La Presse Bisontine 92 - Octobre 2008

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°92 - Octobre 2008

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CONFIDENCES

La sérénité retrouvée de Denis Baud “Des choses me manquent, je dois les reconquérir” Après plusieurs mois d’absence, Denis Baud, l’ancien adjoint de Jean-Louis Fousseret, fait le point sur sa “nouvelle” vie et ne ferme pas la porte à un retour aux affaires municipales.

L a Presse Bisontine : Vous avez écrit un livre “Pour quel parti socialiste” et vous êtes admi- nistrateur du B.R.C. C’est votre grand retour à la vie publique ? Denis Baud : J’ai forcément eu une période de retraite pendant laquelle d’ailleurs j’ai écrit ce livre. J’ai quitté Besançon.Mais de là à parler de retour à la vie publique, c’est un bien grand mot. Je n’ai jamais envisagé de pas avoir de responsabilité et de ne plus me rendre utile. Ce livre était pour moi l’occasion de faire le bilan de sept années d’activité politique intenses durant lesquelles je n’ai jamais eu le temps de me mettre en roue libre. Dans ma vie, j’ai tou- jours écrit. Cette activité m’est habituelle. Avec la perspective du congrès du Parti Socialiste, j’ai eu envie d’apporter ma contribution à celui-ci à travers cet essai. L.P.B. : Vous affichez votre soutien à Bertrand Delanoë. C’est le candidat idéal pour remettre le P.S. sur les rails ? D.B. : Il a le profil pour attirer à la fois les voix du centre et ne pas rebuter les voix de l’extrême gauche. C’est une synthèse posi- tive. Il mène une vraie politique de gauche et a aussi une vision d’avenir faite de créativité et de courage. Bertrand Delanoë a l’ampleur intellectuelle pour assumer cette place de premier secrétaire du parti socialiste. Le P.S. lui coule dans les veines. L.P.B. : Vous restez un fervent mili- tant au P.S. On entend parfois dire que vous ambitionnez d’être premier secré- taire fédéral de la section du parti socialiste du Doubs. La fonction vous tente ? D.B. : Ce serait présomptueux de ma part de dire que je serai premier secrétaire. En revanche, j’aimerais en effet m’investir au secrétariat fédéral du P.S. L.P.B. : Est-ce un moyen pour vous de prendre votre “revanche” sur les élec- tions municipales. Vous avez été écar- té de la liste de Jean-Louis Fousse- ret à cause de la procédure judiciaire dans laquelle vous étiez engagé ? D.B. : Je n’ai pas été écarté, je me suis écarté alors que je devais être troisième sur la liste de Jean-Louis Fousseret. Mais au moment des élections, j’étais en congé longue maladie, et lors- qu’on est dans cette situation, on n’occupe pas un poste d’adjoint. À ce moment, je me soignais et je n’avais pas d’énergie.Après plusieurs mois, je retrouve la force d’avancer. L.P.B. : Faut-il comprendre qu’on vous retrouvera aux côtés de Jean-Louis Fousseret si celui-ci brigue un troi- sième mandat de maire ? D.B. : Ce sera sa décision. Si dans six ans il sent que je peux appor- ter quelque chose et qu’il fait appel àmoi, j’examinerai la ques- tion. Ce n’est pas quelque cho- se d’impossible. Jean-Louis Fous- seret a été réélu dans un fauteuil. Vauban et l’Unesco sont des élé-

de professeur en lycée profes- sionnel, un travail très impor- tant pour moi. Je suis heureux de retrouver ces jeunes avec les- quels j’ai une belle relation. L.P.B. : En tant qu’administrateur du B.R.C., quelles ambitions a l’ancien entraîneur que vous êtes et le pas- sionné du ballon rond pour ce club ? D.B. : Le foot est un élément incon- tournable de la vie d’une ville. C’est inconcevable aujourd’hui que dans une agglomération de 170 000 habitants, il faille fai- re 70 kilomètres pour aller voir unmatch professionnel. De plus, la municipalité de Besançon restructure le stade, si bien que dans quelques mois nous aurons 12 000 places assises dont 10 000 couvertes. Ce serait inco- hérent d’avoir un tel stade pour une équipe qui évolue en C.F.A. Le problème est que le B.R.C. n’a pas une image positive dans l’esprit des Bisontins. Ce club a toujours donné le sentiment d’être un peu un “loser”. Il faut lui donner une image de sérieux, de ténacité et de longévité. C’est en voie avec l’arrivée cette année d’un directeur administratif qui vient à Besançon pour fairemon- ter le club chez les profession- nels. L’objectif serait d’accéder à la Ligue 2, mais dans combien de temps, nul ne le sait. L.P.B. : La municipalité a-t-elle les moyens de maintenir tous les sports de haut niveau à Besançon ? D.B. : Je trouve regrettable lors- qu’on lui pose la question que l’adjoint au sport se demande quel sport la ville devrait arrê- ter de soutenir. C’est sa res- ponsabilité de faire des choix et d’apporter la réponse à la ques- tion. Soit la municipalité déci- de de maintenir tout le monde, soit elle choisit de soutenir tel et tel sport, et dans ce cas, il faut trancher. L.P.B. : Pensez-vous que votre déra- page a contenté vos“amis”politiques ? D.B. : Il faut leur demander.Mais à ceux-là, je leur dit de ne pas se réjouir trop vite. La nature a horreur du vide, comme la poli- tique. Nul n’est indispensable. L.P.B. : La nouvelle équipe municipa- le est-elle bien dans sa peau selon vous ? D.B. : Jean-Louis Fousseret est quelqu’un qui délègue beaucoup à partir du moment où il a confiance. Cependant, je sens moins de pluralité dans la com- munication. C’est peut-être par- ce ce qu’il y a beaucoup de nou- veaux dans l’équipe municipale qui doivent prendre leurs marques. Mais les adjoints doi- vent avoir conscience qu’ils n’ont pas intérêt à laisser le maire en première ligne. Des grands dos- siers arrivent comme les trans- ports en commun en site propre ou le conservatoire, il faudra mettre en place une stratégie de communication qui préser- ve Jean-Louis Fousseret.

