La Presse Bisontine 70 - Octobre 2006

L’ÉCONOMI E

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P ÔLE DE COMPÉTITIVITÉ Un an après “Il faut que nous rattrapions en deux ou trois ans le retard pris”

U n an après le lance- ment en grande pom- pe du pôle de compé- titivité des microtechniques - et alors que le salonMicronora doit se tenir fin septembre à Besançon, ren- forçant ainsi l’image des micro- techniques dans la région -, l’heure est au premier bilan pour le pôle. Ni tout rose, ni tout noir. Le pôle a avancé en douzemois, même si ce n’est pas forcément assez vite. “Aumoment du lan- cement du projet, il y avait déjà 14 projets proposés. Désormais,

globale, c’est un enjeu très fort, c’est ce qui permettra de déve- lopper de nouveaux marchés” , reprend Pierre Vivien, une nou- velle fois. Sur le terrain, le pôle avance, doucement là aussi. La pre- mière entreprise issue de celui- ci, Nano Jura, vient de se créer au sein de Témis, avec trois emplois à la clefs. Pas encore l’eldorado. Mais deux entre- prises “plutôt high tech” se sont récemment rapprochées de la

on en est à 31 projets, se félici- te Jean-Michel Paris, le direc- teur du pôle de compétitivité depuis quelques mois. C’est la preuve que le soufflet n’est pas retombé.” En cours, une dizaine de projets supplé- mentaires, qui portent autant sur le développement de pro- duits que sur le mise en place de structures facilitant le déve- loppement économique, sont encore en attente de validation. “Depuis l’année dernière, on valide deux nouveaux projets par mois. Depuis avril, nous sommes même passé à un ryth- me de quatre projets” , s’en- thousiasme encore Jean-Michel Paris. Dans un document publié en février 2005, déterminant la feuille de route du pôle de com- pétitivité, le pôle se donnait dix- huit mois pour atteindre cinq objectifs majeurs, “l’augmen- tation de la lisibilité”, des “liens internationaux”, “l’organisa- tion de la structure”, la “for- malisation de partenariats” et le lancement de projets. Si concernant le lancement des 31 projets et l’organisation inter- ne, le pôle des microtechniques est plutôt en avance, “sur l’aug- mentation des liens internatio- naux, il nous reste encore à fai- re. Mais on ne pourra le faire qu’après avoir travaillé sur notre offre” , affirme Pierre Vivien, chargé de mission de l’agence régionale de développement auprès du pôle de compétitivi- té bisontin. Au niveau de la lisibilité et de la notoriété du groupe, le pôle doit se lancer au second semestre dans une campagne de communication vis-à-vis de l’extérieur, en profitant notam- ment du salonMicronora pour asseoir sa place au sein des microtechniques. Mais il doit mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard pris ces dernières décennies. “C’est

crucial. Il faut qu’on rattrape en 2 ou 3 ans le retard que nous avons sur les pôles plus anciens. Le pôle de la plasturgie ou celui de Grenoble ont trente ans d’avance sur nous. Il faut abso- lument qu’on augmente le nombre de nos entreprises adhé- rentes. Certes 68 c’est très bien alors que nous partions de zéro. Mais il y a encore beaucoup de belles entreprises qui ne sont pas là et ont une offre intéres- sante de technologies qui pour-

Créé en novembre dernier, le pôle de com- pétitivité qui doit bénéficier de 27 millions d’euros sur trois ans, doit encore doubler le nombre d’entreprises partenaires et améliorer ses liens avec ses partenaires étrangers pour entrer dans la cour des grands de la microtechnique.

direction du pôle pour envisager une implantation loca- le, “à moyen ter- me.” “L’une d’elle, Temex, travaille déjà étroitement avec le laboratoire

raient avoir un impact à l’inter- national. Il faut qu’on puisse avoir une offre plus lar- ge au sein du pôle et cela très rapi- dement” , reprend

Deux entreprises en pourparlers.

Pierre Vivien, qui souhaiterait voir doubler le nombre d’en- treprises accueillies au sein du pôle de compétitivité. En tout, selon les chiffres offi- ciels, lamicro-technique repré- senterait en effet 350 entre- prises pour 11 000 emplois en Franche-Comté. Et avoir une offre plus large est la condition sine qua non pour attirer les grands donneurs d’ordre, “qui veulent tous avoir un seul inter- locuteur pour gérer une deman- de globale, avec une trentaine d’entreprises capables d’y répondre.” Fin 2005, le géant Siemens avait ainsi approché le tout jeune pôle de compétitivité. “Mais il voulait un interlocuteur unique, qui coordonne une quarantai- ne d’entreprises. Nous n’étions pas encore assez structuré, nous n’avons pu que les renvoyer vers un certainnombre d’entreprises.” Une approche similaire a aus- si été mené par l’institut de recherche contre le cancer, à la recherche là aussi d’un inter- locuteur unique. “Mais on n’est pas encore assez structuré pour leur fournir assez d’éléments. Pouvoir répondre à une offre

