La Presse Bisontine 81 - Octobre 2007

BESANÇON

La Presse Bisontine n°81 - Octobre 2007

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COMMERCE Premier prix régional Et pourquoi ne mangerait-on pas de pizzas à Planoise ?

plet. Malgré un quartier en proie à des difficultés récurrentes, malgré un pouvoir d’achat plus faible ici qu’ailleurs, il a tenu à créer son entreprise, ici, sur une place Cassin qui mine de rien, est très dynamique en matière de commerces. “Je comprends les grandes enseignes qui ne livrent pas à Planoise car sur le plan purement économique, elles n’y ont sans doute pas beaucoup d’intérêt, commente le patron de Royal Pizza. Mais je suis par- ti du principe qu’on est là, bien sûr pour faire des affaires, mais aussi pour ces personnes de Pla- noise pour qui un commerce, c’est aussi un vrai lien. Ici, on ne vient pas que pour manger ou commander une pizza. On temporise, on négocie, on dis- cute. Ça fait partie intégrante

de notre boulot.” Le boulot d’Adelkader, c’est aus- si de savoir dépanner les gens. À Planoise, on consomme quand les allocations ou les Assedics tombent, les fins de mois sont plus difficiles. “C’est une réali- té confirme le responsable. C’est pour cela qu’on est là aussi pour arranger les clients, on ne fait pas que vendre des choses.” Royal Pizza marche plutôt bien. Le chiffre d’affaires avoisine les 125 000 euros, les marges ne sont pas énormes mais l’affai- re tourne. L’enseigne emploie désormais trois personnes, “bien- tôt quatre si ça continue comme ça” , etAdelkader réfléchit à l’im- plantation d’une enseigne sem- blable dans d’autres quartiers réputés difficiles de la ville, les Orchamps ou Clairs-Soleils par

Le quartier était dépourvu d’enseignes de livraisons de pizzas. Adelkader Tami a com- blé un vide et mieux que cela, son commer- ce remplit une véritable mission sociale.

Adelkader Tami a créé l’enseigne Royal Pizza, place Cassin à Planoise.

“A llô, Pizza Hut, je vou- lais savoir si vous livrez à Planoise ?” “À non Monsieur, nous ne livrons pas Planoise, c’est en dehors de notre périmètre.” “Domino’s Pizza ? Est-ce qu’il est possible de livrer une pizza à Planoise s’il vous plaît ?” “Le secteur de Planoise ne fait pas partie de notre zone de distribution, désolé !” Der- nière tentative qui sera peut- être plus fructueuse, avec Sta- tion Pizza, rue de Dole, plus proche de Planoise : “Pourriez- vous me livrer une pizza sur Pla- noise ?” “Désolé Monsieur, mal- heureusement, c’est rare. Ça m’arrive de livrer avec ma voi- ture si j’ai quelqu’un pour me remplacer à l’accueil” répond timidement le responsable de Station Pizza. Peine perdue, aucune des grandes enseignes de livraison de pizzas ne daigne pousser jus- qu’à Planoise. Trop éloigné du centre, trop risqué, pas assez rentable malgré plus de 20 000 résidents ?Aucune réponse clai- re n’est apportée par les majors

bisontins de la pizza à domici- le, mais c’est sans doute un peu de tout cela. Fort de ce constat et son emploi jeune arrivant à échéance, Adel- kader Tami décide, à 28 ans, de combler ce vide. À Planoise, depuis la délocalisation d’Allô Pizza rue de Vesoul en mars 2005, aucun service de livraison de pizzas n’était plus assuré. Le jeune créateur mise alors sur ses diverses expériences en tant qu’éducateur, puis direc- teur de centre de vacances et enfin manager de restaurant rapide pour concrétiser ce pro- jet. En Le boulot d’Adelkader, c’est aussi

exemple. “Si je refais quelque chose ailleurs, c’est dans un quar- tier. J’étudie toutes les proposi- tions.” Le 20 octobre, lui et ses sala- riés prendront le train pour Paris. Sous les ors de la Répu-

blique, au Sénat, ils recevront un Talents des cités dont ils ont décroché le grand prix régional. “Cette récompense aurait pu être attribuée à tous les commerçants de la place Cassin” dit-il. J.-F.H.

