La Presse Bisontine 69 - Septembre 2006

14 LE DOSSIER

I NTERVIEW Marie-Thérèse Renaud “L’association est leur bras séculier” Ancienne directrice régionale de l’Est Républi- cain, Marie-Thérèse Renaud est membre de l’association des amis de Sainte-Colette qui gère le patrimoine des sœurs Clarisse.

C LARISSES

Onze sœurs à Besançon Pour redynamiser leur ordre, les sœurs clarisses envisagent de s’installer à Ronchamp À proximité de la chapelle construite par Le Corbusier, le futur monastère de la communauté contemplative devrait être dessiné par l’architecte Renzo Pia- no, qui a entre autres réalisé le centre Beaubourg de Paris. Un projet voulu par le diocèse pour redonner une spiritualité aux lieux.

L a Presse Bisontine : Quel est le rôle de l’association des amis de Sain- te-Colette ? Marie-Thérèse Renaud : Les sœurs Cla- risses n’ont pas d’existence légale en tant que congrégation.Auniveau juridique, elles ne peuvent donc pas acheter ou vendre un bien par exemple. C’est l’association qui est propriétaire du monastère par exemple et non les sœurs. Mais toutes les religieuses font partie de l’association. On est un peu leur bras séculier. On ne fait rien sans leur avis et elles sont d’ailleurs majoritaires. On est à leur service. L.P.B. : Qui compose l’association ? M.-T.R. : On est huit laïcs et dix sœurs dans l’association. Ce sont d’ailleurs souvent les sœurs qui choisissent les gens de l’association en fonction des compétences des uns et des autres. Il yaunarchitecte, unancien banquier, certains ont des notions de droit. L.P.B. : Vous vous occupez de la gestion courante ? M.-T.R. : Ici, elles gèrent leurs affaires. Ce n’est pas toujours le cas. ÀParis

par exemple, les clarisses s’impli- quentmoins. Les sœurs travaillent. Elles cousent et brodent des vête- ments sacerdotaux, certaines font du travail administratif pour le dio- cèse. Elles sont rémunérées pour leur travail. Et elles reçoivent éga- lement des dons. L.P.B. : Dans le cadre du nouveau monas- tère de Ronchamp, quel est votre rôle ? M.-T.R. : Il y a eu plusieurs réunions, pour bien faire comprendre à l’équi- pe d’architectes ce que les sœurs voulaient. Sur le plan financier, il va falloir payer. Ce n’est pas nous qui récoltons les fondspouruneques- tion fiscale. On passe par la fonda- tiondesmonastères, qui recevra les dons et les redonnera à notre asso- ciation. Le financement dunouveau lieu se fera par la vente du monas- tère actuel et des appels au don, qui vont commencer à l’automne. Le monastère ne sera pas difficile à vendre. On amême déjà eu des per- sonnes intéressées qui se sontmani- festées.Mais les sœurs ne devraient déménager qu’en 2008. Propos recueillis par S.D.

A SSOCIATIONS 29 dans le diocèse L’action catholique peine à se maintenir Relais de l’église au sein de la société pendant des années, les associations de l’action catholiqueont par- foisdumal àsurvivreencemoment, fautedemembres.

Les sœurs du monastère Sainte-Claire, installées depuis le XIII ème siècle à Besançon, pourraient quitter prochainement la capitale comtoise pour s’implanter à Ronchamp.

“A ction catholique ouvrière”, “mouvement des cadres chrétiens”, “mouvement chrétien des retraités”… Au sein du diocèse, elles sont une trentai- ne d’associations chrétiennes à enco- re exister, des organisations pro- fessionnelles aux associations caritatives, comme le secours catho- lique ou le Nid, l’association qui vient en aide aux prostituées. Nées à la grande époque du catho- licisme social, où l’église était pré- sente dans tous les domaines de la société et s’en servait comme relais, la plupart ont vu leurs effectifs fondre dans les trente dernières années. “Globalement, l’action catho- lique est en diminution. Certains mouvements comme la jeunesse ouvrière chrétienne, la J.O.C. per- dent encore des effectifs. Mais il y a d’autres qui sont encore vivants et se développent même” , défend le prêtre Louis Mauvais. Un second souffle pour les mouve- ments ? Le mouvement rural pour la jeunesse chrétienne, successeur

