La Presse Bisontine 97 - Mars 2009

La Presse Bisontine n° 97 - Mars 2009

DOSSIER

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ÉNERGIE

8,6 centimes d’euro Branché, le Dessoubre Depuis trois générations, la famille Joliot utilise l’eau du Dessoubre pour produire de l’électricité grâce à sa microcentrale installée à Rosureux. Elle approvisionne environ 290 foyers. Visite.

D e l’énergie à revendre, bien sûr que le Dessoubre en possède. Rivière encaissée dans une étroi- te vallée, elle fait fonctionner trois centrales hydroélectriques sur ses 33 kmde cheminement allant du cirque de Consolation en amont pour rejoindre Saint-Hippolyte en aval. À Rosureux, la famille Joliot a capté et

dompté la force du cours d’eau pour pro- duire de l’hydroélectricité qu’elle revend ensuite à Électricité de France (E.D.F.). Voilà quarante-six ans que ça dure. “La centrale a été construite en 1963 par Jules Joliot qui possédait une scierie” , se souvient Jean-Paul Machado, l’actuel gérant qui a repris le flambeau en suc- cédant à Bernard Joliot, son beau-père.

tionnait ! Nous avons pu alimenter E.D.F.” , se remémore le gérant. Contrai- rement aux idées reçues, ce n’est pas un fort débit d’eau qui permet de gagner en production mais un débit régulier. Quatre mètres cubes seconde permet- tant de produire 250 kW à l’heure. Une fois l’eau passée dans la grille, elle descend 8,40 m plus bas via un large tuyau. L’énergie potentielle de la chu- te d’eau devient alors une énergieméca- nique en passant dans une turbine de typeOssberger.Elle se transforme ensui- te en énergie électrique grâce à une génératrice. L’électricité est ensuite conduite sur le réseau grâce à une ligne à haute tension (20 000 volts). Depuis l’automatisation de la micro- centrale, le gain de productivité est sen- sible “puisque le nettoyage de la grille est effectué régulièrement.” Néanmoins, les périodes d’étiage (basses eaux) ou à l’inverse, une forte crue, peuvent stop- per la production. “Nous ne sommes pas non plus à l’abri d’une panne” , détaille le producteur d’électricité qui a dû cou- per sa production quelques jours durant à la suite d’une pannemécanique. Dans ce cas précis, ce sont des entreprises spécialisés ou E.D.F. qui interviennent. Pas question de toucher les fils élec- triques…Rénovée, l’installation deman- de de l’attention : “Une branche ou une forte montée des eaux peuvent générer des problèmes. En cas de panne, la cen- trale se coupe et se place en sécurité.” Aucun danger donc. Revendre de l’hydroélectricité, est-ce rentable ? “J’ai un contrat de 20 ans qui me lie à E.D.F. Il y a un tarif été, un autre hiver…Disons que c’est un inves- tissement à long terme” , répond le pro- ducteur. Contrairement au photovoltaïque - ache- té jusqu’à 65 centimes d’euro le KwH - , lui le revend moins cher. Environ 8,6 centimes aumeilleur tarif. Qu’importe, il perpétue une tradition familiale. Et cela n’a pas de prix selon lui, surtout lorsque c’est bon pour l’écologie. E.Ch.

Le dégrilleur automatique permet de limiter l’intervention humaine. Ainsi, la microcentrale produit de l’électricité 24 heures sur 24.

“Certains investissent dans une maison. Nous, nous avons choisi la microcen- trale afin qu’elle reste dans le giron familial” , explique l’homme qui possède undroit fondé en titre pour utiliser légalement la force de l’eau. En plus d’être renouvelable, l’énergie produite est “propre” selon lui, d’où cet intérêt à la fois écono- mique…et écologique. “C’est une centrale au fil de l’eau. Cela veut dire que nous n’intervenons pas sur le débit de la rivière. Le débit qui arrive par un canal est le même en ressortant” , explique Jean-Paul Macha- do. L’impact de cette struc- ture sur la faune piscicole serait limité.Mieux, en sor- tant des turbines, l’eau per- mettrait de “ré” oxygéner le Dessoubre en été. Après avoir visité d’autres microcentrales, il a décidé de moderniser son installa- tion en investissant près de 40 000 euros dans la pose d’un dégrilleur automatique et d’une caméra. Ainsi, le voilà relié sept jours sur sept avec sa centrale histoire de gérer au mieux une panne. “Je reçois également des S.M.S. sur l’électricité pro- duite” , dit-il. Résultat : sa centrale permet d’éclairer environ 290 foyers. “En 1999, lors de la tempête, elle fonc-

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L’eau s’écoule 8,40 m plus bas via un tuyau. La force hydraulique alimente la turbine.

titre ou concession préfectorale de 40 ans est obligatoire. Prix dʼachat de lʼélectricité. Deux tarifs sont en vigueur été et hiver. Le prix de vente de base varie de 3,4 centimes dʼeuro par KwH à 8,6 centimes. Débit. Pour une production dʼélectricité optimale dans le cas de cette microcentrale, le débit du Dessoubre doit avoisiner les 4 m3. Un canal de dérivation permet de gérer les fluctuations de débit du cours dʼeau en cas de crue.

En bref… Microcentrale. Cʼest lʼadjectif carac- térisant les installations dont la puissance varie entre 20 et 500 kW. Droit. Construite en 1963 par Jules et Jeanne Joliot, la centrale pos- sède un droit fondé en titre anté- rieur à 1789. Il est transmissible soit par vente ou héritage. Pour ce référé à ce droit, il existe la car- te de Cassini ainsi que le traité de Nimègue (1678) pour la Franche- Comté. Pour installer une centra- le, lʼobtention de ce droit fondé en

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