La Presse Bisontine 89 - Juin 2008

DOSSIER

La Presse Bisontine n°89 - Juin 2008

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SOUS LES PAVÉS… TOUJOURS PAS LA PLAGE Défense du service public, pouvoir d’achat, question des retraites, franchises médicales, réforme de l’école, collecte des déchets, ave- nir de l’hôpital, agitation lycéenne…Tout y passe actuellement dans les vastes mouvements de contestation sociale qui agitent la capi- tale comtoise depuis près d’un mois. Depuis la fin avril, il ne s’est pas passé une semaine sans que des voix s’élèvent, des bande- roles s’agitent contre la cible désignée des Bisontins contestataires : le gouvernement Fillon et la volonté de réforme du président Sar- kozy. Tour d’horizon d’un printemps social extrêmement agité.

MANIFESTATIONS

L’agitation n’est pas terminée

“Non à la casse du service public à Besançon” L’unité est de mise actuellement entre les syndicats à Besançon pour dénoncer, pêle-mêle, les suppressions de postes dans l’Éducation Nationa- le, le pouvoir d’achat, les retraites. Plus largement, la révision générale des politiques publiques. Que revendiquent vraiment les contestataires ?

U n premier échauffement le 26 avril dans l’ÉducationNationale, un défilé du 1 er mai plutôt maigrichon (moins de 500 per- sonnes), suivi d’une poussée de fièvre avec 3 000 manifestants dans les rues de Besan-

çon le 15 mai, et avant un énième mouvement le 22 mai pour les retraites. On est bien en mai 2008. La période aura rarement été aus- si agitée qu’en ce moment à Besançon. La plu- part des revendications actuelles sont cris-

tallisées autour d’une réforme contre laquel- le les syndicats dans leur ensemble se battent, quatre lettres encore peu familières : R.G.P.P., comme révision générale des politiques publiques. Sous ce sigle se cache le vaste chantier ouvert par le gouvernement actuel dont l’objectif, si on le résume, serait de faire mieux en dépen- sant moins. La R.G.P.P. concerne tous les pans de la fonction publique. Et notamment l’Éducation Nationale. Dans ce domaine, le gouvernement a fait un constat : “Alors même que le budget de l’Éducation nationale a for- tement progressé depuis quinze ans, des études récentes ont mis en lumière la dégradation des performances du système éducatif français : 150 000 jeunes quittent chaque année le systè- me éducatif sans diplôme ni qualification et l’augmentation continue des moyens et des horaires n’a pas été une réponse adaptée. Ces

té se traduit par la suppression d’ici 2012 de 160 000 postes dans la fonction publique d’État. En ce qui concerne les profs, c’est un sur 10 qui doit ne pas être remplacé d’ici 2012” commen- te David Chartier, secrétaire académique de la C.G.T. pour l’Éducation Nationale. À Besançon, “la casse des services publics” que les syndicalistes dénoncent ne concerne pas seulement l’école. Jean-Michel Avondo, repré- sentant syndical de la fonction publique ter- ritoriale illustre ce mouvement de fond avec l’exemple des foyers-logements bisontins des- tinés aux personnes âgées. “On les privatise peu à peu déplore-t-il. Le service était 100 % public il y a encore quelques années. Aujour- d’hui, les personnes âgées sont obligées de prendre un abonnement téléphonique, le ser- vice de blanchisserie passe au privé,même cho- se pour les soins infirmiers.” Les craintes valent aussi pour le secteur hos- pitalier où peu à peu, dénoncent les syndicats, on privatise aussi certains services : “Comme le C.H.U. est à nouveau en grave déficit, on s’apprête à engager le passage au privé de cer- tains services comme la blanchisserie ou les cuisines. Nous sommes déjà 30 % de contrac- tuels à l’hôpital, ce mouvement risque de s’amplifier” craint Pascale Letombe, syndica- liste au C.H.U. de Besançon. Plus que le service public, c’est les services ren- dus au public que les syndicats disent en dan- ger. Fin mai, le gouvernement étudie le troi- sième volet de cette fameuse R.G.P.P. Juin sera un mois social, c’est quasiment certain. Plus qu’une révision, les syndicats bisontins voient en la R.G.P.P. une “restriction générale des poli- tiques publiques.” J.-F.H.

résultats sont préoccupants et impliquent d’engager des réformes d’ampleur pour inver- ser la tendance de ces der- nières années et ramener la France vers le modèle qu’elle doit incarner” constate le gou- vernement. Naturellement, à Besançon, ils ne sont guère à approuver le constat gouvernemental. Les syndicats s’opposent à cet état des lieux. “Le principe de base, c’est de dépenser moins. Alors le raisonnement du gou- vernement est de vouloir rédui- re la voilure. Dans la fonction publique d’État, cette volon-

“Un prof sur 10 qui doit ne pas être remplacé.”

David Chartier est le secrétaire académique de l’Éducation nationale pour la C.G.T.

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