La Presse Bisontine 95 - Janvier 2009

DOSSIER

17

COMMENTAIRE Gilbert Jacquot “Nous sommes face à une crise vertigineuse”

Le président de la Fédération Régio- nale des Travaux Publics alerte les col- lectivités sur le rôle qu’elles ont à jouer pour sortir les T.P. de la crise en relançant la commande publique.

malheureusement pas celui des personnes en insertion. Les entreprises commencent à avoir des problèmes de carnet de com- mande et les collectivités ne doi- vent pas s’en réjouir. L.P.B. : Que pensez-vous du plan de relance annoncé par Nicolas Sarko- zy ? G.J. : Le plan de relance est très positif, car l’État a pris conscien- ce qu’il fallait relancer la machi- ne par l’investissement. L’annonce qui a été faite d’accélérer le remboursement de la T.V.A. aux collectivités va dans le bon sens à condition que ce gain serve l’investissement. L.P.B. :Toutefois, il n’y a plus de grands chantiers dans la région. Cette réali- té s’ajoute à une évolution défavo- rable de la conjoncture. Comment pou- vez-vous réagir ? G.J. : En Franche-Comté, les grands chantiers arrivent à ter- me. La mise en trois voies de l’autoroute A 36 se termine ain- si que la construction de la ligne L.G.V. Pour nous, c’est un pro- blème. C’est pourquoi la F.R.T.P. s’est lancée dans le recensement de tous les projets que peuvent avoir les collectivités en Franche- Comté. On pense qu’il y en a entre 200 et 500 dans la région et 10 000 en France. L’idée est de voir avec elles dans quelle mesure elles peuvent engager les travaux. Si elles sont sur la

réserve, nous voulons essayer de savoir pourquoi avant de leur proposer un accompagnement pour lancer le projet. L.P.B. : Vous êtes engagé dans une bataille pour l’emploi ? G.J. : Chaque mois gagné, ce sont des emplois sauvés. Les collec- tivités doivent le comprendre. Cependant, leur position est elle aussi défendable.Avec la dégra- dation de la conjoncture, elles redoutent que les dépenses sociales s’accroissent. C’est pré- cisément maintenant qu’il faut investir pour inverser la ten- dance. Je rappelle qu’en Franche- Comté, les T.P. emploient 6 000 personnes (dont 2 600 dans le Doubs) dans 340 entreprises. L.P.B. : Le moral des entrepreneurs est au plus bas en cette fin d’année ? G.J. : Il n’est pas bon. Les entre- preneurs sont passés d’une situa- tion confortable il faut le recon- naître, à une situation difficile. Le secteur des travaux publics en Franche-Comté surfait sur le haut de la vague, et d’un coup il se retrouve face à une crise vertigineuse. En quelques mois, le carnet de commande des entre- prises est passé de 5 mois à 2,5 mois. Propos recueillis par T.C

L a Presse Bisontine : Les Travaux Publics ont-ils déjà traversé une telle crise ? Gilbert Jacquot : Actuellement, ce qui nous manque, c’est de la visi- bilité. On sort d’une année élec- torale, une période où les inves- tissements sont toujours moindres. Or, en septembre, alors que nous attendions une reprise, nous avons glissé dans une crise

G.J. : Les appels d’offres sont divi- sés par trois ou quatre. Nos car- nets de commandes fondent et il n’y a pas de signe de reprise. La crise est très brutale. Va-t- elle durer ou non ? Nous n’en savons rien. C’est la raison pour laquelle la Fédération Régio- nale des Travaux Publics inter- pelle les élus locaux. En Franche- Comté, les chantiers pour les collectivités représentent près de la moitié du chiffre d’affaires des entreprises de T.P. Si elles ne relancent pas l’investissement, il y aura des conséquences sur l’emploi. Nous sommes dans un secteur qui a beaucoup recruté ces dernières années. Si les communes, com- munautés de communes, Conseils généraux choisissent de ne pas entreprendre, nous allons fragiliser tout un dispo- sitif que nous avons créé ensemble par favoriser l’insertion de personnes en difficulté dans nos sociétés. En cas de réces- sion, nous pérenniserons en prio- rité l’emploi de personnes qua- lifiées compétentes et

d’abord finan- cière puis éco- nomique. Nous sommes dans une situation que nous n’avons jamais connue et nous ne savons pas quand tout cela va s’arrêter. L.P.B. : Les collec- tivités tiennent la clé de vos pro- blèmes. Il faudrait qu’elles relancent la commande publique ?

“Les collectivités ne doivent

pas s’en réjouir.”

Gilbert Jacquot : “Chaque mois gagné, ce sont des emplois sauvés.”

BESANÇON Un programme décalé La construction retrouverait- elle des bases saines ? L’entreprise de construction D e Giorgi qui a plusieurs projets en cours à Besançon n’est pas fataliste. La situation serait même “normale.”

“D ans l’ensemble, on seplaint pas.” PatrickDe Giorgi, co-responsable de l’entreprise éponyme, ne cède pas au pessimisme ambiant. Il reconnaît un tassement de l’activité, mais pas au point de parler de récession comme l’observent d’autres acteurs du marché. De Giorgi, société de 100 personnes, spé- cialisée dans la construction, a plusieurs programmes en cours sur Besançon dont un, rue de Belfort, pour lequel il reste enco- re une dizaine d’appartements à vendre. “C’est vrai, on remarque un tassement au niveau des ventes. Cependant, depuis peu, les investisseurs semblentreprendreconfian- ce” observe Patrick De Giorgi. Ce temps mort dans la commercialisation des biens retarde la sortie de terre d’un nouveau programme à Bregille. “Nous lan- cerons Bregille lorsque tous les logements de la ruedeBelfort auront étévendus” dit- il. Pas de précipitation donc, la prudence est de mise.

Cette entreprise qui crée entre 30 et 50 logements par an en a déjà bâti plus de 400 dans la capitale régionale, “et il nous reste encore deux terrains en attente de permis de construire.” Patrick De Giorgi est particulièrement rassurant. Selon lui, la conjoncture n’est pas exceptionnelle. Le bâtiment a déjà traversé d’autres périodes difficiles comme au début des années quatre-vingt et au début des années quatre- vingt-dix. Tout cela serait cyclique. “Il y a des hauts et des bas, je pense que tout cela repartira mais tout doucement. C’est une question de temps.” Les prix dans l’immobilier ont baissé et lemarché retrou- ve des bases plus saines. En attendant, le marché ralentit. La direction de De Gior- gi l’admet. Toutefois, la société pontissa- lienne avoue moins ressentir les soubre- sauts de la conjoncture car elle s’est diversifiée dans plusieurs domaines. L’immobilier en est un mais son corps de métier est le gros œuvre.

De Giorgi a diversifié son activité qui ne repose pas seulement sur la construction de

programmes immobiliers.

Made with FlippingBook - Online catalogs