La Presse Bisontine 97 - Mars 2009

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 97 - Mars 2009

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MARCHAUX-CHAUDEFONTAINE Dialogue de sourd Le développement économique arrêté pour 800 mètres Chaudefontaine dit non à l’implantation de la zone d’activité écono- mique faute d’avoir obtenu la création de la voie de contournement du village qui lui avait été promise. Le Grand Besançon a lancé un appel “à la raison” mais la réalisation tombe à l’eau !

C haudefontaine,210 habi- tants, une mairie, une chapelle. Jusque-là, tout ce qu’il y a de plus nor- mal. Mis à part que la bourga- de qui n’a rien d’un village gau- lois, a décidé de défendre son identité en s’opposant à la créa- tion d’une zone d’activité écono- mique (Z.A.E.) de 71 hectares, alors que celle-ci devait sortir de terre l’an prochain au croisement de la route départementale 486 et l’autoroute A 36. Développement économique et qualité de l’habitat ne font visi- blement pas bonménage depuis que les Chaudefontenois ont balayé un projet économique vieux de dix ans, déclaré d’intérêt communautaire depuis le 14 sep- tembre 2001. Interrogés par leur municipalité lors d’une consul- tation en fin d’année dernière, les habitants ont refusé à 75 % la création de cette zone dépour- vue d’une déviation qui per- mettrait au trafic routier d’éviter le bourg. À la Communauté d’Agglomération, c’est l’incompréhension. “Que les habi- tants ne viennent pas se plaindre s’il n’y a pas d’investissement sur leur secteur. En refusant cette zone, ce seront eux les plus péna- lisés” déplore Jean-Louis Fous- seret, président de la C.A.G.B. L’argument semble recevable d’autant que des milliers d’euros ont été investis. Pourtant, celui- ci fait bondir de sa chaise Jacky Louison, le maire de Chaude- fontaine : “Nous avons toujours été favorables à cette zone,à condi- tion qu’il y ait le contournement

dumaire et de sa population car cela poserait d’immenses tracas administratifs.Rageant, d’autant qu’une zone de services aurait pu voir le jour à deux pas de l’A 36. “On aurait pu imaginer à terme des hôtels” , dit Jean-Louis Fousseret. “C’est dommage” , conclut Jacky Louison soutenu par une grande majorité de son

du village. C’est ce qui avait été dit au départ.” Cela a même été écrit puisque la déviation est mentionnée dans le nouveau plan local d’urbanisme (P.L.U.). Le projet économique visant à implanter des entreprises indus- trielles et logistiques - déjà d’actualité sous l’ancien conseil municipal dirigé parAlainCuche - avait en effet été vendu avec cette promesse.Aujourd’hui, tout est passé à l’as. Chaudefontai- ne crie au scandale et ne sou- haite pas porter le chapeau : “À chaque fois que le C.A.G.B. par- lait de la zone, elle oubliait la déviation. Elle a cru que nous allions nous lasser et accepter. Manque de pot, nous sommes sur le même objectif : la zone oui, mais avec la déviation.” L’Agglo a-t-elle trahi sa parole ? Difficile de répondre “puisque ceux qui nous ont promis des choses il y a dix ans ne sont plus là” , dit le maire de Chaudefon- taine. Toujours est-il que la construction de cette route qui supporterait un trafic de 8 000 véhicules par jour, n’est pas de la compétence de la C.A.G.B. mais du Conseil général du Doubs. La Communauté d’Agglomération ne se substi- tuera donc pas au Département. “Cette déviation ne fait que 800 mètres. Elle éviterait aux véhi- cules de revenir sur leurs pas lorsqu’ils arrivent de Roulans” , argumente Jacky Louison qui ne se fait plus d’illusions. Plus qu’en suspens, la Z.A.E. est aujourd’hui abandonnée. L’Agglo ne souhaite pas aller à l’encontre

conseil municipal. Actuellement, la vente de ter- rains situés à la sortie du villa- ge est bloquée. L’arrivée de futures entreprises l’est encore plus.À trop vouloir sa déviation,

Chaudefontaine se retrouve dans une impasse où la C.A.G.B. n’a visiblement pas envie de s’engouffrer. Le développement économique est stoppé ! E.Ch.

