La Presse Pontissalienne 113 - Mars 2009

La Presse Pontissalienne n° 113 - Mars 2009

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

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AGRICULTURE Le bien-être des vaches Baptisez vos vaches ! Bonne nouvelle pour les éleveurs francs-comtois : traiter les vaches avec attention, et en particulier leur donner un prénom, augmente leur production de lait, selon une étude… britannique.

D ans les fermes franc-com- toises, l’étude fait souri- re plus qu’elle ne rassu- re. D’après une analyse menée par des chercheurs de l’Université de Newcastle, dans le Nord-Est de l’Angleterre, offrir un “traitement personnalisé” aux vaches laitières permettrait un rendement supérieur. Jusqu’à 250 litres de plus par an.

Comme de nombreux produc- teurs laitiers du Doubs et des autres départements, laG.A.E.C. des Vies de Vennes à Gilley a baptisé ses vaches. C’est une tra- dition. Certes, les numéros sont toujours présents car obliga- toires, mais en Franche-Comté, les montbéliardes sont désignées par des prénoms, ce qui n’est pas le cas dans les grands élevages

laitiers de l’Ouest de la France. Pour l’anecdote, une vache pri- mée au salon de l’agriculture a dû être baptisée illico presto car elle n’avait qu’un numéro et pas de prénom. Chose inconcevable dans les fermes duHaut-Doubs : “Il y a Victoria, Belle, Tamara, Ultra-Belle…”, énumère Virgi- nie Marguet, responsable avec son frère Aurélien de

Comme la plupart des exploitants de Franche-Comté, Virginie Marguet de Gilley a donné un prénom à ses montbéliardes. Pour elle, l’étude ne change pas grand-chose. Elle est simplement réconfortante.

l’exploitation desVies deVennes. “Les vaches, bien sûr que je les connais toutes. De la plus vieille (elle se prénomme Mémoire) à la plus jeune” explique l’agricultrice. “On a toujours eu l’habitude de donner des prénoms. Et à chaque fois, on essaie de faire rimer pour se rappeler la descendance. Par exemple, la mère de Danoise est Sournoise”. “Tout comme les gens réagissent mieux à un traitement indivi- dualisé, les vaches elles aussi sont plus heureuses et plus déten- dues si on leur prête plus d’attention”, a expliqué Cathe- rine Douglas, qui a mené l’étude

publiée dans le journal Anthro- zoos. “En accordant plus d’importance à l’individu (par rapport au groupe), comme appe- ler une vache par son nom ou avoir de plus en plus de rapports avec l’animal à mesure qu’il grandit, on améliore non seule- ment le bien-être de l’animal et sa perception de l’humain, mais on accroît également sa pro- duction de lait” , a-t-elle ajouté. Professeur au lycée agricole de Levier, Philippe Marguet n’authentifie pas cette étude mais avoue “ que le facteur stress joue beaucoup dans la produc- tion laitière. Les animaux per-

çoivent les sons. Avoir une pro- nonciation douce et moins accen- tuée donne des résultats. Cela également permet de mieux maî- triser les vaches.” Professeur de zootechnie, il incite ses élèves à parler aux vaches. Problème : ce lien entre l’homme pourrait disparaître à terme. “Avec les numéros, il y a une lecture plus facile. L’arrivée des puces élec- troniques pourrait faire dispa- raître les prénoms.” En résumé : rien ne vaut une vache bien dans ses baskets. Du “made in Franche-Comté” qui pourrait s’exporter. E.Ch.

Bien traiter une vache permet d’augmenter sa capacité laitière. Jusqu’à 250 litres par an !

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