La Presse Bisontine 92 - Octobre 2008

BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 92 - Octobre 2008

Depuis deux et demi, un père bisontin se bat pour retrouver ses enfants, Diane et Étienne. Il est sans nouvelle d’eux depuis le 1 er janvier 2006, date à laquelle ils se sont envolés pour Téhéran, enlevés par leur mère. AFFAIRE Le combat d’un père Où sont Diane et Étienne ?

L’époque joyeuse où Dany Laurent enserrait ses enfants.

“D iane a aujourd’hui 8 ans et si elle est tou- jours en Iran, porte le voile depuis un an. Étienne vient d’avoir 6 ans et il aura bientôt vécu la moitié de sa vie sans me voir.” Depuis deux ans et demi, Dany Laurent tente de survivre à la douloureuse absence de ses enfants et se bat, seul ou presque, pour les retrouver. Diane et

s’interroge ce père meurtri et qui, au vu du dossier complexe et confus, semble avoir, en plus, joué de malchance. Il raconte les accusations non fondées de cette mère qu’il qualifie de “fol- le” et reconnue trop tard mani- pulatrice et mythomane par les services sociaux, les enquêtes bâclées, les couacs de la justice, la valse des avocats et

Étienne, petits Français nés à Besançon, ont été enlevés par leur mère iranienne le 1 er jan- vier 2006. On sait qu’ils se sont envolés pour Téhéran depuis l’aéroport de Genève. Depuis, plus rien. “Je ne sais rien. Il n’y a aucune trace. Elle (leur mère) peut être n’importe où. Je peux imaginer n’importe quoi. Dans quelles conditions vivent-ils ?”

l’indifférence des autorités. En août 2005, accusé “sans preu- ve” de violence et d’attouchement, Dany Laurent, qui sera blanchi quelques mois plus tard, se voit

privé de son droit de garde. Le juge des enfants ordonne le pla- cement de Diane et Étienne. Trois mois plus tard, après enquête, l’erreur est reconnue et le droit de garde rétabli. La mère bénéficie, elle,, d’un seul droit de visite en présence d’un médiateur. Pourtant, sans le motiver, la juge lui accordera un droit de visite libre le 1 er janvier, visite qu’elle mettra à profit pour disparaître avec Diane et Étien- ne. Au moment des faits, les enfants étaient dans un jardin d’enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance, ser- viceduConseil général duDoubs. “Jepensaisnaïvement avoir le sou- tien du Conseil général, respon- sable de mes enfants. On me les retire sur rien de fondé et quand

de dossiers. Seule certitude, la mèreabénéficiéde l’aidede l’abbé Simon Faivre pour s’enfuir, abbé décédé depuis, “mort sans regret ni excuse et sans jamais avoir été inculpé” s’indigneDanyLaurent. DanyLaurent a fait appel àdivers avocats, ici en France (le dernier n’est autre que Me Florand, avo- cat dePatrickDils) et en Iran (Me Assadollahi,seul avocat inscrit au barreau de Paris et Téhéran). En mai, les autorités iraniennes ont été consultées pour la première fois.Unespoirpour cepèreaujour- d’hui très fragile. Après un arrêt longue maladie, le prof de fran- çais avait l’an dernier repris ses cours à mi-temps au collège de Saint-Vit mais a renoncé cette année. “Jenetienspastroplecoup” reconnaît-il. “Je suisdans lemême film,celui desdécisions judiciaires, depuisdeuxans et demi.Jene sais pas ce qu’il faut faire. J’ai envisa- gé une grève de la faimen dernier recours mais si je ne suis plus là, qui va aller chercher mes enfants là-bas ?” Il citeGenevièveCelant, de la fédération pour l’aide et le soutien aux victimes de la violen- cepour sonsoutienprécieux,envi- sagedeporterplainte contre l’État pour dysfonctionnement et espè- re, encore et toujours revoir ses enfants. Mettre un terme à “cette histoire lamentable” comme il la qualifie.

ASSOCIATION Escrime “Forgeons les fines lames de demain”

Une association vient de naître pour aider les jeunes escrimeurs franc-comtois à accéder à la compétition de haut niveau.

“L e haut niveau en escrime, c’est de l’horlogerie.” Éric Serri sait de quoi il parle.Lui-même escri- meur de longue date et vice-président de l’un des deux clubs bisontins, il a transmis le virus à toute sa famille. Il entraîne et suit de près son fils de 17 ans qui participe à des compétitions internationales de haut niveau, notam- ment en équipe de France. Il vient de créer avec quatre autres membres du club l’association “For- geons les fines lames de demain” dont le but est de collecter des fonds pour aider les jeunes Franc-Comtois à accé- der aux compétitions de haut niveau. “Il faut leur donner le goût de la com- pétition. C’est en rencontrant des spor- tifs d’autres pays qu’on peut faire naître la passion. Ces jeunes font beaucoup de sacrifices, ils s’entraînent quand les copains s’amusent, ils doivent conci- lier le sport et les études et les compé- titions représentent un coût impor- tant.” Il faut en effet compter le coût de l’équipement et de la licence, mais surtout celui des déplacements. Et là, le budget explose. “La voiture coûte moins cher si on part à plusieurs mais chacun à des impératifs profession- nels ou scolaires et parfois il est néces- saire de prendre l’avion pour gagner

cher les talents de demain. Pour cela, Éric Serri et son équipe par- tent à la recherche de fonds auprès de grandes entreprises de la région. Avec quatre médailles françaises aux derniers JeuxOlympiques,l’association a déjà un bon argument ! “L’escrime est un sport assez méconnu mais il y a un réel potentiel. Le nombre de licenciés augmente chaque année et au niveau national nousmanquons d’enseignants. Auparavant,c’était un sport plutôt euro- péen mais nous avons vu aux derniers JeuxOlympiques unphénomène demon- dialisation. Nous voyons notamment arriver des compétiteurs américains. Cela devrait donner un coup de pouce en terme de communication.” Avec le soutien de cette nouvelle asso- ciation, les Franc-Comtois pourront peut-être tirer leur épingle du jeu… K.M.

du temps.” Cette année par exemple, les épreuves de coupe du Monde junior se dérou- lent dans sept pays d’Europe. Pour la plupart des foyers, de tels déplace- ments sont difficiles à assumer voire impossibles. Et les moyens de la Fédé- ration nationale sont si limités que les petits clubs reçoivent des subven- tions minimes. C’est là que “Forgeons les fines lames de demain” souhaite intervenir. “Nous souhaitons appor- ter de l’aide à ceux qui désirent le plus participer à des compétitions de haut niveau mais aussi à ceux qui ont le moins de moyens” précise Éric Serri. Aide financière, prêt de véhicule ou encore financement de formations, les besoins nemanquent pas. Pour

on les enlève, il n’y a plus personne” s’insurge le père. “Aujourd’hui, j’ai l’autorité parenta- le et ledroit de gar- de exclusifs mais çame fait une bel- le jambe…” Depuis,lesmois et les annéesdéfilent sansqueriennese passe. Seul cas d’enlèvement d’enfants avec l’Iran, l’affaire ne semble pas émou- voir le ministère desAffairesÉtran- gères, pourtant en charge de ce type

Déjà 40 000 euros de frais de procédure.

A.B.

Éric Serri et son équipe partent à la recherche de fonds.

l’association et les clubs franc-comtois, cette action vise aus- si à conserver nos meilleurs sportifs. Certains sont, en effet, tentés de quit- ter les clubs régio- naux pour des clubs parisiens qui ont des moyens plus impor- tants et qui ne man- quent pas de démar-

L’avenir appartient à ceux qui commencent tôt.

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