de la J.A.C., la jeunesse agricole chrétienne, compte ainsi désormais une centaine de jeunes dans ses équipes. “Avant, c’était inimagi- nable, il y avait un nombre incal- culable de membres dans le Doubs. LeM.R.J.C., c’était souvent une des seules associations locales, pour les jeunes qui voulaient animer leurs villages. Maintenant, les jeunes sont plusmobiles, vont faire leurs études sur Besançon. Et l’offre du monde associatif est plus importante aus- si” , explique Lise Marguet, la per- manente de l’association. Sur une pente descendante pen- dant longtemps, l’association se maintient désormais sur certains secteurs, à Levier ou Orchamps- Vennes. Elle organise notamment des camps d’été pour les ados, autour de l’Europe ou de l’agriculture bio. “Cesmouvements, c’est undes points essentiels. Le jour où l’Église ne sera plus du tout présente dans le mon- de des hommes, il y a quelque cho- se qui manquera” , affirme Louis Mauvais.

D errière le mur de vieilles pierres, seule la présence d’une discrète plaque laisse deviner la présence du monastère Sainte-Claire. Une vieille bâtisse sans charme particulier accolé à une chapelle, à l’ombre de la Citadelle. Elles sont onze sœurs cla- risses à y vivre actuellement. “Lorsque je suis arrivée, nous étions 18. Là, c’est le chiffre minimum. Si on est moins, on perd la notion de vie fraternelle” ,

affirme sœur Brigitte. Installées depuis le XIII ème siècle à Besançon, d’abord près de l’actuelle mairie, puis rue du Chapitre depuis la fin du XIX ème , la communauté contem- plative envisage désormais de quitter la capitale comtoise pour s’installer à Ronchamp, près de la chapelle construi- te par Le Corbusier. “Cela fait cinq ans qu’on y réfléchit car on sent bien la nécessité de faire du neuf si on veut fai- re évoluer la vie de clarisse” , reprend la religieuse.

Paris dans les années soixante-dix ou très récemment la cité internationale de Lyon - qu’a été confiée la construc- tion du monastère. Douze sœurs de dif- férentes nationalités devraient y loger. Une dizaine de chambres devrait aus- si permettre d’accueillir des laïcs en quête de retraite et de repos, “qui ont besoin de ces lieux en dehors du mon- de pour poser leurs valises.” L’avant- projet sommaire doit être présenté en septembre, les sœurs prendront alors leur décision définitive de déménager. L’ordre des clarisses se veut pauvre. Pour financer leur nouveau monastè- re, les religieuses devront se séparer de leur résidence actuelle et son parc de 57 ares au-dessus des bâtiments de la gendarmerie. C’est une association, celle des amis de Sainte-Colette, qui en est officiellement propriétaire et la met à disposition de l’ordre. Pour com- pléter les fonds, une souscription a aus- si déjà été lancée. S.D.

remarque sœur Brigitte. “Mais il ne faut pas rêver, on n’aura plus de grandes communautés. La France, il y a un siècle, était catho- lique à 75 %, maintenant elle ne l’est plus qu’à 5 %.

Une communau- té religieuse internationale.

L’initiative a été menée de concert avec le diocè- se de Besançon, désireux “d’implanter une com- munauté religieuse à Ron- champ, pour que ce ne soit

Les monastères suivent la même évo- lution.” L’énergique religieuse en est persuadée : pour se donner un avenir, l’ordre doit s’adapter. En France, les clarisses sont 700, réparties dans une cinquantaine de monastères. “On est en surnombre de monastères. Il faut penser quelque chose, se regrouper” ,

pas qu’un lieu touristique. Chaque année près de 100 000 à 120 000 per- sonnes viennent” , selon Louis Mauvais, le prêtre des lieux. Pour respecter la modernité des lieux voulue par Le Cor- busier, c’est à un autre grand nom de l’architecture, Renzo Piano - il a entre autres réalisé le centre Beaubourg à

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