La Presse Bisontine 92 - Octobre 2008

La Presse Bisontine n°92 - Octobre 2008

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BESANÇON 150 000 euros de déficit L’Office de Tourisme doit se remettre en cause Une masse salariale et des animations qui ont manqué de réussite sont les raisons principales avancées pour expli- quer le déficit de l’association.

L e bilan de l’année est négatif pour l’office de tourisme de Besançon qui accuse un défi- cit de 150 000 euros. Le chiffre dévoilé par un administrateur a été confirmé par la direc- tion de cette association qui vient de changer de président puisque Jean-François Girard, adjoint au maire, succède à Jacques Mariot. Il n’est pas question de se voiler la face ou de nier cet état de fait du côté de l’administration de l’office de tourisme, mais au contraire, de tenter d’analyser les causes de cette dérive et d’en assumer les conséquences. D’abord, ce n’est pas la première fois que cela arrive. “En 2003, nous avions enre- gistré un déficit équivalent. À l’époque, de gros efforts de recrutement et d’investissement ont été faits. Pendant les trois années qui ont suivi, nous avons généré des excédents pour reconstituer le fonds associatif” rappelle le directeur Patrice Ruelle qui annonce d’emblée qu’il faudra “pro- bablement réduire la voilure à l’avenir” pour remettre les comptes à flot. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce lourd passif. “Nous avons fait de gros efforts financiers sur les promenades théâtralisées et les visites guidées. Le site Internet de l’office a éga- lement été modernisé.” Sur certaines animations, de qualité pourtant, l’office a bu la tasse. “Pour les promenades théâtralisées, nous avions fixé la jauge à 100 personnes, ce qui est trop peu. Mais le principe est bon.” Un membre du conseil d’administration abonde dans le sens de Patrice Ruelle. Pour cet expert qui a souhaité garder l’anonymat, ce déficit n’est pas lié à des négligences de la part de l’Office de Tourismemais à unmanque de réussite. “L’équipe est performante, elle lance des initiatives impor-

enseignements.” Responsabilités partagées, dont acte. Mais à y regarder de plus près, ce qui pèse dans le budget de 1,3 million d’euros de l’association subventionnée largement par la ville, c’est la masse salariale. L’évolution vers un Office de Tourisme 4 étoiles a contraint cette structure à embaucher. Ce changement de statut, avalisé par le préfet après avis de la commission dépar- tementale d’action touristique, oblige l’association à respecter un certain nombre de critères. “L’Office doit se doter notamment de deux agents bilingues, de deux agents trilingues et de deux agents admi- nistratifs. La documentation locale et régionale doit être bilingue, et trilingue lorsqu’il s’agit de documents nationaux et européens” précise la fédération nationale des offices de tourisme et syndicats d’initiative. Résultat, en cinq ans, les effectifs de l’Office de Tourisme de Besançon sont passés de 9 à 14 équi- valents temps plein. “Je précise que dans le cadre de l’année Vauban, des agents en contrat à durée déterminée sont venus nous aider” ajoute Patri- ce Ruelle. Ces emplois temporaires ont alourdi l’addition. Cette augmentation de personnel est jugée intolérable par un ex-administrateur de l’office. “Je n’ai jamais été d’accord avec cette orientation qui consiste à augmenter la masse salariale. Je ne voulais plus cautionner ce déra- page. On a fait changer l’Office de Tourisme de catégorie, ce choix ne fait pas venir plus de visi- teurs à Besançon.” C’est dit. Toutefois, pour des membres du conseil d’administration, il n’est pas question de faire machine arrière.Au contraire, “il faut doter l’Office de Tourisme de plus de moyens encore et réin- vestir. Il faut communiquer sur Vauban, un dos- sier qui a été remarquablement préparé et aller chercher une clientèle sur l’ensemble du territoi- re national mais également en Suisse et en Alle- magne.” Pas question non plus de modifier la direction de l’O.T. “Avec un nouveau président et un nou- veau directeur à la Citadelle, si on change en plus le directeur de l’Office de Tourisme nous allons reperdre trois ans.” Par contre, il faudra bien que cette association finisse par trouver le chemin de la rentabilité. “Nous devons travailler sur le modèle économique” termine Patrice Ruelle. Pour aider à la réflexion, un cabinet d’études se penche sur le sujet afin d’optimiser tous les moyens des- tinés à l’action touristique (et pas seulement ceux de l’Office de Tourisme) à Besançon. Les résultats seront connus prochainement. T.C.

