La Presse Bisontine 92 - Octobre 2008

La Presse Bisontine n°92 - Octobre 2008

DOSSIER

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AGENCES IMMOBILIÈRES

Ventes dans l’ancien

Après l’euphorie des années 2005 à 2007, les agences immobilières devront à nouveau jouer pleinement leur rôle qui est d’estimer au plus juste prix la valeur d’un bien. ce qu’elles n’étaient même plus amenées à faire. Les agences retrouvent leur vrai rôle

L a période récente où dans une seule agence dix per- sonnes passaient le même jour pour acheter le même bien est pour l’instant révolue. “Fin 2006, j’avais déjà prévenu mes équipes en disant “attention, ça ne peut plus durer,les gens achè- tent tout et n’importe quoi !” J’avais anticipé d’une année. Aujourd’hui, on revient à notre vrai métier” commente Michel Bitard, propriétaire de l’agence Century 21 des Chaprais. “ Ç a allait trop vite, enchéritMatthieu Sertout de l’Immobilière Com- toise. Nous n’avions plus qu’un rôle d’entremetteur, ce n’était pas bon car ne n’est pas notre métier. C’est à nous, agences, d’estimer les prix. Les biens se vendaient tellement facilement que nous ne remplissions plus ce rôle. On joue à nouveau notre rôle de régula- teurs et c’est très bien.” Dans ce climat plus tendu, for- cément, les agences sont obli- gées de redoubler d’efforts. Pour écouler un bien immobilier, le délai moyen est passé de 60 à 90 jours.Malgré tout, le nombre global de transactions ne va pas forcément baisser aux yeux des agences bisontines. Chaque année, entre 1 500 et 2 000 biens immobiliers changent de main dans la capitale comtoise. “Les gens qui sont mutés sont toujours aussi nombreux, les familles qui s’agrandissent ou qui explosent également. Il y a toujours autant de besoins dans l’absolu. Si on perd une catégorie de clients, ce sont les investisseurs, qui repré- sentent environ 10 % dans l’ancien” ajoute cet agent qui reconnaît “qu’en quelques semaines à peine, et principale- ment pour des raisons d’ordre psychologique, le nombre d’acheteurs dans le neuf a été divisé par 4 ou 5. Les gens atten- dent.” Avec un nombre de vendeurs toujours aussi important mais des acheteurs pas obligés d’acheter, “on n’est plus en pha- se” ajouteMichel Bitard.Un loge- ment au quatrième étage sans ascenseur pouvait se vendre assez facilement 110 000 euros. Aujourd’hui, à 85 000 euros, il aura beaucoup plus de mal à partir. Cette baisse relative des prix

Michel Bitard, de Century 21 : “À long terme, l’immobilier a toujours été et sera toujours rentable.”

Selon Matthieu Sertout, d’Immobilière Comtoise “on tend à revenir aux prix de fin 2006.”

constatée par les agences est très récente. Au premier semestre 2008, les prix avaient cessé d’augmenter alors que les ven- deurs avaient prévu une nou- velle hausse de 10 %. Il a donc fallu réajuster les tarifs. Depuis l’été, “on tend à revenir aux prix de la fin 2006.” Avec quelques disparités. Au centre-ville de Besançon et dans les quartiers qui ont le plus la cote (les Chaprais, Saint-Fer- jeux, Bregille…), la demande est toujours aussi soutenue. En revanche, là où la chute est la plus vertigineuse, c’est dans la deuxième couronne de Besan- çon. “À plus de 10 km de Besan- çon, on n’a plus de demandes du tout” avoue cet agent. Les com- munes de la proche périphérie comme Fontain, Montfaucon, Pirey, Franois… gardent leur pouvoir d’attraction. En résu- mé, par rapport aux prétentions des vendeurs, les prix seraient actuellement 15 % en dessous. Pour autant, les agents immo- biliers bisontins ne sont pas inquiets. Dumoins ceux qui ont les reins solides. Car d’autres qui ont profité de l’euphorie pour se lancer dans l’immobilier sont les premières victimes de ce “retour à la normale”. Sept agences ont mis la clé sous la porte depuis le début de l’année à Besançon sur les quatre-vingt que compte la ville. Pour les autres, ces turbulences sont pas- sagères, jusqu’en 2009, mais aucun ne croit à une crise durable. J.-F.H.

Sur les 80 agences immobilières de Besançon, 7 ont déjà mis la clé sous la porte, comme celle-ci, rue de Belfort.

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