La Presse Pontissalienne 112 - Février 2009

LE DOSSIER

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D IRECTION Gestion de l’établissement “L’hôpital doit digérer une évolution fulgurante” Cette mutation des bâtiments, de l’activité, des moyens humains et techniques s’inscrit dans une logique de ges- tion plus contraignante qu’auparavant. Explications du direc- teur du centre hospitalier, Dominique Bardou.

L a Presse Pontissalienne : Cet- te croissance est de quelle ampleur ? Dominique Bardou : L’effectif et l’activité ont pratiquement dou- blé enmoins de 15 ans. L’hôpital doit digérer de façon très rapi- de une évolution fulgurante. L’objectif aujourd’hui est de concilier les atouts d’un éta- blissement familial et humain avec ce côté professionnel apporté dans la gestion et la mise en place des nouvelles organisations. Ces changements profonds, cette notion de flux tendus, impactent forcément sur le relationnel. L.P.P. : Et se reporte sur le moral des troupes ? D.B. : Des services souffrent plus que d’autres comme en gériatrie. Ce service accueille en règle générale des personnes de plus en plus âgées. Cela génère un sentiment de frus- tration chez les soignants. Le

eu une part relativement impor- tante d’agents contractuels. Il y a néanmoins une volonté de les titulariser dans la fonction publique hospitalière. On essaie de le faire chaque année. Mais avec l’arrivée de la tarification à l’activité qui est passée de 50 à 100 %, il est nécessaire de garder un volant de personnel contractuel. Cette tarification se substitue à la dotation glo- bale. Elle représente désormais 80 % de l’enveloppe budgétai- re. Laquelle est plus complexe à évaluer car on ne maîtrise pas l’activité à venir et le tarif des pathologies qui sortira en mars. Si en face, 60 à 80 % des charges relèvent des dépenses du personnel, on comprend mieux la nécessité d’être vigi- lant. On sait par ailleurs qu’on a le potentiel pour développer les activités, donc les recettes. On n’est pas dans une logique de suppression de postes. En stabilisant l’établissement, on

S’il ne conteste pas les diffi- cultés qui touchent le corps médical, le directeur estime que l’hôpital évolue vite certes, mais plutôt bien.

c’est que cela impose aux res- ponsables des délégations de gestion comprenant des actions administratives.C’est une autre manière de faire des soins en y intégrant plus de santé publique. L.P.P. : Que va-t-il advenir du vieil hôpital ? D.B. : Le chantier de rénovation concerne à ce jour seulement un tiers des locaux. On fait actuellement un audit en vue d’étudier les diverses destina- tions possibles. Une chose est sûre, on n’a pas les moyens financiers de tout réhabiliter, ce qui n’aurait guère d’utilité car le transfert de l’E.H.P.A.D. va également libérer de la pla- ce. C’est aussi un vrai souci à Pontarlier demaintenir le patri- moine immobilier. L.P.P. : Ce qui explique pourquoi vous vous séparez de certains biens agri- coles et forestiers ? D.B. : On a vendu la ferme du petit séminaire à Nods et cel- le de Charpillot aux fermiers qui en feront meilleur usage, car ce n’est pas notre métier. Elles nous coûtaient plus qu’elles ne nous rapportaient. On fait actuellement la même chose avec la Petite Échelle en conservant néanmoins les par- celles boisées. Il nous restera encore quelques forêts, l’alpage de laVermode sur le Mont d’Or et un bien loué à Chaffois. Propos recueillis par F.C.

pourra pérenniser les postes de contractuels per- manents dont la majorité sont déjà en CDI. Cette fina- lité ne concerne pas les agents recrutés temporairement sur des postes de rem-

personnel n’est pas plus malade ici qu’ailleurs. On est dans la moyenne, sauf peut-être sur la question de la souf- france au travail dont se plaint 23 % du per- sonnel. Rompre avec les habitudes est tou-

“Une autre manière de faire des soins.”

placement.

jours un exercice très difficile. Cette perte de reconnaissan- ce des métiers de la santé aug- mente la pression. On fonc- tionne beaucoup avec les usagers. Quelle que soit la plainte, on la traite en deman- dant aussi des comptes aux soignants. C’est aussi une façon de les protéger. On a la chan- ce à Pontarlier d’avoir de très bons professionnels. L.P.P. : Les syndicats s’inquiètent du nombre et du devenir des agents contractuels, qu’en pensez-vous ? D.B. : C’est un fait historique sur Pontarlier où il y a toujours

L.P.P. : L’organisation en pôles sus- cite aussi beaucoup d’interrogations… D.B. : L’hôpital est structuré pour l’instant en 7 pôles médicaux. Ce nombre devrait se réduire. Les fonctions attribuées aux chefs de pôle les inquiètent et leur font peur. Mais d’un autre côté, cela permet de rapprocher l’administration du soin. Exemple avec la gestion des déchets infectieux. Elle sera beaucoup plus efficace si elle est prise en compte au niveau de chaque pôle. Le grand sou- ci de la configuration en pôles,

Zoom Enquête nosocomiale de l’Express : le grain de sable qui noircit le tableau

I l nʼest jamais agréable de se retrouver sur la lis- te noire des hôpitaux pointés du doigt par lʼenquête publiée récemment dans lʼExpress. “Ce résultat mérite d’être relativisé car il correspond à une non- réponse à un seul des indicateurs sur quatre deman- dés et renseignés annuellement.” Dominique Bar- dou met cet oubli sur le compte dʼun défaut dʼorganisation. “Ce défaut, on ne peut que le déplo- rer et en assumer la responsabilité.” Lʼindicateur non renseigné, S.V.I.S.O., concerne la surveillance des infections du site opératoire. “Ne pas l’indiquer ne signifie heureusement pas

qu’on ne l’a pas fait. Le classement ne prend mal- heureusement pas en compte le fait qu’on soit en progression sur tous les autres indicateurs. On obtient même pour la deuxième fois la note opti- male “Classe A”, dans l’indicateur mesurant l’organisation, les moyens et les actions de pré- vention contre les infections nosocomiales (Ica- lin). En 2006, par exemple, on a enregistré en chi- rurgie une seule infection sur 116 opérations, soit un taux de 0,86 % alors que la moyenne nationa- le avoisinait 2 % dans notre catégorie d’établissement” explicite le directeur.

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