L’office du tourisme a dû embaucher du personnel en passant dans la catégorie 4 étoiles.

OBSERVATIONS

Des avis amers

La volonté est là, mais la stratégie est molle La manière dont Besançon empoigne la question du tou- risme est souvent beaucoup critiquée… par-derrière.

E n coulisses, les commentaires vont bon train sur la manière dont a été organisée la politique touristique à Besançon ces dernières années. Dans l’anonymat, les langues se délient. “Met- tez-vous à la place d’un touriste. Qu’est- ce qui peut le conduire à venir passer trois jours à Besançon ? C’est à cette question qu’il faut répondre pour avancer” lance un ancien administrateur de l’Office de Tourisme qui en a claqué la porte faute de pouvoir obtenir des réponses construites à ces interrogations de base. Selon cet observateur, Vauban et l’Unesco ne sont pas suffisants pour prétendre “boule- verser” l’économie touristique. “Les gens ont besoin de spectaculaire” dit-il. Justement, le festival Musiquse de Rues dont c’est la dernière édition sous cette forme cette année, avait pour objectif d’apporter la touche rythmique, festive et populaire à une ville qui se visite. Ce rendez-vous ne devait pas être exclusi- vement bisonto-bisontin, mais bien natio- nal voire international. La manifesta- tion devait donc permettre de promouvoir l’image de Besançon en France voire à l’étranger. De grandes ambitions. “Mais on a placé Musiques de Rues en octobre, le mois où les gens se déplacent le moins.” À l’occasion du lancement de cet événe- ment de rentrée qui devait faire grand bruit, Jean-Louis Fousseret avait d’ailleurs justifié le choix de la date par des sta- tistiques météorologiques qui indiquent que le début du mois d’octobre est sou- vent doux et ensoleillé. En deux éditions, le temps a donné raison au maire de Besançon, mais l’objectif de drainer une

clientèle venue de toute l’Europe - ce qui en soi est un sacré pari - n’est pas atteint. Toutefois en 2006, Jean-Louis Fousseret n’excluait pas de déplacer cette mani- festation au début de la belle saison pour attirer les touristes. La date n’a jamais été changée. Si la volonté d’agir est là, la stratégie touristique est un peu molle et manque sans doute de réactivité. “Il n’y a pas de véritable culture touristique à Besançon. Le schéma de développement touristique qui repose sur 40 actions est un truc de fonctionnaires. Il faut du concret” enché- rit un administrateur de l’Office de Tou- risme. Ce schéma qui devait arriver à échéance en 2008 n’est, en plus, pas tota- lement réalisé. Mais tout cela prend du temps, et une action touristique ne se construit pas en 7 jours. “Le mal du sys- tème, c’est que les équipes en charge du tourisme sont bouffées par une réunio- nite aiguë. Quand vous avez une idée, on l’écoute, on la consigne dans un rapport, on ne vous dit pas si elle est bonne ou mauvaise et elle finit par tomber à l’eau souvent faute de moyens” déplore-t-il. De quoi perdre son latin lors de ces séances souvent infructueuses semble-t-il et les obligations de résultats. Pourtant, il faut bien cette fois-ci que la ville de Besançon fasse preuve de réac- tivité pour exploiter dans les moindres détails et sans attendre son entrée au patrimoine mondial de l’humanité. Vau- ban est l’atout-maître de la municipali- té qu’elle devra jouer judicieusement pour que les visiteurs inscrivent à leur tour la ville dans leur périple touristique.

tantes qui n’ont pas toujours été récom- pensées. Il faut d’ailleurs relativiser ce déficit : 150 000 euros, c’est le coût d’une opération d’animation. Je n‘excuse pas tout, certaines actions sont probablement à remettre en cau- se. Il n’y a cependant pas péril en la demeure.” Jacques Mariot, ancien président de l’office de tourisme, garde une cer- taine réserve par rapport à ce déra- page financier. Il est peu loquace lorsqu’on l’interroge sur le sujet et se retranche derrière ce commen- taire ambigu qui ne semble jeter la pierre à personne. “J’ai fait confian- ce à la direction de l’office de touris- me. On peut reprocher ce déficit,mais à partir de là, que chacun en tire les

“Je n’ai jamais été d’accord.”

Des mots d’encoura- gement dans toutes les langues sont lais- sés sur le livre d’or de l’office.

Plus 80 000 visiteurs sont accueillis chaque année à l’Office de Tourisme.

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