La Presse Bisontine 76 - Avril 2007

La Presse Bisontine n°76 - Avril 2007

DOSSIER

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SERVICES

Marché soumis à concurrence Les loueurs adoptent chacun leur stratégie

Tous les engins en action sur le chantier de la L.G.V. proviennent aussi d’entre- prises de services spécialisées dans la location de ce genre d’équipement.

L es grands groupes de travaux publics missionnés pour réaliser le chantier de la L.G.V. ne se dépla- cent pas sur le projet avec l’ensemble de leurs effectifs et de leur parc maté- riel. Ils détachent certes du personnel et des engins. Mais pour alléger la logis- tique, ils sous-traitent aussi beaucoup, recrutent sur place de lamain-d’œuvre et louent également dumatériel. Loxam, un groupe d’envergure européenne, est présent en tant que loueur sur le chan- tier L.G.V. à travers ses différentes filiales qui offrent des prestations dif- férentes. Loxam Module propose des bungalows accouplables, comme on peut en voir sur la base deChaucenne, Loxam T.P. loue des engins, et Loxam Power distribue de l’énergie “pour alimenter les bases de vie avec des groupes élec- trogènes en attendant que E.D.F. réali- se les branchements nécessaires. La cen- trale à béton de Montbozon fonctionne également avec ce genre d’équipement” explique Gilles Mongin, responsable commercial de la L.G.V. chez Loxam. Son poste a été spécialement créé pour répondre aux besoins générés par ce projet ferroviaire. Pour l’instant, cette société a loué 60machines qui tournent sur le chantier. Mais concurrence obli- ge, l’entreprise reste discrète sur le volu- me d’activité et de chiffre d’affaires que représente un projet comme celui-ci. “Cela peut apporter un surcroît d’acti-

sation d’une prochaine zone d’activité. “Ce sont tous des travaux qui sont à la charge des collectivités locales” pour- suit Pierre Moreau. Sur l’ensemble de la ligne, ces travaux connexes sont chif- frés à “2,2milliards d’euros” , soit l’équi- valent du coût de la L.G.V. elle-même. “C’est évident que la ligne dope l’acti- vité, mais il ne faut pas se concentrer uniquement sur elle” ajoute-t-il, tout aussi discret sur les retombées écono- miques de ce chantier. “Nos parcs machines s’étoffent naturellement. Cepen- dant c’est très difficile d’estimer le volu- me d’activité généré par ces travaux. Ils ont un impact, c’est sûr. Mais il faut savoir qu’en France lemarché de la loca- tion n’est qu’à 50% de ses possibilités. La montée en puissance est constante en dehors du projet T.G.V. Je pense qu’on pourra mesurer l’impact véritablement de la L.G.V., quand elle sera terminée.” En attendant, c’est bien en vue de la construction de la gare d’Auxon que Locarest construit une nouvelle agen- ce sur la zone de transport de Valen- tin. T.C.

vité important à l’une de nos agences” confie simplement Gilles Mongin. Et des investissements aussi.Après Dijon, Vesoul, Besançon, Belfort, Montbéliard, Loxam envisage d’ouvrir une nouvelle antenne à Dole. C’est justement la concurrence, les prix qui plongent et le risque de mobiliser tous ses moyens sur ce projet au détri- ment d’une clientèle habituelle, qui font que Pierre Moreau, le directeur régio- nal de Locarest, n’entre pas dans la danse. Spécialisée elle aussi dans la location de matériel, l’entreprise ne veut pas se battre directement sur le marché de la L.G.V. Gilles Mongin reconnaît à son tour que la situation “est très concur- rentielle. Nous sommes en compétition avec des gens qui viennent avec un cou- teau entre les dents et qui cassent les prix du marché.” Des sociétés de l’Est de l’Allemagne louent semble-t-il des camions avec chauffeur à des prix défiant toute concurrence (enmoyenne une pel- le de 20 tonnes se loue sans chauffeur entre 500 et 550 euros la journée). Locarest n’a pas souhaitémettre le doigt dans cet engrenage. Par contre, la socié- té se positionne clairement sur tous les “travaux connexes. Cela correspond à tous les chantiers secondaires à laL.G.V.” comme le déplacement des réseaux d’eau, la construction de route pour accéder à la future gare, ou la viabili-

Loxam loue soixante machines qui circulent sur le chantier.

