La Presse Bisontine 86 - Mars 2008

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 86 - Mars 2008

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Les observateurs du marché de l’immobilier s’accordent à dire qu’au mini- mum les prix sont stables. Au pire, ils pourraient baisser d’environ 20 % dans les trois prochaines années selon Précepta, un cabinet d’analyse du groupe Xerfi spécialisé dans ce type d’études. Un scénario redoutable qui plongerait dans le désarroi total, notamment les propriétaires qui ont acheté leur résiden- ce principale au prix le plus haut du marché, s’ils devaient le vendre demain. Quand l’immobilier tousse, les effets sont comparables à ceux d’un mauvais coup de bourse. À Besançon comme dans la plupart des villes de France, le profil du marché a changé. Une mutation encouragée par la hausse des taux d’intérêt, et une conjoncture morose. Qui l’aurait cru, alors qu’il y a quelques mois encore, tous les indicateurs dans ce domaine étaient au vert. Stagnation, voire baisse Le marché immobilier s’est donné une raison En seulement quelques mois, la tendance s’est inversée. Le marché immobilier retrouve son calme après plusieurs années d’euphorie. Désormais, ce ne sont plus les vendeurs qui font la loi, mais les acquéreurs qui fixent le prix. PRIX DE L’IMMOBILIER : ENFIN LA BAISSE ! TENDANCE

L es prix ne pouvaient pas conti- nuer à grimper indéfiniment. Les observateurs permanents du marché de l’immobilier, notaires et agences, s’attentaient à ce que la situation finis- se par se tasser un jour au l’autre. La Franche-Comté est concernée par le fléchissement qui s’amorce en ce début d’année. Les professionnels du secteur le ressentent mais ne disposent pas encore de statistiques précises pour appuyer leurs impressions. La réali- té “est que je pense que nous allons, non pas vers un ralentissement, mais vers une stabilisation des prix” explique Alain Ménétré, président de la F.N.A.I.M. Franche-Comté qui refuse pour l’instant de parler de baisse. En 2007, selon Century 21 France, notre région affichait encore une progres-

des taux d’intérêt. “Il y a aussi une morosi- té nationale qui n’encourage pas les gens à investir en ce moment” remarque un professionnel de l’immobilier bisontin. Résultat, les prix qui grimpaient dans la capitale régionale stagnent, voire bais- sent. Des biens seraient particuliè- rement touchés. “C’est clair, un appartement de 67 m 2 qui se ven- dait il y a deux ans 145 000 euros part désormais à 110 000 euros” ajou- te-t-il. Dans certains cas, les prix prennent une vraie claque et les délais de vente s’allongent (jusqu’à 90 jours). Le marché de l’immobilier amorce

Les prix ont baissé par exemple pour les appartements du type T4.

sion de 11 % des prix aumètre car- ré (+ 3 % à Besan- çon), soit une des croissances les plus fortes de l’Hexagone alors que sur la même période, le Lan- guedoc-Roussillon reculait de 1,19 % et le Limousin de 1,65 %. L’embellie est révolue. Terminée l’euphorie des neuf dernières années qui s’était emparée d’un marché où tous les biens se ven- daient à n’importe quel prix. La ten- dance s’est inver- sée en quelques mois seulement avec l’augmentation

“La différence, c’est qu’il y a des biens qui ne se vendent plus.”

être plus là en 2009” note un profes- sionnel. Même chose pour les acqué- reurs qui ont acheté au prix fort. S’ils sont contraints de vendre aujourd’hui, il est probable qu’ils ne retombent pas sur leurs pieds et perdent au mini- mum, dans la transaction, l’équivalent des frais de notaire engagés lors de l’achat du bien. La bulle immobilière n’implose pas. L’envergure se réduit, les prix perdent de l’altitude. Les plus intuitifs diront peut-être que c’est le même moment de faire ses courses sur le marché du logement en profitant de tarifs plus avantageux. L’immobilier serait donc toujours un bon placement. Et puis on ne sait jamais, si les prix devaient repartir à la hausse… T.C.

donc sa métamorphose avec un para- mètre qui joue un rôle capital dans cet- temutation. Sur l’échiquier, les maîtres du jeu ne sont plus les vendeurs mais les acheteurs. “En 2003, 2004, 2005, les vendeurs ont profité des taux d’intérêt très bas pour se séparer de leur bien à des prix très hauts poursuitAlainMéné- tré. Aujourd’hui, l’acquéreur a un bud- get plus serré, il est plus attentif à ce qu’il achète, plus réfléchi. Il visite plu- sieurs biens, ne s’emballe pas. Et si le produit ne lui convient pas, il passe à autre chose. Le vendeur ne fait plus la loi.” Le marché ne s’écroule pas pour autant. La demande est constante, tout com- me l’offre, mais les investisseurs ne sont plus disposés à acheter à n’importe quel prix n’importe quel bien. “Il n’y

l’immobilier se stabilise. “Je dirais que le marché s’est donné une raison” esti- me Patrick Chopard de la société bison- tine de courtage IM’Fi Crédits. “ Il a été dérégulé pendant plusieurs années et devient plus raisonnable” complète Alain Ménétré. La flambée des prix était donc artifi- cielle, encouragée par des taux d’intérêt bas et des médias qui poussaient à la roue pour que les particuliers inves- tissent. Nombreux sont ceux à avoir spéculé sur ce marché comme on joue en bourse. Les neuf dernières années ont vu fleurir des agences à tous les coins de rue. “Celles qui sont en place depuis 20 ans, qui ont une bonne expé- rience de l’immobilier réussiront à pas- ser le cap. Par contre, celles qui sont nées en 2003 et 2004, ne seront peut-

a pas plus de vendeurs. La différence, c’est qu’il y a des biens qui ne se ven- dent plus” observe une agence. La difficulté des professionnels de l’immobilier est justement de faire entendre aux cédants que le contexte a changé et qu’ils doivent modérer leur prix de vente pour l’adapter au bud- get des acquéreurs s’ils veulent s’en séparer dans de bonnes conditions. “On s’aperçoit que lorsqu’on rentre un produit au prix du marché, il part sans problème. On a toujours des biens à 200 000 euros par exemple. Mais il y a une inadéquation avec la possibili- té financière du client qui est de 180 000 euros.” Les acheteurs négo- cient et le vendeur n’a pas d’autre solu- tion que celle de lâcher du lest. Après la folie des années passées,

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