La Presse Bisontine 70 - Octobre 2006

13 LE DOSSIER

F INANCES Fois deux Le coût des projets part à la dérive…

A VANNE -A VENEY Travaux prévus en 2007 Centre Jacques Weinman : bientôt le bout du tunnel Inscrit au contrat de plan 2000-2006, le nouveau centre de soins et d’héberge- ment devrait être opérationnel aujour- d’hui. Mais le projet a pris du retard en raison de son coût qui n’a cessé d’aug- menter de façon vertigineuse.

Une fois terminé, le chantier public a coû- té le double de ce qui était prévu. La rai- son ? Des prix sous-estimés et des rebon- dissements administratifs.

changent, l’inflation s’empare aussi des prix de la construc- tion. Au final, on arrive à des

un élu local. Globalement, il faut reconnaître que la tentation est forte de sous-estimer lemontant d’un projet pour qu’il soit retenu par une assemblée. Ensuite, les lenteurs admi- nistratives font qu’à partir d’un moment oùun projet est dépo- sé et lemoment où on le réalise, il passe beaucoup de temps, parfois plusieurs années. Là ce n’est plus du res- sort des élus.” Pendant ce temps, les normes

projets dont les coûts sont pharaoniques “20% du montant total d’un projet est consacré aux études indique Jean-Fran- çois Longeot, leader de l’opposition départementale. Lors de la réalisa- tion d’un chantier,

“On arrive à des projets dont les coûts sont pharaoniques.”

C’ est un constat. Les pro- jets de construction inscrits au sommaire de l’actuel contrat de plan connaissent des dérives financières. C’est le cas par exemple du contournement de Besançon et du centre de soins et d’hébergement d’Avanne-Ave-

ney pour ne citer que ces deux- là. Les rallonges financières nécessaires à compenser les coûts parfoismultipliés par deux compromettent d’autres chan- tiers. Pourquoi ces projets pilo- tés par l’État et les collectivités sombrent-ils dans de tels excès ? “Il y a plusieurs raisons lâche

les contraintes et les normes sont telles qu’elles engendrent éga- lement des coûts importants.”

U NIVERSITÉ

Des coûts sous-estimés La Bibliothèque Universitaire repoussée aux calendes grecques Le projet de nouvelle B.U. de sciences humaines ne s’est jamais concrétisé alors qu’il était programmé.

C laude Condé, le président de l’Université de Franche-Comté désespère de voir un jour abou- tir le projet d’une nouvelle biblio- thèque de sciences humaines et sociales à Besançon. Le dossier était pour- tant inscrit dans l’actuel contrat de plan avec une ligne budgétaire de 9,1 millions d’euros (part de l’État : 2,6 millions d’eu- ros, part de la Région, 6,5 millions d’eu- ros). Malgré trois études, l’opération ne s’est jamais concrétisée et rien ne dit qu’elle figurera au programme du futur contrat de projet. “Mon inquiétude est grande” lâche Claude Condé d’un ton désabusé. À croire que la bibliothèque de la fac de lettres située rue Mégevand qui accueille 5 000 étudiants restera une des plus archaïques de France ! Locaux étriqués, sécurité aléatoire, les

ouvrages ne sont pas directement acces- sibles aux étudiants, le mode de recherche des livres est obsolète, rien d’étonnant donc à ce que cet établissement figure au 76 ème rang du classement national des bibliothèques universitaires. Jusqu’à

déshabillé Paul pour habiller Jacques comme on a recalé le projet d’aménage- ment d’uneMaison des Sciences Humaines lui aussi inscrit au contrat de plan 2000- 2006. “Pour nous, ça devient un motif d’insatisfaction et d’inquiétude commen-

te un proche de Jean-Louis Fousseret. Les équipements universitaires ont pris un tel retard que ça devient un pro- blème.” Plusieurs emplacements étaient proposés pour

quand gardera-t-il ce bonnet d’âne ? La réponse est entre les mains de l’État qui décidera ou non de l’inscription de cette opé- ration au futur contrat de pro- jet. L’échec de ce dossier était pré-

“Dès le départ on a minimisé les coûts.”

accueillir la B.U. Il était prévu de l’ins- taller dans les locaux de la fac de méde- cine dans l’hypothèse où celle-ci démé- nage. La seconde option était présentée par la mairie de Besançon qui envisa- geait de regrouper les bibliothèques du centre-ville à Saint-Jacques ou dans les bâtiments de la fac de médecine.

visible. “Dès le départ, on a minimisé les coûts indique Claude Condé. À l’époque, on a prévu 60 millions de francs pour la B.U. C’était déraisonnable. Chacun savait que ça coûterait le double.” L’opération a été mal calculée et finalement les fonds réservés à ce projet ont servi à financer la nouvelle fac de médecine. On a donc

Le centre d’Avanne-Aveney accueille 290 résidants.

“P our moi, c’est acté. J’ai une convention signée de l’État” assure Jean-Paul Essert, directeur du centre de soins et d’hébergement Jacques Weinman d’Avanne-Aveney. Il n’y a donc aucune raison appa- rente à ce que l’État ne res- pecte pas ses engagements

du montant du projet est à l’origine des retards pris dans la construction du nouveau centre qui devrait être opéra- tionnel aujourd’hui. Au départ, il était affiché à 13,5 millions d’euros (90 millions de francs). “La facture a augmenté de façon vertigineuse. En fin de chantier, à savoir vers 2009-

financiers prévus dans le cadre du contrat de plan 2000-2006, pour la construction d’un nouvel établissement, même si les travaux de celui-ci n’ont pas enco- re débuté. Mieux, sur ce dossier,

2010, nous serons à 33 millions d’eu- ros” indique Jean- Paul Essert. 50 % seront financés par l’emprunt. Toute la difficulté pour la direction est de trouver des

“La facture a augmenté de façon vertigineuse.”

financements extérieurs afin d’éviter de répercuter de façon trop importante le coût du pro- jet sur le prix de journée payé par chacun des 290 patients. “5 millions d’euros, c’est 80 centimes de plus sur le tarif journalier.” L’investissement immobilier est donc en partie pris en charge par le résidant. L’équation est délicate, mais l’issue est proche. L’avant-projet est arrêté. Les appels d’offres aux entreprises doivent être lancés d’ici la fin de l’année. Le début des tra- vaux est prévu pour le pre- mier semestre 2007. Ouf !

l’État comme le Conseil géné- ral ont augmenté leur parti- cipation financière pour parer au dérapage du coût de cette opération lancée il y a bientôt dix ans. À l’origine, l’un com- me l’autre devaient abonder à part égale dans le projet, soit 2,28 millions d’euros chacun. Finalement, l’État se fend d’un million d’euros supplémen- taire et le Conseil général de 4 millions d’euros. Ce qui por- te à près de 10 millions d’eu- ros l’aide publique, soit envi- ron 30 % du coût final du chantier. Là encore, la sous-estimation

La bibliothèque universitaire a un fonctionnement archaïque.

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