La Presse Pontissalienne 111 - Janvier 2009

Mouthe - Région des lacs

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E NVIRONNEMENT Pose d’émetteurs Le retour de l’écrevisse à pattes blanches Cette espèce autochtone fait l’objet d’un programme de réintroduction lancé depuis 2006 dans la réserve naturelle du lac de Remoray. Séquence réhabilitation.

L’ écrevisse à pattes blanches n’a pas totalement dispa- ru dans le Doubs. Il sub- siste encore une trentaine de populations concentrées dans quelques petits ruisseaux. On est loin des densités observées dans les années soixante-dix. À l’époque, les engins de chan- tier qui réalisaient les travaux de rectification du Drugeon en sortaient par godets entiers. Depuis, cette espèce emblé- matique de la qualité des cours d’eau et qui accompagne d’ailleurs souvent la truite a fortement régressé. La modi- fication de son habitat par l’homme, les pollutions agri- coles et domestiques expliquent en grande partie cette dégra- dation. À quoi il convient d’ajouter l’expansion catas- trophique des écrevisses amé- ricaines introduites en toute illégalité. Ces dernières entrent non seulement en compétition avec l’espèce indigène mais

elles sont également porteuses saines de maladies mortelles comme la sinistre peste de l’écrevisse. Conséquence : l’écrevisse à pattes blanches était considé- rée comme une espèce prati- quement disparue dans la réserve de Remoray. “La ques- tion d’une réintroduction était envisagée depuis plusieurs années dans le plan de gestion” , indique Bruno Tissot le conser-

Jadis présente en abondance dans les ruisseaux du Haut-Doubs, l’écrevisse à pattes blanches a pratiquement disparu.

Au total, 825 écrevisses à pattes blanches sont déplacées à l’intérieur de la réserve de Remoray. La troisième et der- nière séquence a lieu en sep- tembre dernier avec la pose d’émetteurs sur une quinzai- ne d’individus. L’exercice est une première en France. “Ce suivi permet de comprendre les comportements. Après deux mois, on constate que les indi- vidus restent là où on les a dépo- sés. Il faudra attendre aumoins 3 ou 4 ans pour avoir un avis probant sur la réussite ou pas de l’opération” , conclut Bruno Tissot. F.C.

lant la participation d’autres partenaires comme l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques ou les chercheurs universitaires. La campagne débute en 2006. Il faut d’abord trouver des cours d’eau où l’écrevisse à pattes blanches abonde. “On ne prend jamais plus d’1 % de la popu- lation donneuse.” Les prélève- ments sont effectués dans plu- sieurs cours d’eau jurassiens. Seconde étape du protocole, la réintroduction se déroule en trois séances dans les ruis- seaux de L’Haut et duVurpillot. “L’objectif est d’acquérir une expérience de façon à pouvoir la répliquer, d’où l’intérêt de cibler deux ruisseaux différents.”

adéquates. La réserve de Remo- ray est l’unique site retenu dans le Doubs. “Comme les tra- vaux de rénovation des milieux humides étaient déjà réalisés, il manquait juste la réintro-

vateur. Par un heu- reux hasard, cette perspective coïncide avec les projets menés au Parc naturel régio- nal du Morvan “mis- sionné” pour piloter un programme Life européen autour cet- te problématique de sauvegarde. La réflexion entre

duction pour finir le travail” , justifie Pier- re Durlet, le coordi- nateur du program- me au Parc naturel régional du Morvan. Ce type d’opération est très rare dans les réserves où l’on pri- vilégie plutôt le repeuplement endé- mique. “Du fait de cet-

825 écrevisses à pattes blanches déplacées.

15 individus ont été équipés d’émetteurs en septembre 2008.

Franc-Comtois et Bourguignons s’instaure à partir de 2003 en vue de déterminer les actions

te rareté, on a très peu de retours d’expériences scientifiques” , reprend Bruno Tissot en signa-

M ASSIF DU J URA

Validation en 2010 Le parc du Haut-Jura s’étend sur le Haut-Doubs

Cette extension concerne six communes retenues par le Conseil régional. Elles inté- greront l’espace labellisé “parc naturel régio- nal” à partir de 2010. Raisonnons Massif.