SERVICE

D’une adresse à l’autre Bilan mitigé chez les restaurateurs La plupart des restaurateurs situés le long du tracé de la L.G.V. se frottaient les mains en voyant dans ce chantier un potentiel de clientèle important. Or, quelques mois après le lancement des travaux, le bilan est en demi-teinte. L e Pascalito Bar à Noironte est devenu en quelques mois l’annexe des ouvriers qui œuvrent sur le chantier de la L.G.V.

C’est le cas par exemple à Cussey-sur-l’Ognon dans l’hôtel-restaurant Chez la Marie. La maison compte 25 chambres et pour l’instant, les hommes du T.G.V. ne se pressent pas au portillon. “C’est une très grosse désillusion. Nous n’avons aucune retombée contrairement à ce que l’on pensait et à ce qu’on nous avait annoncés. Actuellement, ce n’est pas rose, mais on espère que ça ira mieux plus tard” expli- quent les gérants qui ont engagé un pro- gramme de rénovation de leur établissement dans la perspective du nouveau flux de clien- tèle que sont censés générer ces grands tra- vaux. Les regrets sont aussi palpables à Geneuille dans le bar-restaurant Chez Jardon. Là aus- si, on s’attendait à ce que ce chantier amène davantage de trafic. La mariée était-elle trop belle ? “Ça draine du monde, c’est vrai. On voit surtout des ouvriers le matin et l’après- midi qui viennent prendre leur café. Mais ça n’a pas décollé comme on l’espérait. Quand j’ai acheté cet établissement, tout le monde disait que le T.G.V. allait attirer du monde. Je pensais faire vingt couverts de plus. Main- tenant, on attend de voir” note le gérant de l’établissement. Ce restaurant a adapté son menu à 11 euros pour répondre à une future demande. Pascal du Pascalito apporte un début de répon- se à la morosité affichée par certains res- taurateurs. “Ce qui s’est passé je pense, c’est qu’on a eu tendance à prendre ces ouvriers pour des Américains de passage. Mais ces gens se déplacent dans toute la France et connais- sent les prix. Il faut s’adapter” dit-il. Car les employés de la ligne L.G.V. repré- sentent un potentiel de consommateurs qui défilent aussi au Super U de Pouilley-les- Vignes, et en particulier au Point Chaud dans la galerie commerciale. “Ça fait un peu de mouvement le soir. Ils viennent acheter leur pain, boire un verre. Finalement ces gens-là, on est bien content de les avoir.”

Pascal, le gérant de l’établissement, accueille midi et soir une petite équipe d’employés affec- tés pour certains à la base logistique du grou- pement installée à Chaucenne où travaille environ une centaine de personnes. “En menu du jour, cela représente une augmentation de l’activité de l’ordre de 30 %” dit-il. Ces “bons gars” comme il les appelle, sont devenus des habitués de cette adresse de campagne. Il faut dire que Pascal se met en quatre pour recevoir et divertir ces nomades des travaux publics qui ont élu domicile dans la région pendant toute la durée du projet. Ils vien- nent des quatre coins de France. “Je me suis pas mal bougé pour les aider” poursuit le tenancier qui a vu défiler dans son bar ces ouvriers en quête de renseignements pour trouver un logement, ou encore un terrain pour poser une caravane. “J’ai trouvé un ter- rain chez des privés ou un logement à louer à une cinquantaine d’entre eux.” Quand les conditions météo sont trop mauvaises pour travailler, les gars du chantier passent faire leur tour au Pascalito. D’ailleurs chaque mardi, Pascal organise spé-

cialement pour eux une soi- rée karaoké. “Mardi dernier, j’ai fait une soirée grenouilles. Ces gens cherchent un endroit sympa pour s’établir, ils vien- nent ici.” Néanmoins, pour faire face à cette augmen- tation d’activité, le gérant n’a pas embauché de per- sonnel supplémentaire car il sait que ce chantier n’est que temporaire. Toutes les adresses situées le long du chantier T.G.V. ne sont pas aussi enthousiastes que Pascal.

“On est bien content

de les avoir.”

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