La Presse Pontissalienne 111 - Janvier 2009
Économie
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P ONTARLIER 400 heures de main-d’œuvre Les fines lames du montage de chasse-neige Tous les camions de déneigement qui circulent sur les routes du Doubs sont préparés au Parc matériel de l’Équipement à Pontarlier. Gros plan sur ce savoir-faire à l’avenir incertain.
À l’intérieur de la cabine, vue sur le boîtier commandant la gestion du système sel, saumure ou mélange des deux, c’est-à-dire la bouillie de sel.
D éneiger, c’est tout un art qui ne se limite pas seulement à l’organisation efficace des tour- nées ou au bon dosage du mélange saumure-sel. Encore faut-il disposer au préalable de l’outil adéquat. En l’occurrence, le chasse-neige équipé de façon à pouvoir affronter toutes les situations. Dans le département du Doubs, le montage des engins, c’est l’affaire d’une poignée de spécialistes qui œuvrent discrètement dans les ate- liers du Parc de l’Équipement de Pon- tarlier. “On gère une centaine de chas- se-neige. 85 tournent en permanence et les autres, souvent les plus anciens mais pas les moins fiables, servent en cas de problèmes imprévus” , note Jean-Yves Bouveret, le responsable du Parc matériel de l’Équipement à Pontarlier.À quelques exceptions près comme les fameux “Alpicrabe” affec- tés aux secteurs les plus enneigés du Haut-Doubs, la durée de vie d’un chasse-neige ne va guère au-delà de 15 ans. Non pas qu’il soit au bout du Les camions sont commandés un an à l’avance. Ils arrivent dans leur plus simple appareil, c’est-à-dire châssis nus. L’équipe qui va le transformer en chasse-neige regroupe 5 ou 6 per- sonnes aux compétences complé- mentaires en carrosserie, électricité, hydraulique, chaudronnerie… “Le camion est d’abord rallongé pour qu’on puisse y déposer la saleuse à l’arrière.” La saleuse en question est livrée prê- te à poser. Il faut ensuite installer la signalisation, l’aileron latéral, la plaque sur laquelle viendra se fixer la lame proprement dite, les circuits électriques et hydrauliques ainsi que les tableaux de commandes à l’intérieur de la cabine. Avant de prendre la route, le camion aura droit à une bonne couche de rouleau mais son rempla- cement peut s’avérer moins coûteux que son entretien à plus long terme. Aussi est-il nécessaire de renou- veler régulièrement cette flotte orange.
peinture anti-corrosion. La technique de montage a pas mal évolué avec les progrès technologiques et les régle- mentations. Adaptation nécessaire même si l’humidité, le sel, le froid ne font pas toujours bon ménage avec l’électronique comme le concède Charles Guerret, le responsable de la chaudronnerie. À force de monter des chasse-neige, de les entretenir et de les réparer, l’équipe a acquis une expérience irremplaçable. Ce savoir- faire lui permet ainsi d’intégrer des innovations techniques comme des systèmes de protection du châssis qui prolongeront la durée de vie du véhi- cule. “L’équipement complet d’un camion nécessite environ 400 heures de main-d’œuvre en atelier, soit envi- ron 1 mois de travail” , reprend Jean- Yves Bouveret. Signe précurseur ou pas des menaces qui pèsent sur l’avenir de l’atelier, les camions rattachés au réseau rou- tier non concédé de l’État comme les routes nationales sont acquis déjà montés par la Direction Interdépar- Il s’engagera au moins à hauteur du service rendu actuellement soit 70 % des moyens matériels et humains qui sont actuellement mobilisés à desti- nation de la collectivité territoriale. Cette perspective laisse planer plu- sieurs incertitudes. Qu’adviendra-t- il du personnel affecté aux autres missions du parc ? D’autre part, ce transfert se traduira peut-être par la volonté de privilégier l’achat de chasse-neige tout équipés ? Dans cet- te hypothèse, l’expérience prouve qu’il est souvent plus rentable de réparer et d’entretenir du matériel qu’on a installé soi-même. Sans parler du côté motivant de la chose. Et un agent motivé s’avère toujours plus effica- ce… F.C. tementale des Routes (D.I.R.). “On se charge jus- te de l’entretien.” Avec la départementalisation en cours, le Conseil général reprendra tout ou partie du parc de l’Équipement.
Autre adaptation bien pratique, la saleuse est protégée d’un arceau fait maison en cas de choc intempestif. “Tout est conçu pour éviter la ruptu- re de service”, indique Michel Chil- laron-Perez, le chef de l’atelier du parc.
Les châssis sont équipés de “twist block”, mécanisme de fixation per- mettant d’installer ou retirer les réservoirs contenant le sel et la saumure. L’équipe de montage déplace le réservoir sur l’autre côté du camion de façon à pouvoir installer l’aileron latéral. Les deux engins intervenant sur la R.N. 57 et la Route des Microtech- niques disposent d’une rampe de buses qui répartit la saumure à même la chaussée sur une largeur de 10 m.
Une centaine de chasse-neige.
Jean-Yves Bouveret, le responsable du parc, en compagnie de Robert Leclerc, le réceptionnaire technique et Michel Chillaron-Perez, le chef des ateliers.
Aussi increvable qu’impressionnant, “l’alpicrabe” reste un monstre de déneigement qui n’a qu’un seul défaut, celui de n’avoir pas de saleuse.
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