L e parc naturel régional duHaut- Jura révise sa charte. En l’occurrence sa troisième char- te qui définira le projet de ce terri- toire de 2010 à 2022. Le périmètre d’étude passera alors de 110 à 120 communes. Les trois départements sont concernés par cette extension. Dans l’Ain, il y a les villages d’Échallon et Challex. Dans le Jura, Syam et Frasnois. Le Doubs représente le gros de la nouvelle troupe avec six nou- velles communes, à savoir : Remoray- Boujeons, Labergement-Sainte-Marie, Rochejean, Fourcatier-et-Maison-Neu- ve, les Longevilles-Mont d’Or et Jougne. “Ce périmètre est établi sur la base des propositions des communes. Les régions Rhônes-Alpes et Franche- Comté valident ensuite les candida- tures. Les six communes retenues sur le Haut-Doubs ont été les premières à postuler” , explique PhilippeAndlauer, le directeur du parc naturel. La cohérence territoriale préside à cette extension qui se poursuit sans discontinuité. “Il n’est nullement ques- tion d’évoquer une logique d’expansion ou une stratégie de développement ter- ritorial du parc. La demande émane d’abord des communes et ce sont ensui- te les deux régions qui fixent les limites” , tient à préciser Jean-Gabriel Nast. Le président du parc rétorque égale- ment à ceux qui pourraient s’étonner de voir aussi le Haut-Jura s’élargir

bien au-delà de ses frontières dépar- tementales : “Il faut appréhender le Haut-Jura comme l’espace englobant les zones hautes du massif.” La com- munauté de communes des Hauts du Doubs sera intégrée dans sa globali- té. Ce n’est pas encore le cas de celle du Mont d’Or et des Deux Lacs qui en avait pourtant exprimé le désir. “Trop d’un seul coup” , tente de justi- fier le directeur.À signaler que Méta- bief ne s’était pas expressément mani- festée sur la question. En rentrant dans le nouveau péri- mètre, le lac de Remoray et sa réser- ve naturelle apportent de quoi consti- tuer un pôle environnemental de première importance. Et peut-être aussi de sécuriser l’avenir de la Mai- son de la Réserve qui n’arrive tou- jours pas à sortir la tête de l’eau (voir article page suivante). “Le parc appel- le une notoriété, un projet qui dépas- se les contingences locales. Il n’est pas question de superposition de compé- tences avec celles exercées par les col- lectivités existantes” , note encore Phi- lippe Andlauer. Cette extension vers le Nord soulève bientôt la question du statut de la vil- le de Pontarlier. Si Jean-Gabriel Nast estime qu’une telle ville mériterait tout à fait sa place dans le parc, c’est encore un peu prématuré. Pour l’heure, on accorderait davantage le statut de ville-porte à la capitale duHaut-Doubs

comme c’est déjà le cas de Champa- gnole ou Bellegarde-sur-Valserine. “Cela fonctionne sur le principe d’échange mutuel. La ville-porte béné- ficie de l’image et peut également par- ticiper aux projets développés à l’échelle du parc qui en retour peut profiter ou s’appuyer sur les services adminis- tratifs ou commerciaux en place dans ladite ville” , décrypte le directeur. Aujourd’hui, le président estime qu’il serait dangereux d’envisager la créa- tion d’une antenne du parc sur le Haut-Doubs. “Il y aurait trop de risque d’éclatement. Par contre, il est clair qu’il faudra plus de techniciens du parc sur ce secteur.” F.C. Jean-Gabriel Nast, le président du parc, parle d’extension et non pas d’expansion.

En 2010, le parc naturel régional serait aux portes du lac et de la sta- tion de Métabief en attendant de se rapprocher de Pontarlier qui pourrait être une ville-porte.

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