Femto. L’autre cherche à diver- sifier dans la micromécanique et nous essayons de voir actuel- lement avec elle l’intérêt pour elle de s’implanter ici. C’est l’avantage du pôle, elle n’a plus qu’un interlocuteur” , reprend Pierre Vivien. Mais d’autres questions restent encore en suspens. Dans un domaine de la microtechnique qui regroupe des technologies très diverses, de l’horlogerie aux techniques les plus nova- trices, les entreprisesmanquent encore d’une véritable syner- gie. “C’est une question de men- talité, qu’il faut faire évoluer. On est en train de développer des relations avec le pôle de com- pétitivité de Grenoble, qui est demandeur. Car la micromé- canique est indispensable à la microélectronique, les deux vont de pair. Concrètement, nous apportons une visibilité aux entreprises locales par rapport à des partenaires similaires, comme le pôle de compétitivité de Grenoble. On fait de la mise en relation entre entreprises” , reprend Jean-Michel Paris. S.D.

Pierre Vivien et Jean-Michel Paris. Tous deux se félicitent des avancées réalisées en l’espace d’un an seulement. Même si pour Pierre Vivien, il est urgent d’augmenter le nombre d’entreprises partenaires.

S UISSE

800 P.M.E. en Suisse romande Un accès plus facile à la technologie, clef de la réussite suisse

à la recherche d’une image, la Suis- se peut capitaliser sur sa réputation de capitale mondiale de l’horlogerie. Peu structuré, le secteur des micro- techniques bénéficie d’un atout cepen- dant, l’accès beaucoup plus facile pour les petites et les moyennes entre-

longueur d’avance. Contrairement à la France, les microtechniques n’ont pourtant aucun pôle de compétitivi- té ou structure nationale. Tout est géré au niveau des cantons. “Au niveau de la structuration, on a un temps de retard. Nous n’avons pas

ferts de technologie qu’elles réalisent. Cela peut créer des problèmes avec leur but initial, mais elles sont de cette façon plus tournées vers le côté industriel” , analyse Jean-Pierre Dan, l’un des responsables du centre suis- se d’électronique et de microtech- nique, un centre de recherche privé doté de 50 millions de francs suisses de budget, qui travaille notamment en partenariat avec le L.E.A. de Besançon. Créé il y a six ans, le centre a servi d’incubateur à 22 starts-up , qui ont créé 350 emplois sur toute la Suis- se.Avec près de 800 P.M.E., des grands groupes horlogers comme Cartier et trois parcs scientifiques répartis sur les deux cantons limitrophes de la Franche-Comté - à Yverdon, Lau- sanne et Neuchâtel - la Suisse a une

En Suisse voisine, le secteur des microtech- niques est florissant. Une bonne santé en partie liée aux liens plus étroits entre labo- ratoires de recherche et petites entreprises.

prises à la technologie. Car toutes les P.M.E. sont aidées à hauteur de 50 % du projet d’inno- vation, ce qui “donne la possibilité de toucher des sociétés plus petites. C’est très difficile souvent pour une entreprise de moins

encore réussi à créer un “swiss microtech”, com- me cela a été mis en pla- ce dans d’autres secteurs comme les biotechnolo- gies. Question visibilité, nous sommes nuls mais ça ne nous empêche pas d’exporter. L’image de la

Profiter de la proximité et de la dynamique suisse.

I l suffit de faire un petit tour à La Chaux-de-Fonds, juste de l’autre côté de la frontière pour s’en rendre compte. Les micro- techniques se portent comme un charme en Suisse. Dans une vil- le pourtant beaucoup plus petite que Besançon, les deux principaux groupes horlogers Breitling et Car- tier ont d’importants projets d’ex- tension de leur usine de production,

le laboratoire d’une société d’origi- ne indienne, dans le secteur du bio- médical, vient de s’implanter avec à la clef une trentaine d’emplois “de très haut niveau.” “En France, les universités ont longtemps considéré que le diable gisait dans l’industrie. Chez nous, les écoles ont une mission de formation et de recherche, certes, mais elles sont aussi très souvent éva- luées et jugées en priorité sur les trans-

Suisse se vend toute seule” , affirme Frédéric Bonjour, le responsable de Microtech industrie, qui rassemble 800 P.M.E. du secteur. Car contrai- rement à la Franche-Comté toujours

de 100 salariés d’avoir de vrais moyens pour la recherche. Même si l’Anvar a fait d’énormes progrès depuis 2000, les avancées dans ce domaine sont relativement récentes. Alors qu’en

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