussi la secon- de des Parisiens : 100 % des 312 meu- blés gérés par l’office de Métabief étaient

Les réservations de dernière minute.

À l’office de tourisme, on estime que le remplissage

moyen sur l’ensemble

des vacances atteindra les 80 %.

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