La Presse Bisontine 77 - Mai 2007

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n°77 - Mai 2007

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CULTURE Rencontre La bohême… en Riant Membre fondateur de la troupe La Salamandre, Jean-Michel Riant possède un parcours plutôt bohème. Un mélange de chance et de rencontres, au fil de l’eau, des hommes et du feu qui l’ont conduit au sein de ce collectif florissant.

Jean-Michel Riant, le bus et toute la troupe de la Salamandre ont une caractéris- tique commune : ne pas tenir en place.

T out commence à Paris. Âgé d’à peine 14 ans, Jean-Michel Riant débute déjà sa vie active. Sans qualification, il entreprend de petits boulots. “J’ai été ouvrier, fac- teur, éducateur se souvient-il. En fait, je prenais ce qui venait.” Si tôt déjà, le jeune homme ne tient

faire une péniche-spectacle. Et il fal- lait faire cela dans une ville avec une rivière, universitaire et de gauche explique-t-il en riant. Car les villes de gauche laissent plus de place à la cul- ture” pense-t-il. Dans tous les cas, en dehors de Paris, à l’époque, il n’y avait que Besançon correspondant à tous ces critères. “Je suis venu voir ces fameux amis. Et je ne suis jamais repar- ti. Besançon est une ville charmante, pleine de convivialité, avec une telle qualité de vie…” Et là, aumilieu de la ville, Jean-Michel Riant entame son parcours d’artiste. Par des rencontres. Encore. “Tout cela s’est fait naturellement. Et puis c’était une époque. Les débuts des spectacles de rues, les choses étaient assez libres, peu structurées raconte-t-il. En fait, l’histoire de La Salamandre est liée à un lieu.” Car après quelques petits boulots, au Cirque Plume comme technicien l’hi-

ver, et vendeur de son propre matériel de jonglage pendant les festivals d’été, l’homme trouve une nouvelle aventu- re. Celle-ci débute au 8, rue Mégevand. “Il y avait surtout des marginaux qui y habitaient. Des artistes. En fait, des gens avec peu de moyens. Les toilettes étaient au rez-de-chaussée, mais il y avait une qualité de vie exceptionnel- le.” Car le 8, rue Mégevand était un peu leMontmartre de Besançon. “C’était des années de pauvreté, de galère, mais surtout de bonheur renchérit Jean- Michel Riant. Car un artiste pour être créatif, doit, je crois, être en marge de la société.” Heureusement, un jour, un promoteur a racheté. Et les artistes ont dû se pré- parer à perdre ce lieu magique. Heu- reusement, oui, car c’est suite à cet événement que La Salamandre s’est

créée. “Nous voulions conserver ce lien. Cela a débuté à 25 en 1990. Il y avait des musiciens, des jongleurs… Mais aucun professionnel.” Peu importe, les compétences se sont additionnées, l’association s’est mon- tée, les contrats se sont enchaînés. “Aujourd’hui, nous sommes 13. Et nous tournons même à l’étranger. Aucun de nous n’imaginait jusqu’où tout cela allait nous emmener.” Et pour Jean- Michel Riant, le collectif a aujourd’hui trouvé son équilibre entre l’utopie et la réalité, a su trouver son domaine, le feu version “magique, sacré, ances- tral” et surtout a su conserver l’esprit 8, rue Mégevand. “Nous faisons tous, de tout. Moi y compris. De la danse, de la musique, de l’administratif…” Et si l’on interroge Jean-Michel Riant sur son parcours et son avenir, la répon-

se reste franche. “En me retournant, je m’aperçois que j’ai eu beaucoup de chance. Mais que j’ai également fait ce qu’il fallait pour l’avoir, sans m’en rendre compte.” Il poursuit : “Le pas- sé, le présent, et l’avenir sont indémê- lables. Et moi qui suis très rationnel, je pense pourtant que l’on peut parfois sentir, toutes proportions gardées, de quoi peut être fait l’avenir.” Mais connaissant la soif de savoir inextin- guible de l’homme, et son inévitable envie de parcourir le monde, gageons d’une chose : Jean-Michel Riant res- tera en mouvement. Quant au collectif, il bouge, lui aussi, avec son nouveau spectacle, “Rêve”, avant de revenir faire un petit tour à la Citadelle de Besançon, la première semaine d’août. J.C.

pas en place. Un trait de caractère qui le suivra tout au long de sa car- rière. “J’étais un voya- geur. Je suis allé en Afrique noire, en Amé- rique latine… Pendant des périodes de 6 mois, ou d’un an.” Il ajoute : “J’avais tout simplement envie d’aller voir ailleurs.” Et un jour, Jean-Michel Riant atterrit à Besan- çon. Par une rencontre. “Des amis projetaient de

“J’ai eu beaucoup de chance.”

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