La Presse Bisontine 92 - Octobre 2008

BESANÇON

La Presse Bisontine n°92 - Octobre 2008

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LA POLÉMIQUE DU MOIS Culture Accrorap va grandir ailleurs… La nomination de Kader Attou au Centre Chorégraphique National de La Rochelle est tombée le 5 septembre. Le chorégraphe et directeur artistique de la Compagnie Accrorap installée à Besançon depuis 1997 s’en va, le hip-hop fait son entrée dans “l’institution culturelle” et Besançon laisse une fois de plus partir ses talents.

EN BREF

Librairie L’extension du magasin Camponovo à Besançon a été autorisée par la Commission Départementale d’Équipement Commercial. L’extension est de 349 m 2 pour un existant de 1 433 m 2 . Guide Les éditions Cêtre présentent la collection “Sur les pas de…”, des mini-guides destinés aux enfants de 8 à 12 ans pour leur expliquer l’histoire des villes de Franche-Comté à travers leurs principaux monuments. Les trois premiers titres sont consacrés à Besançon, village natal. Elle est richissime et le village est au bord de la faillite. Elle réclame réparation des injustices qu’elle a subies autrefois dans ce village. Les langues se délient, les vieilles haines ressurgissent. Friedrich Dürrenmatt fait la description d’une société où l’hypocrisie et la perversion suscitées par l’argent corrompent même l’idée de la justice. Par la compagnie Coloquinte, au Petit Kursaal, vendredi 24 et samedi 25 octobre à Vesoul et Lons-le- Saunier. Suivront Pontarlier, Montbéliard et Belfort. Rens. 03 81 61 98 67. Théâtre Une vieille Dame revient dans son

“C’ est énorme. C’est la pre- mière fois qu’une com- pagnie de danse hip-hop prend la direction d’un C.C.N. (centre chorégraphique national). C’est pour nous la consécration après 20 ans de travail autour de cette forme artis- tique nouvelle” se félicite Gilles Ron- dot, administrateur d’Accrorap. Le succès de “Petites histoires.com”,

Gilles Rondot et Kader Attou

dernière création de Kader Attou, “qui fait l’unanimité auprès de la pro- fession, du public et de la critique” a certes pesé dans la balance mais pas seulement. Le projet de Kader Attou a séduit le ministère, la ville de La Rochelle comme la région Poitou- Charentes, trois instances pourtant pas franchement du même bord. “On a envie que ça dynamise tout le mou-

ge) voit en Besançon “une ville ennuyeu- se” (9 février 1987). Le dramaturge lui préférera Paris dès janvier 1988, évo- quant “le climat médiocre de la cul- ture locale” (21 mai 1988). Avant, il y avait eu le projet de C.C.N. justement, parti à Belfort.

vement. La France est le seul pays à avoir fait émerger des compagnies hip-hop. On veut défendre les nou- velles danses, partager l’outil, tra- vailler avec les associations et les scènes nationales. On souhaite aus- si créer une formation internationa- le de danseurs-interprètes et devenir un lieu de recherche” explique Gilles Rondot. Les ambitions sont grandes, la joie est immense et le départ de Besançon pas plus triste que ça car devenu incontournable. Rester signi- fiait “incapacité, impossibilité d’évoluer.” Les trois permanents de la Compa- gnie s’installeront à La Rochelle d’ici janvier, sans regret ou presque. “On a été soutenu par l’État dès 1995, d’abord par la D.R.A.C. Rhône-Alpes puis Franche-Comté dès 1997, date de notre arrivée ici. Très vite pro- grammé au théâtre de l’Espace, on a été très disponible, très présent mais il a fallu attendre 2005 pour avoir

à Rio (de Janeiro) évidem-

ment… Une nouvelle et très grande aventure

“Petites his- toires.com” est en tournée jusqu’en juin 2009, au moins, il passe par New York en octobre, en France et en

Après, il y eut la fer- meture et l’abandon du Montjoye, le départ du Cirque Plume dont la requê- te de chapiteau en dur n’a pas été enten- due, “chapiteau qui aurait d’ailleurs pu nous servir de lieu de répétition” note l’administrateur, et plus récemment, les ratés quant à l‘organisation “du grand événement” et l’éviction de l’équipe du festival Musiques de Rues. Le départ de la Compagnie Accrorap ne vient qu’allonger la liste déjà longue des artistes partis faute d’avoir été entendus et qui pourtant auraient pu jouer une carte importante dans le rayonnement de la ville. Kader Attou, lui, “va devenir un acteur de premier plan au niveau de la danse contemporaine” se réjouit Gilles Ron- dot. On en peut que s’en féliciter et souhaiter bon vent à la Compagnie Accrorap, qui n’a pas fini de faire parler d’elle, ailleurs. A.B. *Journal 1977-1990 de Jean-Luc Lagarce - Éditions Les solitaires intempestifs commence à La Rochelle.

