La Presse Pontissalienne 111 - Janvier 2009

Économie

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H OUTAUD Reprise par le groupe Roger Martin Roger Cuenot S.A. : 40 ans au compteur Cette entreprise de Travaux Publics qui emploie 42 salariés vient d’intégrer le groupe dijonnais Roger Martin. Stratégie qui rime avec nouvel élan.

C ette reprise remonte à un peu plus d’un mois et vise à péren- niser aussi bien l’emploi que l’activité de cette société qui a fêté ses 40 ans d’existence en 2008. “On aurait pu continuer mais pas dans les mêmes dispositions car cela supposait de repartir à 20 salariés, ce qui était inconcevable à nos yeux. Il ne restait plus que la solution de fai- re entrer partiellement ou complète-

bilité de partir dans un grand grou- pe national avec le risque sous-jacent de perturber sérieusement la concur- rence sur le plan local. En se tournant vers Roger Martin, on conserve fina- lement notre place. C’est plus sain. Cela implique bien sûr des change- ments au niveau du fonctionnement mais c’est toujours à nous de prendre les marchés.” Michel Cuenot estime ce rapprochement salutaire, sécuri-

L’entreprise a célébré son 40 ème anniversaire en décembre dernier.

non (Jura). De 48 salariés début 2008, l’effectif se réduit aujourd’hui à une équipe de 42 personnes. “Il s’agit uni- quement de départs en retraite non remplacés.” Michel Cuenot sait qu’en intégrant le groupe Roger Martin, il bénéficie d’un appui logistique et de qualifica- tions dont il ne disposait pas aupa- ravant. De quoi être encore plus per- formant sur les appels d’offres. “Si le travail vient à manquer localement, on pourra toujours intervenir sur d’autres chantiers du groupe.” Et garan- tir du travail à ses salariés. Par les temps qui courent, c’est déjà plus qu’appréciable. F.C.

exploitation agricole à Levier, ce der- nier, passionné de mécanique, n’hésite jamais à dépanner ses confrères. Il exerce dans le transport de bois, dans le déneigement. De fil en aiguille, il investit dans son premier tractopel- le et se lance dans les T.P. tout en continuant l’agriculture jusqu’en 1983. Ses 9 enfants dont 3 filles travaille- ront à ses côtés. Hormis Charles, les 5 autres garçons - Louis, Jean-Marie, Gilbert, Daniel et Michel - sont tou- jours présents. “On s’est d’abord déve- loppé sur Levier. En 1992, on a déci- dé de construire le local sur Houtaud dans l’idée de proposer une vitrine sur Pontarlier. La crise sévissait déjà dans les T.P. et cette tentative s’est avérée

être un fiasco. Le bâtiment fut ensui- te loué à diverses sociétés. On a fina- lement décidé d’y rapatrier nos bureaux en 1999 à l’époque où le Doubs est devenu pilote en terme de décentrali- sation.” L’installation du siège Roger Cuenot S.A. à Houtaud coïncide ainsi avec le transfert du Service Territorial d’Aménagement à Pontarlier. L’activité prospère notamment au cours de la dernière décennie. “On a fait beau- coup de chantiers routiers avant de se diversifier depuis quelques années dans l’assainissement.” L’entreprise investit également dans les carrières. Elle en possède 4 aujourd’hui à Cha- pelle-d’Huin, Frasne, Pessans et Dour-

sant et susceptible d’apporter un nouvel élan à l’entreprise. “2008 ne fut pas florissante mais 2009 s’annonce plus difficile pour les sociétés qui, comme la nôtre, fonctionnent beaucoup sur les appels d’offres publics. À cause du

ment un actionnaire. On a finalement opté pour la seconde solution” , explique Michel Cuenot, le respon- sable de ce qui est devenu par le fait l’une des antennes du groupe Roger Martin qui emploie 900

Plus performant sur les appels d’offres.

personnes et intervient sur de très gros chantiers comme celui de la L.G.V. L’année 2008 a également été mar- quée par le décès de Charles Cuenot, le P.D.G. de cette société familiale depuis 1988. Régler sa succession ne fut pas le chantier le plus facile à gérer en convient Michel qui lui suc- céda. “On avait également la possi-

manque d’activité, on observe déjà actuellement une chute vertigineuse des marchés avec des baisses de 25 à 30 %.” Michel Cuenot reste malgré tout confiant. Ce quarantième anniversaire célèbre en tout cas une belle saga familiale amorcée en 1968 par son père Roger Cuenot. Alors à la tête d’une petite

Le décolletage lance un appel au secours I NDUSTRIE 500 000 salariés Lionel Baud, le Président du Syndicat National du Décolletage s’est fendu d’un courrier au président de la République pour l’alerter sur la situation de la branche. Il apporte 10 propositions concrètes, dans la lignée du plan de relance de l’économie présenté en décembre dernier.