Denis Baud : “Si j’avais eu comme préoccupation unique d’être maire, aujourd’hui je serais démoli. “

me il l’a été avec moi. Je pense lui avoir causé beaucoup plus de soucis que l’inverse. L.P.B. : Vous êtes un homme heureux aujourd’hui ? D.B. : Il y a plusieurs formes de bonheur. Pour moi, il s’agit d’arriver à me rendre utile et de surmonter les difficultés. Je ne suis pas encore pleinement heureux. Il me reste encore des étapes à franchir, mais j’ai la certitude d’être sur la bonne voie. On ne se relève pas com- me cela. Des choses me man- quent encore, je dois les recon- quérir. Pendant sept ans, je n’ai jamais pris le temps de me retourner. J’ai vécu une sorte de burn-out , j’étais cramé de l’intérieur. C’est dur à admettre. Le bonheur est une quête. Je peux encore améliorer ma rela- tion à moi-même et essayer d’analyser avec du recul ce qui m’est arrivé. L’écriture m’aide. L.P.B. : L’écriture vous apporte la séré- nité ? D.B. : J’ai fait un break pour revivre. J’écris un roman et des textes plutôt poétiques. J’ai repris également mon travail

ans de mon mandat d’adjoint, je ne l’ai jamais fait enme disant “c’est bon pour ta carrière.”Mais politiquement, je dois tout à Jean-Louis Fousseret. En dehors de cela, on ne peut pas empê- cher les gens de penser que “Denis Baud a les dents qui rayent le parquet.” Si j’avais eu comme préoccupation unique d’êtremaire, aujourd’hui je serais démoli. L.P.B. : La municipalité vous manque ? D.B. : Je suis satisfait d’une cho- se, c’est que je me rends comp- te que je ne suis pas accro au pouvoir. Ce qui me manque, c’est le relationnel avec les services municipaux. Je regrette cela. L.P.B. : Quels rapports entretenez-vous avec Jean-Louis Fousseret actuelle- ment ? D.B. : Le maire m’a désigné com- me grand électeur pour les légis- latives. Je lui en suis recon- naissant. Je n’ai aucun grief contre lui. Il peut toujours comp- ter sur moi et je n’entreprendrais jamais de manœuvre contre lui. À mon sens, en politique, la loyauté est une valeur impor- tante. Je suis loyal avec lui com-

ments supplémentaires qui l’encouragent à solliciter un troi- sième mandat. Quand Jean- Louis Fousseret était présenté comme le dauphin de Robert Schwint, beaucoup de gens disaient qu’ils n’auraient pas l’envergure pour occuper la fonc- tion. Je crois qu’il a démontré qu’il savait se mettre à la hau- teur du rôle. L.P.B. : Cela signifie que tout le mon- de, y compris vous, a tourné la page sur votre dérapage qui vous a conduit devant le tribunal ? D.B. : Ce qui m’est arrivé, je ne le souhaite à personne. C’est comme une descente aux enfers. Il a fallu que j’arrive à cinquante ans pour connaître cela. C’est la conséquence du surmenage et d’affaires personnelles. Per- sonne n’est à l’abri. Ce n’est par- ce qu’un homme est public qu’il est infaillible. Nous ne sommes pas des monstres froids, mais des êtres humains. Tout ce qui m’est arrivé a renforcé cette humanité. J’avais la réputation à la mairie d’être quelqu’un d’inébranlable. On m’envoyait partout ou ça chauffait. J’aimais cela. Mais personne n’a vu qu’à

un moment donné, la carapace se lézardait. Pour toutes ces rai- sons, je crois qu’il est nécessai- re de revoir le statut de l’élu, une fonction qui ne se partage pas avec un autre métier. L.P.B. : Pensez-vous que les Bisontins vous ont jugé et vous jugent peut-être encore ? D.B. : J’ai eu beaucoup de mes- sages de sympathie, ce qui m’a fait plaisir. Les gens savaient que je n’avais rien fait qui por- tait atteinte au mandat qui m’avait été confié. La société a changé. Nous sommes dans un pays où les gens sont tolérants. Beaucoup de familles ont vécu des situations comme j’ai pu en vivre. L.P.B. : Vous étiez pressenti comme étant le dauphin de Jean-Louis Fous- seret. Avez-vous cette ambition d’être un jour maire de Besançon ? D.B. : Être maire de Besançon n’a jamais été une ambition par- ticulière pour moi, à la diffé- rence sans doute de Jean-Louis Fousseret. Il me semble qu’il était plus heureux d’être élu maire que député. Tout ce que j’ai entrepris pendant les sept

Propos recueillis par T.C.

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