La zone de Marchaux- Chaudefontaine ne verra jamais le jour.

ÉCONOMIE

Vers le péage

La zone naîtra à Marchaux Quelle que soit la décision de son voisin, Marchaux va lancer le projet sur une quinzaine d’hectares. La C.A.G.B. peut souffler : ses milliers d’euros déjà investis ne seront pas - tous - gaspillés. Les autres communes du canton pensent déjà à un retour sur investissement.

L es enjeux autour de la future zone économique sont trop importants pour que Marchaux décide de faire marche arrière com- me est en passe de le faire son voisin Chaudefontaine. “Pour nous, c’est vrai que le problème est différent puisque nous avons une déviation, admet BrigitteVionnet,mai- re de Marchaux. Mais refu- ser la zone : c’est repartir pour 30 ans sans rien dans l’Est de Besançon. Le projet ne s’arrêtera pas !” À l’image de sa première magistrate, la commune est

décidée à conduire le projet à son terme quoiqu’il advien- ne. Certes, on ne parle plus de 50 hectares destinés à accueillir des entreprisesmais environ une quinzaine.Mar- chaux aurait pu en com- mercialiser dix de plus. Pro- blème : l’enquête archéologique interdit des constructions sur une partie du foncier disponible.La com- mune s’en contente donnant son feu vert à la Commu- nauté d’Agglomération du Grand Besançon. Elle espè- re au passage obtenir envi- ron 35 000 euros par an du

fonds de compensation de la taxe professionnelle. Pour l’anecdote, Chaudefontaine aurait pu en récupérer 90 000. Ce bénéfice pourrait néan- moins passer sous le nez des communes à écouter la volon- té du président de la Répu- blique Nicolas Sarkozy de supprimer la T.P.À suivre… La décision deMarchaux est une satisfaction pour la C.A.G.B., qui rappelons-le, a lourdement investi. Autant matériellement que finan- cièrement. Pas loin de 10 000 euros ont été néces- saires pour les études archéo- logiques, sans compter l’embauche d’un personnel à contrat à durée déterminé de six mois pour l’étude de faisabilité.Une broutille com- parée aux milliers d’euros posés sur la table afin d’acquérir les disponibilités foncières. Quelques hectares sont encore en cours d’acquisitionmême si les pro- priétaires fonciers font grim- per les prix. C’est de bonne guerre. La Z.A.E. naîtra donc à deux pas de l’échangeur et du péa-

ge. En plus de changements, elle induira “d’autres projets comme l’extension de la caser- ne des sapeurs-pompiers (350 000 euros pour la réfec- tion de l’ancien bâtiment de la D.D.E.), l’assainissement, et peut-être la création d’une nouvelle station d’épuration” , explique le maire de Mar- chaux. Plutôt que des entre- prises de logistique, des P.M.E.-P.M.I. s’installeront. Leur nombre n’est pas défi- ni “mais on espère 1 000 emplois et l’arrivée de jeunes” calcule BrigitteVionnet. Un chiffre loin d’être anecdotique dans le contexte économique actuel. Les autres communes du can- ton de Marchaux tenteront de se tailler une part dans le gâteau. Après avoir partici- pé financièrement à la créa- tion de l’échangeur autorou- tier, Braillans, Novillars, Ollans, Champoux (…) espé- reront en effet un retour sur investissement. La Z.A.E., une cerise sur un gâteaumor- celé…

E.Ch.

Brigitte Vionnet, maire de Marchaux, désigne l’espace qui accueillera des petites et moyennes entreprises. C’est à deux pas de l’échangeur autoroutier.

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