L a sous-traitance indus- trielle et notamment le décolletage et les indus- triesmécaniques emploient plus de 500 000 salariés enFran- ce, dans30 000entreprises,essen- tiellement des P.M.E. de moins de 250 salariés. Face à la conjoncture actuel- le, Lionel Baud, P.D.G. du grou- pe éponyme, tire la sonnette d’alarme et avance une dizai- ne de propositions. “La sous- traitance subit la crise de manière beaucoup plus forte que ses donneurs d’ordres : quand ceux-ci baissent aujour- d’hui d’environ 10 %, on enre- gistre ces dernières semaines des baisses chez les sous-trai- tants de 30 % à plus de 70 %. Autant dire que leurs faire- part de décès sont déjà quasi- ment publiés” alerte Lionel Baud. Quels sont donc les leviers structurels sur lesquels le syn- dicat du décolletage propose à Nicolas Sarkozy d’agir ? D’abord un moratoire sur le paiement des charges sociales et fiscales. “Nous proposons un report du paiement de ces charges pour la période allant d’aujourd’hui à fin juin 2009. Ce paiement serait étalé entre le deuxième semestre 2009 et 2010, et ceci sans inscription de privilège

au Greffe. Concernant les charges sociales, le précomp- te salarié serait payé norma- lement” soutient Lionel Baud. Deuxième mesure préconisée : “Les contraintes liées au chô- mage économique doivent être assouplies. Nous proposons une prise en charge par l’État à 100 % du solde à la charge de l’employeur (y compris au-delà de 35 heures), ainsi qu’une accé- lération et une homogénéisa- tion des procédures de chaque Direction Départementale du Travail. Ce temps de chôma- ge subi pourra être utilisé pour de la formation professionnel- le.” Ensuite, Lionel Baud pré- conise que la loi sur les délais de paiement soit appliquée au 1er janvier. “Nos entreprises ont déjà reçu des courriers de leurs fournisseurs pour leur rappeler leurs obligations… L’étau qui se resserre chaque jour risque de nous être défi- nitivement fatal.” Parmi les autres mesures avan- cées par les décolleteurs, il y a “l’assurance-crédit qui doit être moins pénalisante.” Il pense aussi la compétitivité des entre- prises doit enfin être libérée. “Comparons simplement notre situation et celle de nos amis allemands, illustre Lionel Baud : en 1998, date à laquel-

La sous-traitance industrielle emploie plus de 500 000 personnes en France.

notamment sur les leviers sui- vants, même s’ils ne sont pas les seuls : réaménagement de la taxe professionnelle, exo- nération totale et définitive de taxe professionnelle pour les investissements réalisés entre le 23 octobre 2008 et le 31 décembre 2009, baisse du taux deT.P. à 2,5 % de laValeur Ajoutée des entreprises de sous- traitance, puis de passer à 2 % en 2009, puis à 1,5 % en 2010 tous secteurs confondus.” D’autres mesures vitales com- me la réduction des charges sociales ou la diminution des impôts sur les sociétés indus- trielles et exportatrices revien- nent sur le tapis.

le les discussions autour des 35 heures ont débuté, le coût horaire de la main-d’œuvre était plus bas en France qu’en Allemagne (22,94 euros contre 23,60 euros). Dix ans plus tard, non seulement la tendance s’est inversée, mais l’écart est deve- nu insupportable pour nos entreprises : 31 euros contre 27 euros, soit 15 % de plus à notre plus grand détriment… Et si on ajoute encore à cet écart le poids de la Taxe Pro- fessionnelle (8 % en plus), com- ment peut-on faire dans ces conditions pour rester compé- titifs ? Nous sommes donc per- suadés que l’on peut baisser le coût du travail en agissant

Lionel Baud a voulu alerter le chef de l’État avant que ce dernier présente son plan de relance pour l’économie.

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