une première subvention de la ville de Besançon. Cela montre bien le déca- lage d’une collectivité qui ne sent pas ce qui se pas- se sur son territoire.” Et Gilles Rondot poursuit. “Il n’y a pas d’espace pour la danse ici. Certes une ville ne peut pas tout fai- re mais il y a là une inca- pacité à analyser.” Un travers qui ne date mal- heureusement pas d’hier. Dans son journal*, le dra- maturge bisontin Jean- Luc Lagarce (dont le Théâtre de la Roulotte fut bien souvent finan- cièrement dans le rou-

Asie du Sud-Est (photo Yves Petit). La Rochelle et les autres C.C.N.

Un manque d’intérêt

de la part de la ville.

Plus ancien C.C.N. de France, La Rochelle a toujours opté pour “des choix audacieux” esti- me Gilles Rondot. À 34 ans, Kader Attou succède à Régine Chopinot (34 ans elle aussi quand elle fut nommée en 1986 et lʼune des premières choré-

graphes à travailler avec des plasticiens) et à Brigitte Lefèvre, directrice aujourdʼhui du Ballet de lʼOpéra de Paris. “La Rochelle est une collecti- vité en phase avec son temps, qui prend des risques.” Quatre directions de C.C.N.

(dont Belfort) vont être à pour- voir dans les prochains mois. Autre danseuse-chorégraphe bisontine talentueuse et recon- nue, Nathalie Pernette et sa Compagnie prendra-t-elle le large elle aussi, lassée dʼattendre ? Cʼest à craindre…

20 h 45. Rens. 03 81 81 25 83.

ÉNERGIE SOLAIRE La règle dans le centre historique Concilier patrimoine et énergie renouvelable Des panneaux solaires sur les toits du centre-ville, c’est possible et depuis près de 20 ans… Mais pas n’importe comment.

À l’heure du Grenelle de l’environnement et de la promotion à tout va des énergies renouve- lables pour lutter (enfin) contre le réchauffement climatique, de nombreux citadins s’interrogent sur la possibilité ou non de doter leur habitation d’un équipement “écolo”. Ainsi, peut-on en habi- tant la Boucle et avoir des pan- neaux solaires sur son toit ? “Oui

un tel équipement il y a une ving- taine d’années maintenant, la ville avec la crèche Battant ou le foyer de personnes âgéesMaru- laz ou encore Habitat 25 pour des logements situés rue de la VieilleMonnaie, dans un ancien couvent. “La ville et moi avons accepté le principe des panneaux solaires quand ils ne sont pas trop visibles.” Là, l’ancien couvent a bien sûr été préservé mais dans une petite cour, sur une façade au Sud, des panneaux ont pu être installés, tellement cachés qu’on ne les voit pas, hormis peut-être en survolant le sec- teur. “On a dit d’accord mais pas question de faire des “taches” sur un toit en tuiles. C’est donc la totalité du toit qui a été recou- verte” explique l’architecte. Chaque bâtiment est un cas par- ticulier qui nécessite une deman-

de spécifique. “La demande est assez rare pour les copropriétés. En revanche, elle est fréquente sur les maisons à Velotte ou à Bregille.” S’il ne s’y oppose pas, Marc Wattel veille et rappelle quelques éléments de base, tel- le l’installation au Sud. “Au pied de la Citadelle, il faut être dans les rues parallèles à l’édifice et on ne peut les mettre que sur un seul pan de toit.” Et l’architecte de souligner que de tels inves- tissements sont financièrement lourds. “Dans une maison, l’eau représente 10 à 20 % de la consommation d’énergie. Même très bien placés, les panneaux offrent une économie de 30 % seulement, exclusivement sur l’eau. Il faut relativiser l’importance des panneaux solaires.” Certes, mais c’est tou- jours ça ! A.B.

mais sous cer- taines conditions” répond Marc Wattel, architec- te des Bâtiments de France au ser- vice départe- mental de l’architecture et du patrimoine. Il cite l’hôtel Gran- velle, premier à avoir investi dans

Dans les rues parallèles à la Citadelle.

Si on veut se lancer dans le solaire au centre-ville, il faut rester dis- cret.

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