“On se sent très bien à Battant” martèle Fla- vien Chifflier. Deux autres lauréats du concours sont installés à Battant : Soda Dabo et Papa Touré préparent l’installation d’un restaurant sénégalais dans le quartier et Daven Pakond- ji a ouvert place Marulaz un commerce origi- nal alliant musique et mode. Les autres lauréats sont installés à Montra- pon pour l’un (Vivien Bourassin et son maga- sin Nutri-Zoo), et deux autres ont créé leur enseigne sur Planoise : Royal Pizza, place Cas- sin et Rania Bouaziz qui a créé son enseigne de télé-secrétariat avenue du Parc. Toutes les entreprises soutenues par le dis- positif ont survécu à la période la plus déli- cate de l’existence d’une société, c’est-à- dire les deux premières années. Encourageant. O n mesure la pertinence d’un dispositif à l’aune de sa pérennité. L’an dernier, lors de la première édition des Talents des Cités, plusieurs entrepreneurs bisontins avaient été mis à l’honneur. Que sont-ils devenus ? Le lauréat régional était “le fournil du pain chaud”, une boulangerie installée dans le quartier de la Grette. Un an après, l’activité se maintient et se développe, le gérant a embauché un collaborateur. La deuxième enseigne primée, Look Service, poursuit son activité également dans le nettoyage, à Pla- noise. Un salon de beauté primé l’an dernier a été repris par une nouvelle gérante qui y a adjoint le volet esthétisme. Une société infor- matique - IAD Informatique - a embauché depuis l’an dernier deux personnes. L’entre- prise est installée également au cœur de Pla- noise. Enfin, l’enseigne Full Fitness, toujours à Planoise, a pérennisé son activité et éten- du ses activités. Talents 2006 : que sont-ils devenus ?

BATTANT Création d’entreprise

décembre 2005, il crée au centre de Planoise, place Cassin, l’enseigne Royal Pizza. Ven- te de pizzas à consommer sur place, à emporter et à livrer, le ser- vice proposé par M. Tami est com-

“On est bien à Battant” Trois des six lauréats du concours “Talents des cités” sont installés à Battant. Battant n’est pas une “cité” mais la ville souhaite redorer l’image de ce quartier populaire.

dépanner les gens.

F lavien Chifflier est installé eu cœur de Battant. Son magasin baptisé “Le goût du jour” a ouvert ses portes en fin d’an- née dernière. Lui et son associé Jean-Marie Juif se sont installés en tant que traiteurs et cavistes. Ancien chef de cuisine dans un res- taurant de la même rue, Flavien Chifflier sou- haitait se mettre “à son propre compte.” Il mise sur la qualité des produits qu’il travaille pour séduire une clientèle de proximité qui trouve là des menus et plats du jour ainsi qu’une inté- ressante sélection de vins. À 35 ans, il saute le pas de la création d’en- treprise. Bien que le quartier Battant soit bien pourvu en activité traiteur, “Le goût du jour” a déjà fait sa place dans le paysage commer- cial local. “Le bilan est déjà très positif. Nous avons beaucoup de passages, des commandes nombreuses pour les repas du week-end et nous avons déjà fait pas mal de mariages et de récep- tion. C’est encourageant” commente le créa- teur. Le bouche-à-oreille, meilleure publicité, commence déjà à bien fonctionner. Pour bien marquer sa volonté de redynamiser le quartier sur le plan commercial - une pépi- nière de commerces doit y être créée -, la vil- le de Besançon a récompensé Flavien Chifflier d’un Talent des Cités. Ce prix, remis à cinq entrepreneurs bisontins qui ont reçu entre 1 000 et 2 000 euros chacun, a pour objectif de soutenir les créations d’activités dans les quar- tiers jugés prioritaires par la ville. Si Battant n’est pas étiqueté comme quartier sensible, il bénéficie de tous les égards de la ville pour contribuer à redorer son image, écornée par la fermeture de plusieurs commerces et la pré- sence récurrente d’une population marginale.

* Étude IFOP 2006

Flavien Chifflier a ouvert “Le goût du jour”, activité de traiteur- caviste au 13, rue Battant.

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