La Presse Pontissalienne 111 - Janvier 2009

Économie

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“L’avenir s’annonce plus difficile, mais nous allons faire face” G ILLEY Travaux Publics Directeur de l’entreprise Vermot T.P., Éric Vermot fait le point sur la conjonc- ture qui n’épargne aucune entreprise de travaux publics.

Éric Vermot : “Chez nous, le mot d’ordre est de garder le personnel.”

L a Presse Pontissalienne : Quelle ana- lyse faites-vous de la situation éco- nomique ? Éric Vermot : Jusqu’au premier semestre 2008, nous avons exécuté le carnet de commandes de 2007 qui était bon. À partir de l’été, on a observé un léger recul des appels d’offres. Le renou- vellement des commandes publiques ne s’est donc pas produit après les élections municipales, une période durant laquelle il y a toujours un flé- chissement de l’activité dans les tra- vaux publics. Ce qui est caractéris- tique de la crise actuelle, c’est que nous n’avons aucune visibilité dans le temps. L’ensemble de la profession souhaite que les collectivités repren- nent à nouveau le rythme des inves- tissements en 2009. Grâce à elles, les T.P. réalisent 75 % de leur chiffre d’affaires en moyenne. Ce sont les collectivités qui vont être le détona- teur de la reprise. L.P.P. : Vous attendez donc beaucoup des budgets 2009 des collectivités ? E.V. : C’est vrai, mais il faut aussi que le Conseil général joue un rôle de levier auprès des collectivités locales en les accompagnant dans leurs inves- tissements. Une subvention du Conseil général peut faire aboutir un projet.

C’est un coup de pouce nécessaire. Le Département doit trouver le jus- te équilibre entre une politique d’investissement et la politique socia- le qui se renforce pendant cette pério- de de doute. L.P.P. : Il n’y a eu aucun signe avant-cou- reur de cette crise ? E.V. : Nous avons vécu des années exceptionnelles en terme d’activité

E.V. : Notre objectif est de reconsti- tuer le plan de charge pour que l’entreprise puisse travailler norma- lement. Il faut faire preuve d’optimisme sans nier la réalité. L’avenir s’annonce plus difficile, mais nous allons faire face. Nous avons toujours passé les crises et nous pas- serons encore celle-ci. Je pense cepen- dant que la conjoncture actuelle n’épargnera aucune société. Chacu- ne d’elles a ses propres marges de manœuvre pour continuer à avancer com- me nous avons les nôtres. Ce qu’on espère, c’est que cette crise sera la plus limi- tée possible dans le temps et que l’économie suisse tien- dra bon pour que le Haut- Doubs maintienne son niveau de richesse. L.P.P. : Comparée à la même époque en 2007, l’activité de votre entreprise a recu- lé dans quelles proportions ? E.V. : L’activité a baissé de 10 à 15 %. L.P.P. : Dans certaines entreprises de T.P., on parle de chômage technique. La ques- tion a-t-elle été évoquée chez Vermot T.P. ? E.V. : Le mot d’ordre est de garder le personnel. Le chômage technique

attention à l’estimation d’un projet faite par un maître d’œuvre qui peut être différente de celle de l’entreprise. La société de T.P. peut apporter des solutions techniques et innovantes qui permettent d’aboutir à un coût de réalisation inférieur à l’estimation initiale, ce qui est le cas à Fournets- Luisans. L.P.P. : La situation actuelle pousse des entre- prises de T.P. à aller chercher des chantiers loin de leur base. C’est votre cas ? E.V. : Non.Notre intérêt est de travailler dans un rayon de 20 à 30 km autour de notre base. C’est beaucoup simple pour gérer et encadrer le chantier. L.P.P. : Que dites-vous à vos salariés sur la conjoncture ? E.V. : Chaque fois que l’on réunit le comité d’entreprise, on dresse un état des lieux du résultat et on évoque l’avenir. L’idée n’est pas de faire du catastrophisme sans cacher la véri- té. Une fois encore, il faut faire preu- ve de réalisme. Nous allons relever le défi. Propos recueillis par T.C.

n’est pas du tout à l’ordre du jour. Nous sommes une entreprise pater- naliste qui emploie 140 permanents. On connaît nos collaborateurs et leur famille. En cela, nous avons une res- ponsabilité sociale. Nous collaborons aussi avec une quinzaine d’intérimaires dont on arrête le contrat en fonction des intempéries, ce qui est le cas actuellement. Il est prévu que nous les reprenions au printemps, preuve qu’il y a encore des perspec- tives. Toutefois, nous avons des charges fixes et il nous faut des chantiers pour faire fonctionner la structure. L.P.P. : La rareté des appels d’offres accen- tue la concurrence entre les sociétés de T.P. qui ont tendance à pratiquer des prix à la baisse pour décrocher des marchés. La com- mune de Fournets-Luisans en a fait l’expérience récemment puisque vous avez enlevé le chantier à un coût de 35 % infé- rieur à celui de l’estimation. Les entreprises de T.P. ont-elles obligation de prendre des chantiers coûte que coûte ? E.V. : Toutes les entreprises ont besoin de travailler. Forcément, si le mar- ché se réduit, la concurrence s’intensifie. Ceci étant, il faut faire

depuis le début des années 2000.Toutes les entreprises ont investi et se sont déve- loppées. La conjoncture s’est retournée brutalement du jour au lendemain. Nous avions des indicateurs de fléchissement pour la fin de l’année 2008mais nous espé-

“Nous avons une responsabilité sociale.”

rions un atterrissage en douceur et pas un recul aussi brutal. Je crois cependant qu’il ne faut pas tout noir- cir, il y a encore de l’activité. Je pen- se que ça va repartir. Beaucoup de collectivités sont prêtes à investir mais elles sont aujourd’hui dans l’attente d’une meilleure visibilité à court terme. L.P.P. : Quelle est la stratégie adoptée par l’entreprise Vermot T.P. pour faire face à cette situation ?

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